Est-ce un excès de prudence? Une façon de se cantonner dans le rôle de négligé? Ou est-ce que les joueurs du Canadien en sont arrivés eux-mêmes à la conclusion qu'ils avaient peu de chances de l'emporter face aux Bruins de Boston?

Toujours est-il que la confiance n'était pas palpable dans le vestiaire de l'équipe depuis le début de la semaine. Pas grand-chose à voir avec le mélange de légèreté et de compétitivité que le CH démontrait avant le début des séries, le printemps dernier.

C'est sûrement une bonne chose que le Tricolore ait pris le chemin de Boston. Car on verra dès jeudi soir dans quel état d'esprit se trouvent véritablement les hommes de Jacques Martin.

«Je sens, depuis quatre ou cinq jours, que tout le monde est excité à l'idée d'entreprendre la série, a observé Paul Mara. Je sens beaucoup d'intensité.»

Vraiment?

Carey Price disait mardi que le genre de séquence victorieuse qu'a connu le Canadien le printemps dernier n'arrivait pas à chaque année.

Michael Cammalleri, ne voulant pas promettre qu'il répéterait ses exploits de l'an dernier, a cité en exemple Joe Sakic qui, malgré une glorieuse carrière, a déjà traversé une longue disette offensive en séries.

«Si les Bruins perdent le contrôle et qu'ils sortent de leur plan de match, ils pourraient nous offrir des chances en avantage numérique qui nous permettraient de voler un ou deux matchs, et la série pourrait se jouer là», a souligné James Wisniewski.

C'est comme si le Canadien se fiait davantage à l'espoir que les Bruins échappent la série au lieu que ce soit lui qui l'arrache!

- Que pouvez-vous dire aux partisans pour les rassurer face au fait que les experts ne donnent pas cher de votre peau?

«Rien», a répondu Brian Gionta.

Faire payer les erreurs

Nous avons demandé aux joueurs, mercredi, d'identifier au moins un élément qui jouait indéniablement en faveur du Tricolore à l'aube de cette série.

«Nos fans?, a proposé Jeff Halpern. Mais c'est vrai que les Bruins ont de bons partisans aussi...»

Il y a quand même d'autres joueurs qui ont fourni des réponses un plus encourageantes.

«Je ne sais pas s'il s'agit d'un avantage certain, mais notre avantage numérique a été très constant cette saison tandis que le leur connaît des difficultés, a observé James Wisniewski.

«Nous avons aussi une très bonne unité d'infériorité numérique. Si nous pouvons les réduire au silence en avantage numérique, les unités spéciales deviendront assurément un gros facteur dans cette série.»

C'est vrai que les unités spéciales - pour autant qu'il soit discipliné - sont à l'avantage du Tricolore. L'infériorité numérique du CH a été la meilleure de la ligue sur la route cette saison (85,7%). De plus, l'attaque à cinq des Bruins pointe au 24e rang du circuit à domicile (15,4%).

Il y a donc quelque chose là. Quoi d'autre?

Photo: Bernard Brault, La Presse

Brian Gionta

Le gardien et l'expérience

Selon Mathieu Darche, c'est la confiance en son gardien qui joue en faveur du Tricolore.

«C'est sûr que celui des Bruins a connu une saison exceptionnelle, mais nous n'échangerions Carey pour personne d'autre, a assuré l'attaquant québécois.

«De plus, nous avons plusieurs joueurs dans l'équipe qui ont gagné la Coupe Stanley, et ça ne peut qu'aider à notre préparation.»

Ces vétérans ayant l'expérience de la Coupe, a noté P.K. Subban, sont les mêmes qui se sont dressés dans les moments critiques, le printemps dernier.

«Lorsque nous sommes arrivés pour le septième match de la série à Pittsburgh, les Moen, Gionta et Gomez se sont levés et ont transporté l'équipe, s'est souvenu Subban.

«Beaucoup de gens oublient cela et je ne sais pas comment ils font. Ce n'est pourtant pas à dédaigner, surtout à ce temps-ci de l'année. Moi je sais avec qui je pars à la guerre et je suis content que ce soit avec eux.»

On peut toujours compter sur P.K. pour un peu de fraîcheur!

Déterminants, les deux premiers matchs

Soyons clair: l'impression un brin pessimiste ressentie cette semaine pourrait très bien être balayée par une seule victoire à Boston. Mais si les deux premiers matchs vont à l'avantage des Bruins, cette série risque d'être bien courte.

Les Bruins ont choisi d'aller s'entraîner à Lake Placid, la semaine prochaine, entre les matchs #3 et #4 qui auront lieu au Centre Bell. Mais quelque chose nous dit que c'est le Tricolore qui aurait le plus à gagner en allant s'imprégner des lieux du « Miracle sur glace», réalisé par l'équipe olympique américaine en 1980...

Photo: Bernard Brault, La Presse

Jacques Martin donne des directives à ses joueurs.