Le public l'a vite adopté en raison de son style spectaculaire et de sa personnalité extravertie, mais P.K. Subban doit s'assurer que son attitude flamboyante sur la glace et à l'extérieur n'agacent pas ses propres coéquipiers.

Le défenseur recrue du Canadien a reconnu candidement, vendredi dernier, que le principal défi pour lui est de se faire accepter par le groupe.

S'il y en a un qui est bien placé pour comprendre les difficultés d'adaptation et d'intégration de Subban, c'est bien Claude Lemieux. «Pépé», comme on le surnomme, a sans doute été le dernier joueur recrue «sans complexe» que le Tricolore a accueilli dans ses rangs, il y a déjà 25 ans.

«C'est le boulot des vétérans, qui sont passés par là, de le prendre sous leurs ailes et de le guider», a affirmé Lemieux, dimanche, après avoir pris part au match d'adieu de Guy Lafleur à Montréal.

Subban a reçu sa première leçon d'humilité depuis qu'il évolue dans la LNH, jeudi dernier, en étant retranché de la formation. En signant deux victoires en son absence, ses coéquipiers lui ont passé le message que personne n'était plus important que l'équipe.

Subban a formé un duo en défense avec l'attaquant Dustin Boyd à l'entraînement, lundi. Tout indique que son purgatoire va se poursuivre, mardi, à l'occasion de la visite des Sénateurs d'Ottawa au Centre Bell.

«Il n'est pas dans la formation dans le moment, mais c'est un joueur talentueux et efficace quand il en fait partie, a relevé Lemieux. Pour l'avoir rencontré à quelques reprises, je suis convaincu qu'il va faire les ajustements. Il possède une belle personnalité et il va être une vedette dans la Ligue nationale. Ce n'est qu'une question de temps.»

Mais Lemieux peut comprendre les écueils que Subban rencontre en essayant de faire sa place dans le groupe. Comme s'il souhaitait qu'on l'aide, Subban a répété, lundi, qu'il est très ouvert aux conseils que tout coéquipier voudrait bien lui donner.

«Ce n'est pas évident pour un jeune joueur, encore davantage pour un jeune noir comme lui, d'arriver chez le Canadien, a fait remarquer Lemieux. Tu regardes alentour, et ce n'est pas comme si cinq ou six joueurs de race noire t'avaient tracé la voie.

«Et puis, a continué Lemieux, il est un joueur explosif qui parle peut-être trop ou qui essaie d'en faire un peu trop parce qu'il veut démontrer qu'il est confiant. Souvent la pression nous fait faire des choses qu'on regrette plus tard.»

Lemieux avait trouvé difficile de faire sa place à ses débuts chez le CH, vers la fin de la saison 1985-86, au sein d'un groupe de vétérans très fort, incluant les Bob Gainey, Larry Robinson, Bobby Smith, Mats Naslund et Rick Green.

«Ce n'était pas évident pour un petit Québécois de débarquer dans le vestiaire. Les vétérans formaient presque un syndicat. Je me rappelle que la première question que les journalistes m'avaient posé à mon premier camp d'entraînement, c'était si je pensais faire l'équipe. J'avais répondu: «ben oui. Ç'avait été mal vu par les joueurs, perçu comme de l'arrogance.»

Lemieux, un pugnace attaquant fort détestable pour ses rivaux, a également évoqué un incident peu de temps après sa venue dans l'équipe.

«J'avais fait un commentaire à voix haute dans le vestiaire, et j'avais entendu un vétéran répliquer: ''lui le jeune il est stupide'', ou quelque chose du genre.

«J'avais accroché ce vétéran dans un coin en sortant de la douche pour lui dire: «''Non je ne suis pas stupide, c'est juste que je ne sais pas comment dire les choses parfois''. Quand on est un jeune insécure, on peut mal s'exprimer ou dire des choses qu'on regrette.»