Lorsque Andrei Kostitsyn a porté la marque à 3-1, à 7:47 de la deuxième période, on aurait juré que le Canadien avait flairé l'odeur du sang. Il avait les Bruins dans les câbles, il les dominait avec sa vitesse et l'efficacité de sa relance, et les meilleurs joueurs des Bruins étaient invisibles.

Mais c'est suivant le temps d'arrêt commandé par Claude Julien que le vent s'est mis à tourner.

«On avait dominé la première période et leur gardien avait fait plusieurs arrêts-clés pour que l'on quitte avec une avance de 1-0, a raconté Jacques Martin. Puis en deuxième, ils ont nivelé le pointage et ont su capitaliser sur nos revirements.

«En fait, nos 30 premières minutes ont été impeccables, mais par la suite, on leur a donné l'opportunité de nous rattraper.»

«Quand la marque était de 3-1, on s'est éloigné de notre plan de match en voulant mettre un peu trop de dentelle. C'est là qu'ils ont compté le deuxième but, ça nous a fait mal un peu», a suggéré David Desharnais, qui a par ailleurs l'un de ses meilleurs matchs depuis son arrivée avec le Canadien.

À mi-chemin dans le match, les rouages du Canadien se sont en effet déréglés. Il a bousillé son avance une deuxième fois, puis une troisième...

Les explications à cette défaite crève-coeur étaient nombreuses - parfois contradictoires - mais tous s'entendaient pour dire que le Tricolore n'aurait jamais dû en arriver là.

«On s'est mis à les regarder jouer», estimait Jaroslav Spacek.

«On a trop cherché à protéger notre avance, a proposé Tomas Plekanec. Mais les Bruins ont joué intensément et ont exercé beaucoup de pression sur nous.»

«Je ne pense pas qu'on se soit assis sur notre avance, bien au contraire, a pour sa part indiqué Jacques Martin. On a fait quelques jeux pas très brillants qui ont donné de l'élan aux Bruins.»

Trois-contre-un fatal

L'épée des Bruins a finalement transpercé le CH en prolongation. On aura beau parler du momentum qui favorisait les Bruins à ce moment-là, David Desharnais assure que tout le monde était revenu à la case départ.

«Le vent n'était pas de leur côté à ce moment-là, c'était égal et l'on s'en allait en prolongation, a dit Desharnais. On était confiant car on avait bien terminé la troisième période... c'est juste qu'ils ont compté le but.»

Sur la séquence ultime, P.K. Subban était sur la glace depuis 1:14 lorsqu'il a enfin pu être remplacé par Brent Sopel. Mais le changement s'est fait à un bien mauvais moment puisque les Bruins prenaient le contrôle de la rondelle. Ils ont ainsi pu provoquer un trois-contre-un.

«Le jeu s'est dessiné rapidement, mais après que les Bruins eurent raté le premier tir, on avait probablement assez de temps pour revenir se défendre», a jugé Spacek, laissé seul avec Price pour se défendre face aux Bruins.

Un autre avantage de la glace

D'aucuns commencent à voir se profiler le spectre de 2006 alors que le Canadien, après avoir remporté à l'étranger les deux premiers matchs de sa série face aux Hurricanes de la Caroline, avait vu les Canes remporter les quatre matchs suivants.

«C'est une équipe différente, je ne ferais pas cette comparaison-là», a dit Tomas Plekanec, qui était dans le camp des perdants lorsque ça s'est produit.

«Notre équipe a déjà montré beaucoup de caractère.»

Pince-sans-rire mais néanmoins acerbe dans la défaite, Hal Gill a voulu désamorcer la situation qui pourrait bien devenir explosive pour le Tricolore.

«Aucune des deux équipes n'a encore gagné un match à l'étranger, a rappelé Gill. Or, on jouera deux des trois prochains matchs à Boston.

«Pourrait-on dire qu'on a l'avantage de la glace?»