Les légendes qui ont pris part au match d'adieu de Guy Lafleur à Montréal, dimanche, réalisaient la chance qu'ils avaient, particulièrement Luc Robitaille pour lequel «Flower» a été une idole d'enfance.

«De participer à la dernière rencontre de Guy Lafleur, c'est quelque chose d'exceptionnel pour un Québécois comme moi qui l'a idolâtré», a affirmé Robitaille, digne représentant, à l'âge de 44 ans, de la génération qui a suivi les exploits du Démon blond.

«Je suis très content d'avoir fait le voyage de la Californie, a repris le dirigeant des Kings de Los Angeles. C'est le genre d'événements que tu te rappelles jusqu'à la fin de tes jours.»

Robitaille, le plus prolifique ailier gauche de l'histoire de la LNH avec 668 buts, a grandi dans les années 1970 en regardant la Soirée du hockey les samedis soirs. Yvan Cournoyer était son joueur favori, avant Lafleur.

«Le trio que Guy formait avec Steve Shutt et Jacques Lemaire était très explosif, à l'époque où le Canadien a gagné quatre coupes Stanley d'affilée», a-t-il évoqué.

Savard nostalgique

L'ancien joueur vedette des Blackhawks de Chicago, Denis Savard, était un brin nostalgique.

«J'ai adoré ma journée et c'est un honneur d'y avoir pris part. Mais c'est triste de voir que Guy ne rejouera plus après cette saison, a déclaré Savard. On vieillit tous, moi j'approche la cinquantaine; Guy la soixantaine. Ça prend de bonnes jambes, mais on les perd rapidement avec l'âge», a-t-il ajouté en riant.

Savard avait également Lafleur comme idole d'enfance. Il a eu l'occasion de l'affronter pendant plusieurs saisons dans l'uniforme des Blackhawks.

«Mon meilleur souvenir impliquant Guy Lafleur remonte au match des étoiles à Chicago en 1991, quand nous nous sommes retrouvés assis l'un à côté de l'autre dans le vestiaire.»

Savard aurait pu être le digne sucesseur de Lafleur, à titre de vedette francophone du Tricolore, si le Canadien l'avait sélectionné à la place de Doug Wickenheiser au repêchage de 1980.

«J'ai porté les couleurs du Canadien pendant trois ans et j'ai gagné la coupe Stanley (en 1993), a-t-il fait remarquer. Avec le recul, quand je fais le bilan de ma carrière, de 1980 jusqu'à aujourd'hui, je me dis que je ne changerais absolument rien.»

Gilbert Perreault et Marcel Dionne, des légendes de la même génération que Lafleur, étaient heureux des adieux que le public a réservés à un adversaire qu'ils ont grandement respecté.

«C'était le «bye bye» de Guy, et les gens ont bien répondu à l'appel, a mentionné Perreault. C'est amplement mérité pour Guy, qui a fait tellement de choses pour le hockey au Québec, et même au Canada. On n'a qu'à voir sa grande popularité.»

Dionne a acquiescé quand on lui a souligné qu'on venait de tourner une page importante de l'histoire du hockey.

«Guy a été un de mes plus grands compétiteurs, je suis proche de sa famille, de madame Lafleur - sa mère.

«Le hockey demeure un jeu et nous avons toujours un plaisir fou à se retrouver pour jouer des matchs semblables. Il va y en avoir un autre à Thurso, le patelin de Guy, la semaine prochaine, et un dernier à Québec en février. Mais aujourd'hui, nous avons tourné une grande page.»

L'ancien joueur de centre vedette des Kings de Los Angeles s'est dit assuré que le souvenir du célèbre numéro 10 va se perpétuer d'une génération à l'autre.

«La génération qui ne l'a pas vu jouer va en entendre parler, comme les générations précédentes ont entendu parler de Maurice Richard et de Jean Béliveau. On va continuer de montrer à la télévision tous les gros buts importants qu'il a réussis pendant sa carrière.»