La victoire obtenue à l'arraché, vendredi soir dernier à Long Island, avait mis la table. Puis, ont suivi deux revers consécutifs, dont un blanchissage à Columbus.

En l'espace de quelques jours, le brillant début de saison du Canadien avait perdu de son lustre.

«Parfois quand on a du succès, la nature humaine peut nous rendre complaisants, a expliqué Josh Gorges. On peut se mettre à tourner les coins ronds, à essayer des choses qu'on n'essaierait pas en temps normal. Comme si, dans la victoire, personne ne s'aperçoit ou ne s'inquiète de ces jeux qu'on met à l'essai.

«Mais bien vite, on se rend compte que le succès de l'équipe, comme le succès individuel, réside dans le fait de garder notre jeu intelligent.

«C'est à ce genre de jeu d'ensemble que l'on doit revenir. De toute façon, c'est lorsqu'on adopte un jeu collectif que chacun de nous a plus de succès.»

Si les hommes de Jacques Martin s'étaient laissés glisser en dehors du système de jeu, l'entraîneur les a sortis de leur zone de confort, hier à l'entraînement.

Martin a procédé à une série de changements à sa formation qui n'ont probablement pas plu à tout le monde. Mais qui, selon toute vraisemblance, seront mis en application pour le match de ce soir à Buffalo.

Kostitsyn et Eller à l'avant-plan

Martin n'a pas séparé les vétérans Scott Gomez et Brian Gionta, qui sont tous deux pris dans une fâcheuse léthargie. Il a plutôt choisi de démanteler son premier trio afin de placer Andrei Kostitsyn à leurs côtés.

«Kostitsyn n'est pas la solution; la solution vient des deux joueurs en panne eux-mêmes», a martelé l'entraîneur.

À l'aile gauche de Michael Cammalleri et Tomas Plekanec, c'est Lars Eller qui a pris la place de Kostitsyn - une combinaison que l'on avait vue en troisième période du match de mardi à Columbus.

«On a cassé ce trio-là parce que le trio de Jeff Halpern est notre meilleur depuis trois matchs et que les autres n'ont pas produit», a justifié Martin.

Il sera intéressant de voir comment réagira Kostitsyn, un joueur qui a toujours préféré la stabilité au changement.

Eller, lui, se réjouit que l'entraîneur n'ait pas hésité à lui faire confiance, en dépit de sa fiche d'un seul point en 12 matchs.

«Ça doit signifier que je fais quelque chose de bien et que l'entraîneur l'a identifié, a reconnu la recrue de 21 ans.

«Les points sont une chose, mais les chances de marquer et celles qu'on concède à l'adversaire sont aussi des données importantes. Est-ce qu'on fait les petites choses correctement? Est-ce qu'on évite le banc des pénalités?

«C'est sûr qu'au bout du compte, on en revient aux buts et aux mentions d'aide, mais ces choses-là découlent de tout ce qu'on a fait de bien auparavant.»

Jacques Martin n'a pas pris de détour pour indiquer ce qu'il attendait de son jeune attaquant.

«Eller a travaillé et il a joué nord-sud, ce qui est important pour lui, a expliqué Martin. S'il veut rester sur ce trio-là, il doit continuer de la sorte.

«S'il change, il va redescendre.»

Michael Cammalleri a salué l'arrivée d'Eller sur son trio en vantant ses aptitudes à aller au filet et à exercer de la pression en échec-avant.

«Sa présence près du but est quelque chose dont on a besoin», a dit Cammalleri.

Avantage numérique 2.0

Cette absence d'attaquants au filet, que ce soit à forces égales ou en avantage numérique, contribue à expliquer les récents déboires offensifs du Tricolore.

C'est donc dans le même esprit que les unités d'avantage numérique ont subi quelques modifications.

Sur la première unité, Andrei Kostitsyn et Brian Gionta auront le mandat de rester près du gardien adverse. Sur la seconde, Mathieu Darche alternera avec Benoît Pouliot avec le même objectif.

«Mon jeu, c'est d'aller au filet, c'est là que je marque des buts et j'aime ça être là», a indiqué Darche.

«De toute façon, si je ne vais pas devant le filet, je vais regarder les matchs tout près des journalistes!»

Mais plus frappant encore est le remplacement de P.K. Subban à la pointe par... Michael Cammalleri.

Le franc-tireur de 28 ans connaît certaines difficultés par les temps qui courent à toucher le filet, mais Jacques Martin l'a placé à la pointe aux côtés d'Andrei Markov.

«Je me souviens d'avoir joué quelques matchs à la pointe en avantage numérique, mais ça fait vraiment longtemps», a confié Cammalleri, qui reconnaît que l'attaque à cinq a besoin d'une étincelle.

Viendra-t-elle de cette nouvelle formule?