L'an dernier, Brad Marchand a joué 20 matchs peu convaincants dans la LNH au cours desquels il n'a amassé qu'une mention d'aide. L'état-major des Bruins commençait à perdre patience avec lui.

Au terme de la saison, il a été convié dans le bureau de Claude Julien. C'est alors que l'attaquant de 22 ans lui a fait une promesse.

«Il m'a dit qu'il se taillerait un poste l'automne suivant et qu'il marquerait 20 buts pour nous», a raconté l'entraîneur.

«Je ne suis pas sûr que je me croyais, mais il fallait que je dise quelque chose!» a répliqué Marchand.

Il faut toujours que Brad Marchand dise quelque chose. Car il ne manque ni de salive ni de confiance en lui - et ça se reflète sur la patinoire, où son style teigneux enrage l'adversaire.

À Boston, certains enthousiastes ne manquent pas de le comparer à Ken Linseman, dit Le Rat, qui a fait la pluie et le beau temps avec les Bruins au milieu des années 80.

«Marchand a le même don d'irriter l'adversaire, sauf que Kenny avait des qualités de fabricant de jeu sous-estimées», tempère Cam Neely, président des Bruins et ancien coéquipier de Linseman.

Mais Marchand ne fait pas que parler. Il joue aussi.

«Il apporte de la vitesse et de l'intensité, explique le centre Patrice Bergeron. Il se donne toujours à 100%. Il n'a pas le plus gros gabarit, mais il utilise bien sa rapidité pour battre l'adversaire à un contre un.

«Et puis, il est excessivement bon en échec-avant.»

Besoin de maturité

Si les Bruins étaient heureux d'avoir choisi la petite peste en troisième ronde, en 2006, ils ont constaté en cours de route que Marchand avait besoin de prendre beaucoup de maturité. Qu'il avait besoin d'être «cassé», en quelque sorte.

«Ça a été frustrant par moments parce que je voulais graduer le plus rapidement possible dans la LNH, a raconté l'ailier de 5'9 et 183 livres.

«Mais les Bruins savent ce qu'ils font, ils savent comment développer des joueurs. Ils pouvaient voir que je n'étais pas prêt - et c'est vrai que je ne l'étais pas!

«Je suis retourné chez moi. J'avais beaucoup de travail à faire. Je devais non seulement devenir plus fort et plus rapide, mais aussi plus mature mentalement. J'ai dû consulter un psychologue pour y arriver.»

De Val-d'Or à Halifax

Ce n'est pas d'hier que Marchand a la réputation d'être malcommode.

«Cette réputation est née lors de son passage de trois mois à Halifax, sa ville natale», soupçonne Éric Lavigne, qui l'a dirigé avec les Foreurs de Val-d'Or.

«Cette année-là, les Mooseheads étaient de grands favoris et Marchand et Jakub Voracek étaient leurs principaux joueurs. Ça n'a pas fonctionné; c'était deux coqs dans la même basse-cour. Ça n'a tellement pas bien été que Marchand a même été laissé de côté durant les séries.

«Pourtant, à Val-d'Or, nous n'avions eu aucun problème avec lui.»

Certes, Marchand s'était montré réticent à aller jouer en Abitibi en raison de l'environnement francophone. Mais il a tant pris son pied avec les Foreurs qu'il les a menés en finale de la Coupe du Président, terminant premier marqueur de la LHJMQ en séries...

Au coeur de la rivalité

Brad Marchand est peut-être une recrue, mais il s'est si rapidement inséré dans la rivalité Canadien-Bruins qu'on le croirait dans la ligue depuis trois ou quatre ans déjà.

«C'est facile de se laisser prendre au jeu et de vouloir faire partie de cette rivalité, nous a-t-il confié. On sent la haine pour l'adversaire dès le premier match que l'on joue contre eux. Les amateurs et les médias de Boston la nourrissent beaucoup et elle grandit un peu plus à chaque match. C'est vraiment plaisant.»

Marchand est comme un poisson dans l'eau depuis le début de cette série. Il faut dire que les choses ne sont allées qu'en s'améliorant pour lui cette saison.

Car la fameuse promesse des 20 buts, il fallait bien qu'il la tienne!

«Les statistiques ne suggéraient pas ça en début de saison, rappelle Claude Julien. Il a commencé sur le quatrième trio mais, quand son jeu s'est amélioré, on l'a placé avec Bergeron et Recchi et il s'est mis à marquer régulièrement.»

Marchand a marqué 17 buts après Noël pour terminer la saison avec 21.

«Je suis content de l'avoir fait, sinon cette prédiction serait restée suspendue au-dessus de ma tête!»