À l'image des amateurs, des observateurs et des hommes de hockey qui gravitent autour de la LNH, les joueurs du Canadien campent des positions bien différentes face aux mesures à prendre pour enrayer les coups à la tête et les commotions cérébrales qu'ils entraînent.



«J'ai encore en tête les images de Max (Pacioretty) étendu inconscient sur la patinoire et il faut que ça cesse, peu importe la façon», ont lancé les jeunes Carey Price et P.K. Subban qui ont apprécié la visite effectuée par leur propriétaire avant l'entraînement de lundi.

«Il est venu nous expliquer sa sortie de la semaine dernière à la suite de la blessure subie par Max. Il nous a assuré avoir notre sécurité à coeur et que des mesures étaient en place pour changer les baies vitrées», a indiqué Subban.

Pointées du doigt par Don Cherry et quelques joueurs de la LNH pour leur très grande rigidité, les baies vitrées du Centre Bell seront vraisemblablement changées dès la saison prochaine.

En marge des réactions vives de ses jeunes coéquipiers qui réclament des changements en profondeur, le vétéran Hal Gill se faisait l'avocat du diable dans ce débat très émotif.

«Il y a des accidents de voiture à tous les jours et cela ne nous empêche pas de conduire. C'est d'abord et avant tout une question de comportement. De respect sur la patinoire. Tout le monde parle du respect, mais encore faudrait-il passer des paroles aux actes», a lancé le grand défenseur qui n'attend pas de grands chambardements à la réunion des directeurs généraux en Floride.

«Le hockey demeurera toujours un sport rapide et rude. Je ne crois donc pas qu'on sera en mesure d'éliminer ces blessures. Mais il faut les réduire. La grande question demeure comment?» a répliqué Gill.

Retour de l'accrochage

James Wisniewski s'est montré cinglant à l'égard des changements qui seront proposés au cours des prochains jours.

«Nous vivons aujourd'hui les conséquences d'une série de changements qui ont été apportés au fil des ans pour plaire aux amateurs. On a adopté des baies vitrées sans obstruction pour la vue des amateurs. Elles sont beaucoup plus rigides que les anciennes. On a accéléré la vitesse du jeu en retirant la ligne rouge, en bannissant l'accrochage et en minimisant les dégagements refusés alors que tout ce qui ressemble à une passe aujourd'hui est accepté. Qu'on ne se surprenne pas alors que les impacts soient plus sévères. Aujourd'hui, pour freiner un adversaire, tu dois le frapper solidement et le lâcher tout de suite après. Les impacts sont plus durs, plus secs, plus violents. Avec les conséquences qu'on connaît. Si on nous permettait de jouer l'homme un peu plus. Je ne parle pas de faire du ski nautique comme avant, mais de simplement ralentir les attaquants, on améliorerait la situation», a ajouté Wisniewski.

40% plus de mises en échec

Hal Gill était parfaitement d'accord: «Dans le temps, j'avais des bleus sur les bras et sur une partie du corps. Les combats un contre un le long des bandes étaient plus durs, plus longs. Mais les collisions étaient bien moins violentes qu'aujourd'hui. Chaque mise en échec aujourd'hui est dangereuse et il y en a plus que jamais.»

Dans son blogue sur ESPN.com, le collègue Pierre Lebrun indiquait lundi que la LNH établira un nouveau record cette année pour le nombre de mises en échec assénées. Les joueurs encaissent 46 mises en échec en moyenne par match cette saison. Une hausse de 40% en comparaison aux statistiques compilées en 2004, avant le lock-out, et la série de changements apportés pour accélérer le jeu.

Sanctions plus sévères

Entraîneur-chef et capitaine du Canadien, Brian Gionta et Jacques Martin avaient des solutions bien plus simples à présenter: «Tout passe par des sanctions appropriées qui doivent être imposées avec plus de fermeté et de régularité», ont-ils assuré.

Gionta et Martin étaient aussi fermés à l'idée de ramener une forme d'accrochage tel que l'a présentée le d.g. des Maple Leafs de Toronto Brian Burke, lundi.

«La vitesse fait partie du hockey aujourd'hui. Je ne vois pas pourquoi on ralentirait le jeu. On a simplement à présenter des règles claires, à les appliquer et à sanctionner les fautifs», a conclu Gionta.