Jordan Caron avait 12 ans et évoluait dans les rangs pee-wee lorsque Sidney Crosby est débarqué en héros au Colisée de Rimouski. Trois ans plus tard, Caron endossait à son tour le chandail de l'Océanic alors que Crosby faisait déjà sensation dans la Ligue nationale de hockey.

À Pittsburgh, mercredi, il se préparait à affronter Sid de Kid pour la première fois de sa carrière alors que les Bruins de Boston rendaient visite aux Penguins à Pittsburgh.

«Il ne faut pas trop que j'y pense, mais c'est évident que c'est très spécial de savoir que je vais me retrouver contre lui sur la même patinoire ce soir. J'étais un fan de l'Océanic avant de jouer pour eux. J'avais un billet de saison et Sidney était, pour moi comme pour tous les jeunes de mon coin, une idole», racontait Jordan Caron lorsque joint par La Presse après l'entraînement matinal des Bruins.

L'ailier droit qui vient tout juste de célébrer ses 20 ans vivra un deuxième grand moment en deux jours alors que le Canadien de Montréal effectuera sa première escale de la saison au TD Garden de Boston.

«Je vais essayer de juste me concentrer sur le match de ce soir avant de penser au Canadien», a soutenu le jeune homme qui vit des moments forts en cascade depuis qu'il a fait le saut de la LHJMQ à la Ligue nationale il y a à peine un mois.

Dans l'ombre de Séguin

L'entrée en scène de Caron dans la LNH suscite beaucoup moins d'effervescence que celle de Crosby en 2005 au retour d'un lock-out d'une saison. Il n'y a pas eu de loterie pour orchestrer son arrivée. Et Garry Bettman n'a pas déroulé le tapis rouge pour le mener des gradins du Centre Bell à l'estrade où ont défilé tous les jeunes repêchés.

Même qu'à l'ouverture du camp des Bruins, toute l'attention était concentrée sur Tyler Séguin que Boston a repêché au 2e rang l'été dernier à Los Angeles après que les Oilers d'Edmonton eurent fait de Taylor Hall le tout premier choix de la cuvée 2010.

Séguin (3 buts, 2 passes) revendique deux points de plus que Caron après 11 matchs, mais Caron se profile lentement, mais sûrement dans l'ombre de son jeune coéquipier.

Même qu'à Boston, les collègues dressent des comparaisons flatteuses entre Caron et le jeune Patrice Bergeron qui a pris tout le monde par surprise il y a sept ans déjà en se taillant une place avec les Bruins dès son premier camp d'entraînement.

«Je suis arrivé au camp avec l'idée de tout donner. Je savais que les places étaient limitées et je savais aussi que Tyler aurait beaucoup d'attention. Je ne me considère pas du tout en compétition avec lui, mais je me suis certainement servi de cette situation comme facteur supplémentaire de motivation», a reconnu Caron.

Promu au sein du 2e trio

Si le tout jeune Seguin est promis à un brillant avenir, les Bruins se félicitent encore d'avoir mis la main sur le gros attaquant québécois avec la 25e sélection de la première ronde. Cette même soirée, le Canadien lui avait préféré Louis Leblanc avec la 18e sélection.

À Pittsburgh mercredi, Caron pivotait un 2e trio complété par Blake Wheeler et le vétéran Mark Recchi. Une promotion accordée au hockeyeur originaire de Sayabec - tout comme le médaillé d'or olympique David Pelletier en patinage artistique - en raison de la blessure subie par David Krejci.

«Je ne tiens encore rien pour acquis et je vais tout faire pour maintenir le rythme et rester avec les Bruins au lieu d'être renvoyé à Providence (Ligue américaine). Mais au-delà des trois buts que j'ai marqués je suis content de mon début de saison. L'équipe gagne. L'entraîneur me fait confiance et je suis bien accepté par les gars. C'est le fun de voir un gars comme Recchi - de 22 ans son aîné - prendre le temps de me parler au banc pour me donner des conseils et m'aider à faire ma place.»