Les Russes n'ont pas la cote en Amérique du Nord. Plusieurs de leurs jeunes boudent les équipes de la LNH qui les ont repêchés. Et ceux qui acceptent de traverser l'Atlantique, à quelques exceptions près, se font souvent accuser de manquer de coeur ou de jouer de façon trop individualiste.

Ils ont savouré toute une revanche, hier soir. Le Canada était en plein contrôle de la situation. Avance de 3-0 après deux périodes, après avoir outrageusement dominé les Américains, lundi. Mais les jeunes Russes ont semé la consternation à Buffalo en effectuant une remontée aussi irrésistible qu'improbable en marquant cinq buts en troisième période.

Cette équipe a du mérite. Elle a perdu ses deux premiers matchs de la ronde préliminaire, dont une défaite de 6-3 contre le Canada. Puis, elle a surmonté des déficits de deux buts contre la Finlande et la Suède en quart et en demi-finale avant de l'emporter en surtemps.

Deux joueurs à surveiller à moyen terme, Evgeny Kuznetzov, choix de première ronde des Capitals de Washington en 2010, et Vladimir Tarasenko, premier choix des Blues de St.Louis la même année. Le Canada remporte tout de même l'argent pour une deuxième année consecutive, ce qui n'est pas honteux non plus.

Le sélectionneur de l'équipe canadienne junior, Kevin Pendergast, affichait un optimisme très prudent avant le Championnat mondial: pas de grande vedette au sein du club, peu de vétérans de retour, les joueurs devraient travailler avec acharnement pour espérer gagner la médaille d'or devant les redoutables Américains, entre autres.

Voulait-il soustraire ses joueurs d'une pression supplémentaire? Peut-être. Quelques jours après notre interview, Pendegast recevait une nouvelle de taille: les Kings de Los Angeles acceptaient de lui prêter leur choix de première ronde, cinquième au total en 2009, le centre Brayden Schenn.

Celui-ci a égalé le record de Dale McCourt, vieux de 33 ans, avec 18 points lors du tournoi. Hormis un passage à vide de 15 minutes, Schenn et ses coéquipiers célébreraient encore ce matin. Mais le sport est ainsi fait: il suffit parfois d'un moment de grâce subit pour faire basculer le destin.