On disait autrefois que le Canadien donnait toujours une meilleure chance de l'emporter à Jaroslav Halak qu'à Carey Price.

Même si Halak porte désormais les couleurs des Blues de St-Louis, le constat s'est encore vérifié, jeudi. Offrant une performance peu inspirée - comme s'il avait attrapé le... blues - le CH a baissé pavillon 4-1, freinant à cinq sa séquence de victoires.

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Halak a repoussé 27 lancers contre son ancienne équipe, mais on ne peut pas dire que le CH l'a fait suer.

«C'était plus spécial ce soir, a reconnu le gardien slovaque. Quand tu affrontes l'équipe qui t'a échangé, tu veux assurément la battre. Or, nous ne rencontrons le Canadien qu'une fois par année. Il ne fallait pas que je rate ma chance.»

Price devait se dire la même chose mais, probablement déçu par l'effort minimal de ses coéquipiers, il ne s'est pas présenté devant les journalistes après la rencontre.

«Le niveau d'énergie de notre équipe est le plus bas que j'avais vu depuis longtemps», a dit Lars Eller en hochant la tête.

Sa soirée n'a pas tourné comme prévu.

Le trio de McDonald

Brent Sopel, blessé au bras gauche - on ne sait trop si c'est à une main, un coude ou une épaule - avait laissé sa place à Alexandre Picard. Ce dernier s'est fait remarquer en milieu de première en aidant le Canadien à prendre les devants.

Alors que l'équipe était bien installée en zone offensive, Picard s'est approché au cercle gauche et a fait une passe parfaite à Jeff Halpern devant le filet. Halpern n'a eu qu'à rediriger le disque derrière Halak.

Les Blues sont toutefois revenus dans le coup avec à peine une minute à faire au premier engagement.

David Backes - que d'aucuns voient comme le prochain capitaine des Blues - a profité de l'intense circulation devant la cage du Canadien pour tromper la vigilance de Price.

Une bonne note là-dessus à Andy McDonald, qui a remporté une grosse mise en jeu en zone offensive.

McDonald a d'ailleurs été le meilleur joueur sur la patinoire jeudi. Avec un but et deux aides, le vétéran de 33 ans a maintenant récolté 21 points en 19 matchs depuis qu'il est rétabli d'une commotion cérébrale.

D'Agostini avait averti Price...

Oublié au milieu de toute l'histoire Price-Halak, Matt D'Agostini s'est assuré de faire sentir sa présence face à son ancienne équipe.

Très impliqué, mettant à profit sa vitesse sur le premier trio des Blues, il a inscrit un but et une mention d'aide, mettant le match hors de portée du Canadien avec 1:29 à faire au match.

À vrai dire, sa déviation d'une passe de McDonald ressemblait drôlement au but de Halpern, plus tôt dans la soirée...

«J'avais envoyé un message texte à Price plus tôt dans la journée pour lui dire que j'allais réussir à le déjouer», a raconté D'Agostini.

Et c'est ce qu'il a fait en inscrivant son 14e de la campagne.

«J'ai eu mes chances à Montréal - je n'irai pas dire que je n'en ai pas eues - mais c'est à St-Louis que j'ai vraiment trouvé mon rythme», a ajouté le numéro 36.

En tout début de deuxième période, D'Agostini avait aussi provoqué un revirement auprès de Benoit Pouliot avant de remettre à Andy McDonald, qui a filé seul jusqu'à Price. Sa feinte a lancé les Blues en avant 2-1.

Quant à Pouliot, il n'a pas seulement été coupable sur le but vainqueur des Blues, il a également écopé d'une punition inutile en zone offensive et n'a pas été en mesure de générer quoi que ce soit aux côtés de Scott Gomez et Brian Gionta.

Même si Ryan White a pris sa place en troisième période et que Pouliot a été cloué au banc, on a senti le vide créé par l'absence de Max Pacioretty.

Le CH connaissait ses faiblesses

Jaroslav Halak n'a pas dû reconnaître son ancienne équipe.

Où était le Canadien acharné et refusant de plier, le Canadien que Halak avait laissé après des séries éliminatoires grandioses ?

Il n'était pas à St-Louis en tout cas !

Les Blues ont été beaucoup plus énergiques, beaucoup plus affamés. Ils ont établi une présence constante près du filet de Price et, sans bombarder ce dernier, ont effectué des lancers de qualité qui ont forcé Price à accorder certains longs retours.

N'était-ce pas pourtant une lacune connue de son vis-à-vis ?

«Le Canadien connaissait mes faiblesses alors je me suis arrangé pour ne pas donner trop de retours», a mentionné le petit gardien avec un sourire.

Vrai que ç'aurait été moins diplomate de dire «le Canadien connaissait mes faiblesses, mais il n'en a pas profité» !

Car Halak a été peu occupé. Le CH peinait à se rendre jusqu'à lui. Les meilleurs moments des hommes de Jacques Martin sont survenus dans les minutes qui ont suivi leur but, mais ça n'a jamais été très convaincant.

«Il faut leur donner du mérite, nous n'arrivions pas à nous rendre jusqu'à Jaro, a admis Scott Gomez.

«Ça a été un match ardu avec beaucoup de coups de sifflet. Le rythme du match était lent. Ce genre de match-là va arriver de temps à autre, mais les Blues ont été patients. Ils en ont profité quand nous leur avons donné des surnombres.

«Il aurait fallu qu'on apporte un peu plus d'étincelle...»

On aurait pu croire que le Canadien reviendrait avec un nouveau souffle en troisième période. Durant l'entracte, après tout, les Sabres de Buffalo venaient de vaincre les Bruins de Boston en prolongation. L'occasion de se rapprocher à deux points des Bruins était offerte à lui, mais le CH n'a jamais pu combler l'écart d'un but.

L'énergique T.J. Oshie a complété dans un filet désert.

Jacques Martin a décidé en fin de soirée d'annuler l'entraînement prévu vendredi matin en banlieue de St-Louis.

Le Canadien se rendra en cours de journée à Pittsburgh, où il affrontera les Penguins samedi dès 14h.