Après avoir vu les Blackhawks de Chicago gaspiller 27 millions pour faire l'acquisition de Nikolai Khabibulin en 2005, puis 22,5 millionsen 2008 pour mettre sous contrat Cristobal Huet avant de se tourner vers un Marty Turco vieillissant l'été dernier, Corey Crawford a songé à remettre son avenir en question.

«Je me suis dit que, si ça ne marchait pas cette année, il faudrait peut-être que je pense à l'Europe», a admis le gardien, qui a grandi à Châteauguay.

Si Crawford met le cap sur l'Europe prochainement, ce sera comme touriste et non à titre de gardien de but à la recherche d'un emploi. Car à 26 ans bien comptés, après 5 longues saisons passées dans les mineures et au cours desquelles il n'a obtenu que 7 présences devant la cage des Hawks, Crawford est maintenant le gardien numéro 1 à Chicago.

Tout un contraste avec Carey Price qui, à 23 ans, vient d'obtenir son deuxième titre de joueur de l'année chez le Canadien à sa quatrième saison dans la LNH.

Face au Canadien hier, pour son premier duel contre l'équipe qu'il suivait étant petit, Crawford amorçait une 24e partie consécutive.

Crawford, qui a un jour troqué les patins de joueur pour ceux de gardien afin d'imiter son idole de jeunesse Patrick Roy, se contentait de sourire hier lorsqu'on lui demandait s'il était bel et bien le gardien numéro 1 des Hawks. À quelques pas, le capitaine Jonathan Toews dissipait tous les doutes.

«Corey est solide, il est compétitif, il est tout ce qu'on attendait de lui. C'est grâce à lui si on se bat encore pour une place en séries éliminatoires», a lancé Toews.

De Turco à Crawford

Les Hawks n'ont pas fait cadeau du poste de numéro 1 à Crawford. Il l'a acquis. En fait, il l'a ravi au vétéran Marty Turco, qui a disputé les deux premiers matchs de la saison devant le filet des champions de la Coupe Stanley. Deux matchs qu'il a perdus 4-3 en prolongation contre l'Avalanche du Colorado et 3-2 devant les Red Wings de Detroit. Envoyé en relève lors des deux matchs suivants, Crawford a récolté trois points.

Joel Quenneville a toutefois refait confiance à Turco, qui a disputé cinq matchs de suite. Après 24 matchs, Turco avait pris part à 18 rencontres. Loin d'être dominant, il a ouvert la porte à son jeune adjoint. Depuis le 24 novembre, le vétéran n'a entrepris que neuf matchs.

«Nous savons depuis des années que Corey est un bon gardien. Les circonstances faisaient qu'il n'arrivait pas à faire le saut. Cette année, il a pris sa place. Il n'y a pas un match ou un entraînement précis au cours duquel le déclic s'est fait. C'est simplement la conclusion d'un long apprentissage. Un apprentissage qui a servi Corey et qui nous sert maintenant comme équipe», a analysé Quenneville.

Mal à l'aise

Malgré ses 26 ans, Crawford affiche un visage d'adolescent souriant et un peu mal à l'aise de voir l'attention qui lui est accordée. Surtout à Montréal où il disputait hier un premier match.

«Je suis excité, mais aussi pas mal nerveux. Je vais avoir pas mal de parents et d'amis (une vingtaine) dans les gradins ce soir. Ça fait longtemps que j'attends ce match-là. J'ai travaillé très fort pour arriver ici et je suis très content», a indiqué Crawford, qui admet être un peu étonné par tout ce qui lui arrive.

«Je m'étais fixé un objectif d'une vingtaine de parties et me voilà dans le rôle de numéro 1. C'est certainement satisfaisant. Mais on n'a encore rien réglé. Il faut accéder aux séries», a souligné le gardien, qui affichait 31 victoires en 53 matchs avant d'affronter le Canadien.

Révélation de l'année au sein d'une équipe qui regorge de grandes vedettes - Jonathan Toews, Patrick Kane, Marian Hossa et Duncan Keith -, Crawford est engagé dans une lutte de tous les instants pour une place en séries. Il est aussi en compétition avec Jeff Skinner, Logan Couture, Michael Grabner et P.K. Subban pour le titre de recrue de l'année dans la LNH.