Si Michael Cammalleri reçoit un salaire de 5 millions cette année et que le Canadien lui verse un total de 30 millions d'ici la fin du contrat de cinq ans avec lequel Bob Gainey l'a attiré à Montréal, c'est parce qu'il est capable de marquer.

Fort de ses 26 buts enfilés en 65 rencontres l'an dernier, mais surtout des 13 qu'il a ajoutés en 19 matchs de séries éliminatoires, Cammalleri a prouvé que sa réputation de franc-tireur est loin d'être exagérée.

Depuis quelques matchs, Cammalleri fait la preuve qu'un autre aspect de sa réputation n'est pas exagéré: son impatience qui fait vite surface lorsque la rondelle ne roule pas pour lui. Ou, pire, lorsqu'elle ne vient pas assez souvent vers lui.

Samedi, alors que le Canadien filait vers une victoire facile grâce, une fois encore, à l'épanouissement offensif de Tomas Plekanec, Brian Gionta et Andrei Kostitsyn, Cammalleri s'impatientait à la gauche de Scott Gomez et Travis Moen.

Cammalleri s'impatiente parce que depuis qu'il a perdu sa place avec Plekanec et Gionta, la rondelle ne vient pas aussi souvent de son côté. Résultat, les occasions de marquer sont plus rares. Et comme il n'a pas le compas aussi aiguisé que le printemps dernier, la lumière rouge brille moins souvent.

Cammalleri affiche sept buts et 15 points cette saison. Trois de ces buts et sept de ces points sont venus au cours d'attaques massives.

Depuis que Jacques Martin l'a confiné à la gauche de Gomez pour redonner l'occasion au frère André de «profiter» de Plekanec, Cammalleri s'est contenté de deux buts, dont l'un est le fruit d'un cadeau de Michael Komisarek lors de la dernière visite des Maple Leafs de Toronto. Deux buts, pas de passe et moins de temps en attaque massive parce que ce sont Plekanec, Gionta et Kostitsyn qui ont préséance.

La marmite a sauté

Quand un marqueur ne marque pas, qu'il n'obtient pas le temps d'utilisation en attaque à cinq dont il aimerait profiter et qu'il sent filer sous ses patins le statut qui lui permet de trôner dans le vestiaire, il arrive ce qui est arrivé en fin de deuxième période samedi: il perd patience. Cammalleri a évacué une partie de ses frustrations contre des petits joueurs des Sabres. La marmite a sauté et Travis Moen a dû s'interposer pour replacer le couvercle. L'ennui pour Moen, c'est qu'il a gagné le trifecta sur le jeu: deux minutes pour avoir été l'instigateur, cinq pour s'être battu et dix pour inconduite. Tout ça pour avoir éteint un feu allumé par Cammalleri.

De retour au banc des joueurs après avoir purgé sa pénalité en début de troisième, Cammalleri a sauté son tour quelques fois avant de reprendre sa place. Une façon de lui dire que l'équipe passe en premier. On veut bien. Mais lorsque la sirène a confirmé la victoire aux dépens des Sabres, Cammalleri était déjà au vestiaire avant que Carey Price ne reçoive ses premières félicitations.

À cause de Gomez

Si Cammalleri a perdu sa place à la gauche de Plekanec, il n'a que lui à blâmer. Pourquoi? Parce que, au lieu de trimer autant que son joueur de centre, il s'est laissé aller.

Après quelques avertissements, il a écopé.

Jouer avec Plekanec est un gage de succès chez le Canadien.

Limité à deux petits buts et trois points en 13 matchs passés à la droite de Scott Gomez, Brian Gionta affiche six buts et 12 points en 10 parties en compagnie de «Pleki».

Méchant contraste!

Un contraste dont Cammalleri a d'ailleurs profité avec deux buts et six points lors des cinq matchs disputés en compagnie de Gionta et Plekanec avant de perdre sa place au profit du frère André.

Et voilà qu'après une sieste qui a coïncidé avec sa mutation au sein du trio de Gomez, Kostitsyn vient de se réveiller avec deux buts et quatre points depuis qu'il a remplacé Cammalleri.

Un hasard? Pas du tout. Car contrairement à Plekanec, Gomez ne peut entraîner ses compagnons de trio. Il peine à se propulser lui-même.

Jacques Martin récompense ses attaquants en les associant à Plekanec et pénalise les autres en les confiant à Gomez. On veut bien. Sauf que Gomez ne pilote pas le quatrième trio du Canadien. Il pilote le deuxième. Et pour maintenir le rythme du début de la saison, il faudra que le deuxième trio contribue, au lieu de servir de purgatoire...