C'est devenu une tradition. Depuis quelques années, la LNH souligne bruyamment l'ouverture de sa saison en envoyant quelques équipes en Europe, pour y disputer des matchs du calendrier régulier. L'exercice, on le devine, a pour but d'accroître la présence de la Ligue nationale dans les vieux pays... tout en vendant un maximum de produits dérivés au passage.

Selon ESPN.com, six équipes auraient déjà été choisies en vue de la prochaine tournée européenne, au début de 2011-2012. Ces formations seraient les Capitals de Washington, les Sabres de Buffalo, les Rangers de New York, les Kings de Los Angeles, les Ducks d'Anaheim et une seule formation canadienne, les Oilers d'Edmonton.

Donc, une fois de plus, aucune trace du Canadien.

Comment la LNH choisit-elle les équipes qui seront appelées à répandre la bonne nouvelle? Dur à dire, puisque ce procédé semble aussi mystérieux qu'un frère Kostitsyn.

Frank Brown, porte-parole de la Ligue, m'a fait savoir par courriel que le choix des équipes «est basé sur une série de facteurs, notamment l'intérêt démontré par les équipes».

Et, semble-t-il, le Canadien n'a jamais démontré un grand intérêt pour les virées européennes. «On en a discuté, mais ces discussions n'ont jamais mené à un plan permettant de faire jouer le Canadien en Europe», a indiqué Frank Brown.

Dur à croire, tout de même, que la LNH ne s'organise pas pour envoyer son club le plus prestigieux en Europe afin de conquérir de nouveaux fidèles. Si le circuit de Gary Bettman veut un jour s'établir dans ce continent, d'ici 2075 disons, la présence du Canadien le temps de quelques matchs ne pourrait certes pas nuire.

En même temps, cela vient nous rappeler un léger détail. Un léger détail que l'on a tendance à ignorer quand on est bien installé avec notre bière à 10$ sous les 24 bannières du Centre Bell: peut-être que le prestige du Canadien n'est plus ce qu'il était.

On sait déjà que les superstars de la palette aiment mieux aller jouer ailleurs. On sait aussi que cette saison, le Canadien attire en moyenne 16 669 fans par match dans les arénas adverses. Une moyenne respectable, certes, mais seulement la 18e du circuit à ce chapitre (avec leur moyenne de 19 378 spectateurs à chaque match en territoire ennemi, ce sont les Red Wings de Detroit qui sont les plus populaires cette saison).

Que la LNH n'insiste pas pour exporter son équipe la plus titrée nous rappelle simplement que les temps changent. Ensemble, les Capitals, les Rangers, les Ducks et les Kings n'arrivent même pas à la cheville du CH au tableau des championnats remportés. Mais tous ces clubs ont quelque chose que le CH n'a pas: des noms. Des vedettes. Surtout des vedettes européennes, qui vont fort probablement mener à la présentation de quelques matchs à guichets fermés par là-bas. Money talks, comme on dit à Paris.

Tout cela nous ramène à l'inéluctable: dans la LNH d'aujourd'hui, le Canadien n'est qu'une autre équipe parmi tant d'autres. Quand vient le temps de vendre le hockey aux autres, aux Européens ou aux Américains avec la fameuse Winter Classic, par exemple, la LNH préfère se tourner vers d'autres clubs.

Aussi bien s'y faire.