La nomination de Brian Gionta à titre de capitaine du Canadien n'a surpris personne. Surtout pas Lou Lamoriello.

«Non, cette décision ne me surprend pas, a lancé Lamoriello depuis son bureau du New Jersey, lorsque joint au téléphone par La Presse. Brian Gionta n'est pas seulement un très bon joueur de hockey, c'est aussi une très bonne personne. C'est un homme qui est intelligent, qui est demeuré humble. Honnêtement, il est l'un des joueurs les plus impressionnants à avoir joué pour nous au fil des ans.»

Lou Lamoriello sait très bien de quoi il parle. C'est lui qui a repêché le joueur de 31 ans à la sélection de 1998. Le directeur général des Devils avait Gionta dans sa ligne de mire depuis quelques années déjà, l'ayant vu aller dans le chandail de l'Université Boston College. Finalement, les Devils se sont servi de leur troisième choix au repêchage de 1998 pour mettre la main sur Gionta.

«Je me souviens que cette journée-là, un de mes assistants était venu me voir pour me dire de choisir Brian, parce qu'il n'allait plus être disponible pendant bien longtemps encore... C'est ce qu'on a fait, et on ne l'a jamais regretté. Malgré sa petite taille, il a toujours été un leader. Le gars qu'on avait vu jouer à l'université, on l'a retrouvé plus tard chez les pros. Peu importe ses succès, il est demeuré le même, le genre à être content quand les autres réussissent, le genre à penser à ses coéquipiers en premier.»

Tous ceux qui connaissent Brian Gionta le savent: la grosse tête, ce n'est vraiment pas son genre. On entre dans le vestiaire du Canadien, et qui est toujours là pour répondre à nos questions, pour jaser de tout et de rien avec un coéquipier? Lui.

Pas pour rien que la direction du Canadien l'a choisi. Ce type est un vrai gars d'équipe, qui joue avec intensité et qui pense toujours au club avant de penser à lui.

«Il y a quelques années, on travaillait avec Brian et son agent sur la signature d'un nouveau contrat, a raconté Lou Lamoriello. Notre camp d'entraînement s'est ouvert et Brian n'avait toujours pas d'entente. Eh bien, il s'est quand même présenté et il n'a pas dit un seul mot parce qu'il ne voulait pas que cette histoire nuise à l'équipe. Il ne voulait pas être une distraction. Ça vous montre un peu le genre de gars qu'il est. Le Canadien a fait un excellent choix.»

Au fil de notre conversation, Lou Lamoriello a dû vanter les mérites de Gionta pendant au moins 10 minutes. Ce qui m'a mené à cette question toute simple: mais alors, Lou, pourquoi ne pas l'avoir gardé avec vous au New Jersey?

«Nous ne voulions pas le perdre... Mais il était joueur autonome, et le Canadien lui a fait une offre qu'il ne pouvait pas refuser. Je comprenais ça. Pour nous, c'était une décision financière avant tout. On aurait bien aimé le garder, mais financièrement, ce n'était pas possible.»

Lamoriello et les Devils peuvent toujours se consoler; le capitaine de leur club-école à Albany est un certain Stephen Gionta. Oui, le frère de l'autre. S'il est aussi intense que Brian, ça va être quelque chose...

Une nomination sur Twitter

Capitaine du club de hockey Canadien, on s'entend, ce n'est quand même pas rien. Pour un joueur de hockey, c'est gros. C'est suivre les traces de toutes ces anciennes gloires qui ont porté le C au fil du temps, suivre ces légendes qui ont marqué le club de manière indélébile (sauf peut-être Mike Keane, mais bon, passons).

Alors, pourquoi le Canadien a-t-il choisi d'annoncer platement la bonne nouvelle hier matin sur Twitter, puis dans un communiqué de presse tout ce qu'il y a de plus ordinaire, comme si Gionta venait de remporter la deuxième tranche de la Coupe Molson?

Des fois, cette organisation est un peu dure à suivre.