Ce n'est pas grand-chose, mais au moins, c'est un début.

Puisque la LNH est allergique aux changements, puisqu'il y a chez elle des dirigeants qui jugent que tout va très bien merci, il ne fallait pas s'attendre à de grands bouleversements lors de ces trois jours de rencontres en Floride.

Au mieux, il y a eu Ray Shero, le DG des Penguins de Pittsburgh, qui a laissé croire qu'une politique de tolérance zéro concernant les coups à la tête pourrait «potentiellement» être adoptée un de ces jours. C'est déjà ça.

Le reste? Eh bien, le reste, c'est une question de culture. Et ça, ça s'annonce un peu plus compliqué.

Quand Gary Bettman, Colin Campbell ou Brian Burke chantent tous en choeur que le coup de Zdeno Chara aux dépens de Max Pacioretty fait partie du hockey, on réalise qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire. Le joueur de hockey, c'est connu, est capable d'en prendre. Il est un dur de dur, un vrai, et s'il se fait frapper à la tête, c'est parce qu'il avait la tête basse. On l'a encore entendue hier, celle-là. «Les joueurs doivent apprendre à mieux se protéger», a affirmé un DG, lors d'une discussion à micros fermés.

On pourra organiser les manifestations que l'on veut devant le Centre Bell, on pourra s'indigner jusqu'en 2015, je vous le confirme: Gary Bettman s'en balance. Ses amis aussi. Le commentaire le plus entendu cette semaine? «Apporter des modifications aux règles, oui, mais sans changer l'essence de notre sport.» Comprendre par là que les mises en échec pour envoyer un gars dans la troisième rangée font partie de «l'essence» du hockey.

Sinon, sachez que la LNH a bel et bien trouvé un coupable en rapport avec l'affaire Chara-Pacioretty: la tige métallique sur laquelle le joueur du CH a percuté. Je n'invente rien. Un peu plus et Colin Campbell suspendait la tige pour deux matchs.

D'ailleurs, il ne faut pas trop remettre en question les décisions de la Ligue. Colin Campbell me l'a gentiment rappelé cette semaine, lors d'une entrevue.

En me voyant insister un peu trop sur l'incident Chara-Pacioretty, M. Campbell, d'un ton arrogant, a évoqué le coup par- derrière de Pacioretty à l'endroit du défenseur Mark Eaton, des Islanders de New York, en décembre. «D'où viens-tu?» m'a-t-il demandé, en sachant très bien la réponse.

Pour Colin Campbell, donc, un journaliste «émotif» de Montréal n'a pas le recul nécessaire pour juger un incident impliquant un joueur du Canadien. En plus d'être risible, cette supposition est parfaitement ridicule.

Ce genre de comportement, inacceptable de la part d'un dirigeant d'une organisation professionnelle, ne serait pas toléré dans une ligue sérieuse. Mais dans la LNH, c'est tout à fait normal. Juste une autre journée au bureau, en somme.

Geoff Molson et Pierre Gauthier veulent changer les choses, et c'est parfaitement louable. Mais ils devront être patients. C'est dans la culture de la LNH de s'enfoncer la tête dans le sable. D'ailleurs, les réunions de Boca Raton ont eu lieu dans un hôtel situé à quelques mètres d'une plage. Ce n'est sans doute pas une coïncidence.