Trois jours depuis que Marc-André Fleury a accordé le but atroce à Scott Gomez pour permettre au Canadien de se sauver avec une victoire pas tout à fait méritée à Pittsburgh samedi.

Trois jours que la même question patine dans ma tête: à quoi auraient ressemblé les trois derniers jours si Carey Price - et non Fleury - avait offert ce beau sapin décoré de boules, de guirlandes et de lumières multicolores?

La réponse: imaginez le pire. Multipliez-le par deux. Et il y aurait encore un peu d'espace sous le plafond de la consternation, voire de la démence, pour faire place à l'avalanche de commentaires assassins attisés par ce mauvais but.

On aurait brûlé le chandail de Price devant le Centre Bell, peint le nom de Halak sur la grande croix surplombant le mont Royal et peut-être immolé symboliquement le directeur général Pierre Gauthier pour avoir préféré Price au gardien favori des partisans.

Tout ça avant même que les grands prêtres des ondes n'en rajoutent à compter d'aujourd'hui. Quoique, en raison de l'urgence de la situation, peut-être auraient-ils reporté leur congé de l'Action de grâces.

Cet autre psychodrame a été évité. Il a été balayé par les jambières de Carey Price qui a offert, samedi, une performance rappelant celles de Jaroslav Halak le printemps dernier lorsque le Canadien a éliminé les Penguins des séries éliminatoires.

Le grand responsable de la victoire de samedi, le grand responsable du fait que le Canadien n'arrivera pas devant ses partisans avec deux défaites consécutives sur le dos, c'est Carey Price.

Vrai que Michael Cammalleri a marqué deux fois. Vrai que Marc-André Fleury s'est montré une fois encore très - trop - généreux à l'endroit du Canadien, contre qui il semble perdre une partie de ses moyens.

Mais Price a été sensationnel samedi. Ses détracteurs, et Dieu sait qu'ils sont nombreux, ont parlé de chance. Ils ont aussi souligné que le deuxième but accordé aux Penguins était un vilain but.

C'est vrai. Price aurait dû mieux refermer sa jambière droite sur le tir de Mark Letestu. Et s'il l'avait fait, c'est une soirée de 37 arrêts sur 38 tirs qu'il aurait connue.

Mais contrairement à l'an dernier, Price ne s'est pas laissé abattre par ce mauvais but. Il s'est dressé au lieu de s'écraser. Et devant lui, ses coéquipiers n'ont pas lâché. Ce qui leur a permis de profiter du relâchement des Penguins et de la générosité de Fleury.

Quant à la chance, elle est comme la malchance. Elle vient et passe au rythme des matchs.

Les bons gardiens invitent la chance plus souvent que la malchance.

Et samedi, Price était très bon. Le meilleur de son camp.

De fait, le vrai chanceux dans le cadre du match de samedi est Scott Gomez. Malgré deux matchs très quelconques à Toronto et Pittsburgh, Gomez retrouvera ses partisans avec un but à sa fiche. Un but gagnant par surcroît.

Le CH aura besoin de bien plus que de ce but de la part du trio de Gomez, Gionta et Pouliot s'il ne veut pas être condamné à attendre des largesses comme celle offerte par Fleury samedi pour marquer, pour gagner.

C'est la leçon qu'on doit tirer des deux premiers matchs. Le Canadien, en dépit d'une bonne performance, s'est fait battre jeudi à Toronto. Il a eu besoin d'une performance «halakienne» de Carey Price et d'une remontée ô combien inattendue pour transformer un revers anticipé de 2-1 en victoire inusitée de 3-2.

Comme quoi il n'y en aura pas de facile encore cette année. Mais si Price garde les buts avec l'aplomb de samedi, tous les espoirs seront permis. À commencer par accéder aux séries...

Hanté par Halak

Peu importe l'aplomb affiché par Carey Price, il semble clair que le nom de Jaroslav Halak lui résonnera souvent dans les oreilles au cours de l'hiver. Halak a vu ses Blues lui faire cadeau d'une victoire hier. Un gain de 4-1 aux dépens d'Anaheim au cours duquel Halak n'a fait que 13 arrêts. Son nom vient toutefois tout en haut de la liste de meilleurs gardiens de la LNH avec une moyenne de 0,99 but alloué par rencontre et une efficacité de 95,5%...

Le diable est pris au New Jersey

Le début de saison de Martin Brodeur et ses Devils va chez le diable. Ils ont encaissé un troisième revers consécutif hier. Une défaite de 3-1 alors qu'ils se défendaient avec 15 patineurs et deux gardiens face aux Penguins. Martin Brodeur a accordé deux buts sur 30 tirs. Sa meilleure sortie des trois. Il a amélioré à 4,11 sa moyenne de buts accordés par match - elle était de 5,29 avant la partie - et son efficacité est passée de 81,3% à 85,9%. Les amateurs des Devils les ont hués dimanche, mais ils n'ont pas offert à Brodeur une ovation après un arrêt de routine. «Only in Montréal», comme ils disent aux quatre coins de la LNH...