Petit lundi, grosse semaine, dit le proverbe. Jacques Martin et ses joueurs souhaiteront que ce proverbe s'avère alors qu'ils profitent d'un congé lundi à l'aube de l'avant-dernière semaine du calendrier régulier.

Plongé dans une léthargie offensive qui s'est traduite, samedi, par une défaite de 2-0 aux mains des Capitals de Washington, le Canadien recevra les Thrashers d'Atlanta au Centre Bell mardi, avant de rendre visite aux Hurricanes en Caroline dès mercredi et de terminer la semaine au New Jersey samedi.

C'était la première fois de son histoire, samedi, que le Canadien s'inclinait trois fois de suite par jeu blanc. En octobre 1949, lors de sa dernière séquence gênante de trois blanchissages consécutifs, le Canadien avait fait match nul (0-0) lors de la première de ces trois rencontres.

Le congé offert en ce lundi n'est toutefois pas tombé du ciel. Que non!

Parce que son équipe s'est contentée de trois victoires à ses neuf derniers matchs et que ses joueurs se contentent de lancer de belles paroles au lieu de passer aux actes depuis quelques semaines, Jacques Martin a pris les choses en main dimanche: il a convoqué son équipe à Brossard pour y tenir un rare entraînement dominical.

Avec et sans la rondelle

Un entrainement punitif? À plusieurs égards, oui.

Les joueurs ont commencé l'entraînement par une quinzaine de minutes de patinage intensif, sans rondelle. Mais voilà! Comme ses joueurs n'ont pas marqué en 186:05 de jeu et que Jacques Martin ne veut pas égaler le triste record d'équipe de quatre jeux blancs consécutifs établi en février 1928, il fallait bien donner aux joueurs la chance de toucher à des rondelles pour qu'ils retrouvent leur confiance autour des buts.

Ce qu'ils ont fait.

Mais au lieu de se contenter de canarder Carey Price et Alex Auld de rafales de tirs, Scott Gomez, Brian Gionta et tous leurs coéquipiers ont aussi travaillé ferme dans les coins de patinoire dans le cadre de batailles à un contre un avant d'avoir l'occasion de se présenter devant leurs gardiens. Après 60 minutes de travail assidu, les joueurs se sont livrés à une dernière séance de patinage dont plusieurs sont sortis grimaçants, avec les jambes raides et lourdes.

Sanction méritée

Au lieu de traîner sur la patinoire comme ils le font régulièrement après les entraînements, les joueurs du Canadien ont vite suivi Jacques Martin après que l'entraîneur eut officiellement mis fin à l'entraînement en quittant la patinoire.

«Je crois que l'entraîneur n'avait plus le choix. On a parlé beaucoup au cours des derniers jours. On a eu des réunions, on a établi des plans de match et on a tous promis qu'il fallait être davantage engagés pour se donner des chances de gagner. Mais ces paroles n'ont pas été suivies d'actions concrètes. Nous avons été vraiment mauvais hier (samedi). Jacques est passé aux actes à notre place. On méritait ça», a convenu P.K. Subban à son retour au vestiaire.

Après 76 rencontres de saison régulière, avec 6 matchs seulement à disputer avant d'amorcer les séries, est-il normal qu'un entraîneur ait besoin de sortir le fouet comme Jacques Martin a été obligé de le faire dimanche?

«Normal, peut-être pas. Mais c'était nécessaire», a convenu le vétéran Jeff Halpern. Nous sommes tous des professionnels, nous voulons gagner, mais nous avons perdu notre concentration au cours des derniers matchs. Pis encore, notre niveau de compétition était nul lors des deux derniers matchs. Nous avons encore six matchs à jouer en deux semaines. Il reste encore assez de temps pour renverser la situation et amorcer les séries avec confiance. Mais nous avions besoin d'un rappel à l'ordre et il a été servi ce matin», a ajouté Halpern...

S'ils ont sué à grosses gouttes et qu'ils se sont tapé un entraînement difficile au cours duquel il n'y a pas eu de cris, de pleurs, mais bien des grincements de dents, les joueurs du Canadien ont évité le pire.

L'an dernier, après une dégelée de 7-1 encaissée aux mains des Canucks de Vancouver lors du quatrième match de la saison seulement, Jacques Martin avait tenu un entraînement beaucoup plus punitif que celui qu'il a dirigé dimanche. «J'en ai entendu parler. J'espère qu'on réagira positivement à celui d'aujourd'hui, car je ne crois pas que ce serait une bonne idée de pousser encore plus loin la patience de nos entraîneurs», a conclu Subban.