Jacques Martin se plaît à dire que la manière de jouer est plus importante encore que les résultats.

Il est plus facile de souscrire à ce grand principe quand l'équipe gagne. Quand elle perd, surtout lorsqu'elle le fait en encaissant trois jeux blancs consécutifs, comme vient de le faire le Canadien, les principes prennent le bord, la colère gronde chez les partisans qui s'acharnent alors sur les vedettes et les joueurs les plus grassement payés; l'entraîneur-chef est contesté et on se demande si les séries, acquises hier, ne sont pas menacées aujourd'hui.

Le Canadien n'est pas assuré d'une place en séries. Pas encore. Mais une, deux, voire trois victoires dans le cadre des trois matchs à l'horaire cette semaine scelleront le dossier.

Se mettre à jouer

Mais pour gagner un, deux ou trois matchs, pour regagner la confiance des amateurs qui ont hué copieusement - avec raison - leurs favoris samedi, et faire taire les critiques jusqu'à la prochaine fois, le Canadien devra mieux jouer.

En fait, non: il devra jouer. Car il ne l'a pas fait lors des trois derniers matchs. Ou si peu.

Et c'est ce qu'il y a de plus inquiétant du marasme dans lequel le Canadien s'enlise. Il n'a pas joué un bon match mardi contre Buffalo. Jeudi, à Boston, il s'est fait planter. Royalement. Ce qui peut arriver. Même aux meilleurs.

Mais les meilleurs réagissent. Ils se relèvent. Samedi, alors qu'ils étaient de retour devant leurs partisans, les joueurs du Canadien sont loin de s'être relevés. À plusieurs égards, ils ont même été pires samedi que jeudi face aux Bruins.

Dix-huit tirs au but des Caps seulement. Le plus petit total de la saison.

Cinq occasions de marquer. Cinq! Cinq occasions que Branden Holtby, bon gardien de la Ligue américaine, mais un gardien de la Ligue américaine quand même, a facilement repoussées avant de remettre le cap sur Hershey hier.

Et des pénalités. Beaucoup de pénalités. Trop de pénalités. Beaucoup trop de pénalités.

Le Canadien a perdu l'identité qui lui a permis de connaître du succès cette année. L'identité qui lui a permis de battre des adversaires plus gros, plus forts et parfois même carrément meilleurs.

Avec sa vitesse, sa hargne, sa manière de garder les adversaires loin de ses gardiens et de miser sur leur excellence pour s'occuper du reste tout en tirant profit des erreurs de ses adversaires et des pénalités qu'ils écopent, le Canadien a souvent gagné en frustrant les équipes adverses. Il a éliminé Washington et Pittsburgh en séries l'an dernier de cette façon.

Mais voilà! Depuis quelques semaines, le Canadien ne frustre plus ses adversaires. C'est lui qui est frustré. L'indiscipline et le manque de conviction affichés par un trop grand nombre de joueurs le rendent vulnérable. Très vulnérable. Trop vulnérable pour qu'il gagne.

Au lieu d'être unis dans une même cause, les petits jouent chacun de leur bord. Parce qu'ils sont trop petits et pas aussi bons que certains le croient, les joueurs du Canadien ne peuvent pas gagner à ce jeu.

Perte d'identité et de Pacioretty

En plus de perdre son identité, le Canadien a aussi perdu un élément important de sa formation. Un élément devenu indispensable: Max Pacioretty.

Depuis que Pacioretty a été victime de l'assaut de Zdeno Chara, le Canadien n'affiche que trois victoires en neuf matchs. Et ses six revers, le Tricolore les a encaissés en temps réglementaire. Pas même un petit point en prime pour améliorer sa place au classement.

En 37 matchs disputés avec le grand club, Max Pacioretty a marqué 14 buts, amassé 24 points. Une majorité de ces points a été obtenue en évoluant à la gauche de Gomez et Gionta qui ne font rien qui vaille depuis la perte de leur jeune et gros ailier.

Pour pallier la perte de cet attaquant de grand talent, on a mandaté des Travis Moen, des Jeff Halpern, des Mathieu Darche. Des joueurs pleins de bonne volonté, mais qui n'ont pas les outils nécessaires pour remplacer Pacioretty et convertir les passes de Gomez en buts.

En plus de miner le trio de Gomez, l'absence de Pacioretty mine tous les autres qui sont privés d'un élément important, ou qui se retrouvent avec un mandat trop imposant pour eux à remplir.

Pacioretty reviendra peut-être en séries. Mais d'ici là, le Canadien doit retrouver l'identité qui lui a permis de connaître du succès le printemps dernier en séries. Des séries au cours desquelles il s'était imposé sans Pacioretty.