Au lendemain des propos prudents qu'avait émis son agent Alex Schall, Max Pacioretty a patiné durant une quinzaine de minutes à Brossard. Il n'en fallait pas plus pour que plusieurs évoquent son retour prochain dans la formation.

Or, cette présence sur la glace correspond à une étape précise du protocole de réadaptation que Pacioretty suit afin de soigner sa commotion cérébrale et sa fracture d'une vertèbre cervicale.

«Si tout se passe bien, il pourrait recommencer à s'entraîner avec le reste de l'équipe vers la mi-avril », a indiqué Jacques Martin.

Avec quatre matchs à jouer pour le Canadien - qui reprend le collier samedi soir au New Jersey - il y a une raison pour laquelle on fait aussi grand cas de l'absence de Pacioretty.

C'est que le Tricolore a beau être privé de son quart-arrière à la ligne bleue (Markov), de son meilleur arrière défensif (Gorges) et d'un vétéran qui a vu neiger (Spacek), c'est le vide créé par l'Américain de 22 ans qui est le plus palpable en ce moment.

Peut-être parce qu'il a été l'attaquant le plus productif de l'équipe entre son rappel et le moment de sa blessure, le 8 mars face aux Bruins de Boston.

Peut-être parce que sans lui, Martin a dû confier à Mathieu Darche, Jeff Halpern et/ou Travis Moen des postes sur les deux premiers trios qui excèdent leurs compétences.

Peut-être que ce sont les sept défaites en 11 rencontres que le Tricolore a disputées depuis la perte de Pacioretty...

Chose certaine, la production de toute l'équipe en a pris pour son rhume. Le CH a marqué en moyenne 2,68 buts par match lors des 67 premières rencontres, mais cette moyenne a chuté à 2,27 buts lors des 11 derniers matchs. Et ça inclut les huit buts infligés en un seul match au wild du Minnesota, une formation en déroute!

Attaque passive

Depuis son rappel, Pacioretty était aussi devenu le marqueur le plus productif de l'équipe avec l'avantage d'un homme (4,07 buts par tranches de 60 minutes).

Tiens, tiens, l'équipe affiche un faible taux de succès de 10,8% en supériorité numérique lors des 11 derniers matchs...

Il est fini le temps où le Canadien pouvait répliquer en disant qu'il ferait payer l'adversaire avec son attaque à cinq. Surtout que la bataille des unités spéciales, c'est aussi le nombre de chances qu'on se donne et qu'on donne à l'adversaire. Or, aucune équipe n'a accordé plus d'avantages numériques à l'adversaire que le Tricolore (314). Et personne n'en a donné moins que les Devils (232), ses adversaires de ce soir.

Et qui, en moyenne, venait bon premier chez le Canadien pour les pénalités provoquées?

Ben oui, le jeune 67.

Besoin de points

Évidemment, ce serait extrêmement réducteur de relier tous les malheurs de l'équipe à l'absence de Pacioretty.

Il y a tous ces buts contre des derniers matchs. La ligne bleue qui est minée par les blessures, le manque de mobilité, par ses difficultés de relance et, disons-le, son talent limité.

Il y a le jeu défensif collectif, qui ne sera pas favorisé par l'absence de Jeff Halpern, cloué à Montréal en raison d'une blessure au bas du corps. Rappelons que le vétéran avait joué les quatre derniers matchs après avoir négocié avec une blessure à un genou.

Et puis, il y a les démons de la route auxquels le Canadien devra faire face encore ce soir à Newark.

À ce sujet, Carey Price n'avait pas envie d'épiloguer sur le fait qu'il a été remplacé à ses trois derniers départs à l'étranger.

«Nous sommes une bonne équipe en domicile entre autres parce qu'on est plus énergiques devant nos propres partisans, a-t-il toutefois noté. C'est dur de ne pas être bien préparé avant un match au Centre Bell.

«Or, on doit trouver une façon d'afficher la même attitude à l'étranger.»

À l'heure actuelle, les problèmes semblent à vrai dire trop nombreux pour être solutionnés en aussi peu de temps. Le calendrier achève, le CH s'est malencontreusement placé en mode survie, et le discours est à l'avenant.

On parle de retrouver son intensité, que chacun prenne ses responsabilités...

«On a besoin de points», résume Michael Cammalleri, l'un des nombreux leaders de cette équipe dont la production est trop frugale.

«C'est sûr qu'on veut faire de bonnes choses de façon à aborder les séries du bon pied, mais la priorité pour le moment, c'est juste d'aller chercher des points.»