Jacques Lemaire devait éteindre le feu qui ravageait le vestiaire des Devils lorsque Lou Lamoriello lui a lancé un appel à l'aide, le 23 décembre dernier.

Malgré ses connaissances, son expérience et son intelligence, le grand prêtre de la trappe a manqué d'eau pour venir à bout du brasier. Les Devils ont perdu sept des huit matchs qui ont suivi son arrivée. Comme des pompiers de fortune, Lemaire n'a donc pu sauver que les fondations.

À défaut d'avoir sauvé la structure, Lemaire s'est craché dans les mains et a amorcé la reconstruction de son équipe. Il est encore loin de la finition, mais la structure a repris de l'aplomb. Et comment! Avec sa victoire de 4-1 aux dépens du Canadien hier, Lemaire a maintenant guidé les Devils à neuf victoires (9-1-2) à leurs 12 derniers matchs.

Tout un contraste avec les dix victoires que les Devils affichaient après les 41 premiers matchs de la saison.

Qu'est-ce qui a changé?

«Ils jouent au hockey», a fini par lancer Lemaire après avoir défilé quelques explications techniques reliées au jeu d'ensemble, à l'entraide sur la patinoire, au travail et à la confiance.

La forme physique joue aussi un rôle de premier plan. Lemaire a hérité d'un club miné par les blessures et une confiance à plat. Mais il a aussi hérité d'un club en mauvaise forme physique.

Il a fait ni un ni deux et a imposé un mini-camp d'entraînement pour redonner du tonus à une équipe qui en manquait grandement.

S'il est débarqué dans le vestiaire des Devils à reculons - il ne pouvait pas refuser l'appel à l'aide de son ami et complice Lou Lamoriello - Jacques Lemaire admet qu'il prend goût à son nouveau rôle, même s'il avait juré qu'il était trop vieux et trop usé pour revenir derrière un banc.

«J'ai eu la piqûre en rentrant dans le vestiaire.», a admis l'entraîneur de 65 ans.

Cette piqûre pourrait-elle lui donner le goût de prolonger la reconstruction de cette équipe alors que son épouse et les terrains de golf l'attendent en Floride?

«On verra en temps et lieu», a indiqué Lemaire après le match d'hier. Avant la rencontre, lors d'une entrevue accordée à son ancien adjoint Mario Temblay, aujourd'hui analyste à RDS, Lemaire a ouvert la porte un peu plus grande quant à la possibilité qu'il soit de retour l'an prochain.

Comme quoi tu peux sortir un «coach» de derrière un banc, mais que tu ne sors jamais le «coaching» d'un entraîneur dans l'âme et dans le coeur...

Brodeur requinqué

Si Jacques Lemaire a retrouvé la piqûre du coaching en retournant derrière le banc des Devils, le gardien Martin Brodeur a retrouvé sa bonne humeur et son sourire habituels.

Un sourire et une bonne humeur qui s'étaient effacés au rythme de défaites encaissées par les Devils, des contreperformances du gardien et des petits bobos qui l'ont contraint à un congé forcé.

«C'est toujours plate de perdre. Surtout quand tu n'es pas habitué de perdre aussi souvent. À un moment donné, ce n'était vraiment plus drôle», a admis candidement le meilleur gardien de l'histoire de la LNH.

Brodeur a d'ailleurs subi l'affront de se faire rappeler au banc à trois reprises après des départs difficiles devant sa cage.

C'est là que le fond du baril a été atteint. Mais contrairement à ceux qui ont déclaré que Brodeur s'était fait clouer au banc, le gardien de Saint-Léonard assure que la décision est venue de lui.

«J'avais besoin d'une pause. D'une vraie. Je devais travailler sur ma technique, ma confiance, sur tout. C'est ce qui explique nos récents succès. On travaille très fort depuis l'arrivée de Jacques. On réapprend le hockey 101. Et si c'est bon pour les autres, c'est bon pour moi aussi. On a recommencé à gagner et on a retrouvé le plaisir de jouer au hockey.»

Parce qu'il a dû retraiter au vestiaire après la première période, hier, Brodeur n'a pu compléter sa 1030e partie dans la LNH. Ça viendra. Et lorsque cela arrivera, Brodeur aura complété plus de rencontres que son plus proche poursuivant, Patrick Roy (1029), incluant les matchs complets et les parties au cours desquelles il est venu en relève ou a été rappelé au banc.