Avant le début de la saison 2008-2009, le directeur général des Red Wings de Detroit, Ken Holland, avait émis une recommandation qui s'est avérée un changement officiel aux règlements de la ligue.

Holland réclamait que les équipes ne soient plus tenues de dévoiler la nature exacte des blessures. Le DG des Wings venait de voir l'un de ses meilleurs éléments, l'attaquant Johan Franzen, être sorti des séries éliminatoires après avoir été ciblé par ses adversaires en raison d'une blessure à la tête qui était publique.

Depuis, c'est à la discrétion de chaque équipe de dire ou non ce dont souffre leurs joueurs. Et le Canadien ne se fait pas prier pour s'en servir!

On en a eu un exemple éloquent mardi alors que Scott Gomez, Jaroslav Spacek et Josh Gorges, qui, avaient tous trois raté l'entraînement de lundi, étaient de retour sur la glace en prévision du match de mercredi face aux Flyers de Philadelphie.

La sévérité de leur blessure, de même que leur présence dans la formation, est susceptible d'avoir un gros impact sur l'alignement que déploiera Jacques Martin cette semaine.

Pourtant, les trois ont savamment cultivé le secret en répondant aux questions.

- Et alors, Jaroslav, comment se porte ton haut du corps?

«Je me suis levé de bonne humeur, j'ai mis mon garçon dans l'autobus et il était de bonne humeur aussi, a répondu Spacek. J'ai donc décidé de venir m'entraîner avec l'équipe et j'ai eu du plaisir.»

Scott Gomez, lui, qui vient de rater deux matchs en raison d'une blessure au bas du corps, avait laissé flotter ces derniers jours des indices laissant croire qu'il était blessé à l'aine ou encore à la cheville.

- Penses-tu pouvoir être du match de mercredi face aux Flyers?

«Je ne sais pas. Quand tu as un orteil cassé, tes enjambées ne sont pas aussi fluides. C'est un orteil cassé, mais c'est une cheville foulée aussi. Et ces blessures au mollet ne sont pas évidentes non plus.»

Bref, on n'en saura rien.

Cette culture du secret se comprend aisément en séries éliminatoires. Mais est-elle aussi justifiable alors que le Tricolore se prépare à disputer son 31e match du calendrier?

Ne pas nuire à l'équipe

Josh Gorges, qui sera de la formation mercredi, cache lui aussi très bien son jeu en ce qui a trait à la blessure qui le tenaille depuis longtemps. Il a bénéficié de plus d'exemptions aux entraînements que n'importe quel coéquipier afin de subir des traitements.

«Si la douleur devient intolérable un certain soir, il faudra voir, a dit Gorges. Le plus important est d'être prêt pour jouer les matchs et de faire tout le nécessaire afin d'être à son mieux.

«Car si je joue et que je ne suis qu'à la moitié de mes capacités, je ne rendrai pas service à mon équipe.»

Sur ce point, il y a consensus chez le Canadien. Peu importe où sont blessés Gomez et Spacek, la volonté de ne pas aggraver des blessures et du même coup de nuire à l'équipe sont au centre des préoccupations. C'est ce qui a incité

Gomez à rater les affrontements du week-end face aux Wings et aux Maple Leafs de Toronto.

«Je suis content d'avoir pratiqué avec les gars aujourd'hui et je vais voir comment je me sens à l'entraînement matinal avant de prendre une décision», a indiqué le centre américain.

Spacek, lui, estime à 50% ses chances d'affronter les Flyers dans le premier de deux matchs en 24 heures.

«Ça a bien tombé que l'on aligne sept défenseurs l'autre soir car quelqu'un a pu venir me remplacer. On a eu la chance jusqu'ici cette saison d'être en assez bonne santé.

«Mais si je me sens bien demain et que je suis prêt à jouer, pourquoi j'attendrais? L'équipe vient de perdre deux matchs de suite et je veux aider à ce qu'on se remette en marche.»

Spacek a eu sa leçon

Spacek s'est blessé en première période face aux Leafs lorsqu'il a lourdement chuté à la suite d'un court combat avec Clarke MacArthur.

«Je l'ai mis en colère 10 secondes plus tôt parce que, d'après ce que j'ai entendu d'une entrevue qu'il a donnée, il pensait que je l'avais frappé par derrière. C'est pour cela qu'il serait parti à ma poursuite.

«Il en revient aux arbitres de juger de ce genre de chose, mais je me fie aux deux derniers matchs, on ne peut pas dire que les arbitres nous ont beaucoup aidé.

Spacek était d'autant plus surpris de la réaction de MacArthur que les deux hommes étaient bons amis à l'époque où ils évoluaient ensemble à Buffalo.

Mais le vétéran tchèque, qui s'est blessé deux fois à ses trois derniers combats, a eu sa leçon.

«C'est probablement ma dernière bataille pour longtemps, a lancé l'éternel boute-en-train. À l'avenir je vais tâcher de garder mon casque et simplement m'enfuir!»

Jacques Martin, pour sa part, s'est dit étonné que MacArthur n'ait pas été puni pour avoir été l'instigateur de ce combat.

«C'est un peu inconcevable, lorsqu'on regarde comment ça s'est produit àToronto, qu'il n'y a pas eu de pénalité», a dit l'entraîneur.

Les trios

Bien qu'il y ait plusieurs joueurs ennuyés par des petits bobos, le bilan de santé du Tricolore est tout en contraste avec ce que l'on voyait l'an dernier.

À Brossard, mardi matin, Jacques Martin pouvait compter sur 23 patineurs pour une rare fois cette saison.

En attendant d'être fixé sur la disponibilité de certains de ses hommes en vue du match de mercredi, il avait concocté les trios suivants :

Moen-Plekanec-Cammalleri

Pacioretty-Gomez-Gionta

Pouliot-Eller-Darche

Kostitsyn-Halpern-Lapierre (Pyatt)

En défense, Roman Hamrlik était jumelé à P.K. Subban, Hal Gill patinait avec son complice Josh Gorges tandis qu'Alexandre Picard évoluait en compagnie de Yannick Weber.

Dustin Boyd formait un quatrième duo à la ligne bleue en compagnie de Jaroslav Spacek.

Ce même Boyd, soumis au ballottage pour la deuxième fois en un peu plus d'un mois, n'a pas été réclamé mardi.

«Pour le moment il reste avec l'équipe», a précisé Jacques Martin.