Les amateurs de hockey portent habituellement une attention particulière aux statistiques relatives aux buts inscrits et aux minutes de pénalité, mais une nouvelle étude portant sur les commotions cérébrales dans la LNH viendra ajouter de nouvelles colonnes de chiffres qui devront être prises en compte par les partisans lorsque leurs héros encaisseront des coups à la tête.

L'analyse la plus vaste et la plus détaillée du circuit Bettman, publiée lundi dans les pages du Journal de l'Association médicale canadienne, a répertorié les commotions cérébrales qui se sont produites sur une période de sept saisons régulières, de 1997 à 2004.

Elle fut réalisée à partir des rapports médicaux de chacune des équipes de la ligue, et a relevé 559 commotions cérébrales en saison régulière. Le taux serait ainsi de 5,8 commotions cérébrales par tranche de 100 joueurs, ou de 1,8 commotion cérébrale par 1000 heures de jeu.

Les principaux symptômes post-commotionnels sont les maux de tête, rapportés dans 71% des cas, suivis des étourdissements (34%), des nausées (24), des douleurs au cou (23) et des troubles de la vision (22). L'amnésie a été déclarée par 20% des joueurs qui ont subi une commotion cérébrale, et la perte de conscience s'est produite dans 18% des cas.

«Nous avons répertorié quatre indicateurs qui peuvent potentiellement révéler des commotions cérébrales sérieuses. Il s'agit des maux de tête, du manque d'énergie ou de l'épuisement suivant la commotion, de l'amnésie ou de la perte de la mémoire et d'un examen neurologique anormal», a dit le principal auteur de l'étude, le Dr. Brian Benson, de la faculté de kinésiologie du Centre de médecine sportive de l'Université de Calgary.

Selon Benson, ces données illustrent qu'une formation accrue est essentielle chez ceux qui évoluent dans l'univers du hockey professionnel, surtout en matière de compréhension des effets néfastes sur la santé des joueurs lorsque ces derniers nient qu'ils ressentent des symptômes post-commotionnels après avoir encaissé une mise en échec, ou encore lorsqu'ils continuent de jouer en dépit de ces symptômes.

Il a ajouté que la LNH étudiait présentement les données recueillies avec beaucoup d'intérêt.

«Ils ont été prudents afin de ne pas prendre de décision sur un coup de tête, et ils veulent de toute évidence étudier cette analyse en profondeur. Ça prend du temps. Les commotions cérébrales changent d'une saison à une autre. En conséquence, nous avons recueilli des données sur une période de sept ans, afin qu'ils puissent prendre une décision éclairée sur les mesures qu'ils pourraient adopter afin d'essayer de circonscrire ce type de blessure.»

Le joueur le plus en vue qui a été victime d'une commotion cérébrale au cours des derniers mois est très certainement le capitaine des Penguins de Pittsburgh Sidney Crosby. Ce dernier n'a pas joué depuis le 5 janvier, et sa commotion cérébrale se retrouvera assurément dans la prochaine période analysée par les chercheurs de l'Université de Calgary.

«Le groupe de travail sur les commotions cérébrales travaille en ce moment sur l'analyse des données de 2006 à 2011, et espère très certainement rendre ses conclusions durant l'année courante», a déclaré Benson.

En mars, le commissaire de la LNH Gary Bettman a annoncé l'instauration d'un nouveau protocole pour relever les commotions cérébrales, qui oblige le joueur à se soumettre à un test d'évaluation des symptômes par un médecin indépendant dans une salle tranquille, avant de pouvoir retourner sur la patinoire. Auparavant, les thérapeutes d'une équipe effectuaient un examen sommaire sur le banc, durant la rencontre.

La ligue travaille aussi en partenariat avec l'Association des joueurs pour modifier certaines pièces d'équipement.

Dans l'étude publiée lundi, le temps perdu - loin de la patinoire - variait de 0 à 342 jours. Des 529 cas où des matchs ont été manqués, 31% ont impliqué des joueurs qui ont raté plus de 10 jours de compétition. Et dans 11% de ces 529 cas, les joueurs ont poursuivi leurs activités avant de rapporter des symptômes post-commotionnels après la rencontre.

«Nous avons déterminé des tendances intéressantes - parmi celles-ci se trouve l'augmentation du temps perdu après la déclaration d'une commotion cérébrale au cours des sept années de l'étude, a observé Benson. Cela pourrait être causé par l'augmentation de la gravité des commotions cérébrales, ou par l'approche plus conservatrice des médecins qui traitent ces blessures.»

Le plus haut taux de commotions cérébrales a été enregistré durant la saison 2000-01, et était de 7,7 par tranche de 100 joueurs. En contrepartie, le plus faible s'est produit en 1997-98 (4,6). La dernière campagne mise à l'étude - 2003-04 - a révélé un taux de 4,9 commotions cérébrales par tranche de 100 joueurs.

Par position, les gardiens sont les moins susceptibles de subir une commotion cérébrale - ils n'ont compté que pour 4,5% des cas déclarés.

«Les joueurs de centre sont plus à risque, environ deux fois plus que les ailiers et les défenseurs, a noté Benson. Nous n'avons pas comptabilisé, ni analysé, cette tendance statistique, mais de toute évidence les joueurs de centre sont plus à risque de subir une commotion cérébrale.»

Au cours de la période couverte par cette étude, près de 70% des commotions étaient la première d'un joueur, 22% leur deuxième et 6% leur troisième. Quelques rares joueurs en étaient à leur quatrième ou cinquième commotion cérébrale.

En moyenne, l'absence d'un joueur est multipliée par 2,25 fois pour chaque commotion cérébrale subséquente.