Il n'y a pas que les partisans du Canadien qui devraient respirer par le nez (merci pour l'inspiration, Carey Price). À bien y penser, les partisans des futurs Nordiques de Québec devraient peut-être faire la même chose.

À Québec, tout le monde parle du retour des Nordiques comme si c'était déjà fait. Une immense marche a été prévue dans les rues de la ville le 2 octobre, et on s'attend à ce que des milliers de personnes s'y pointent pour appuyer la cause.

Seulement voilà, il y a un petit problème: Gary Bettman ne semble pas pressé de déménager un de ses clubs.

Depuis New York, notre commissaire favori était en conférence téléphonique avec les médias, hier après-midi. L'idée, c'était de jaser de la nouvelle téléréalité du réseau américain HBO, qui mettra en vedette les gars des Penguins de Pittsburgh et des Capitals de Washington. Rien de bien palpitant, mais entre deux «plogues», le commissaire a jasé un peu de hockey. Et, par la bande, de relocalisation, ce qui devrait intéresser les gens de Québec.

Remarquez, Bettman n'a pas dit «Nordiques» ou «Québec» une seule fois lors de cette conférence. Quand même, ses commentaires devraient freiner l'enthousiasme de ceux qui s'imaginent que Québec aura un club dans un an.

Voyez un peu ce qu'il a dit à un journaliste qui lui a demandé de commenter la renaissance des Penguins à Pittsburgh...

«C'est pourquoi on ne quitte pas une ville à toute vitesse dès qu'il y a des problèmes, a répondu Bettman. Au cours des dernières années, certains clubs ont éprouvé des difficultés financières, dont Pittsburgh, Buffalo et Ottawa il y a huit ou 10 ans. Des difficultés qui ne sont pas sans rappeler les ennuis des Coyotes de Phoenix. Dans de tels cas, l'abandon constitue toujours la dernière de toutes les options. On n'abandonne pas (nos équipes) à moins de ne plus avoir le choix.»

Toujours en parlant de la renaissance des Penguins, le commissaire a ajouté ceci: «On a décidé de ne pas abandonner Pittsburgh et on voit maintenant les résultats. Il y a un avenir reluisant pour cette équipe, avec un tout nouvel aréna. Les choses vont très bien à Pittsburgh. C'est pourquoi on fait ce qu'on fait quand il y a des équipes en difficulté.»

Insistons encore: en près de 30 minutes au téléphone hier, Gary Bettman n'a jamais parlé des Nordiques. Pas une fois. Mais ses propos viennent nous rappeler un petit détail, qu'on a tendance à oublier quand on s'emporte en enfilant un chandail bleu avec un gros N rouge sur la poitrine: le déménagement d'une franchise ne fait pas partie des priorités immédiates de Gary Bettman. Pas plus qu'un projet d'expansion.

Dans la LNH, le dernier déménagement remonte à 1997, quand les Whalers ont quitté Hartford pour la Caroline-du-Nord. Le dernier déménagement d'un club américain en terre canadienne remonte à encore plus loin, 1980 plus précisément, quand les Flames d'Atlanta ont pris la direction de Calgary.

Les fins observateurs auront d'ailleurs remarqué que dans cette ligue, on ne revient pas au Canada si facilement. Parlez-en aux bonnes gens de Winnipeg, qui ont un nouvel aréna au centre-ville depuis 2004... mais toujours pas d'équipe de la Ligue nationale pour y patiner.

C'est vrai, les fans des Predators, Thrashers, Islanders et autres Panthers ne se bousculent pas aux guichets. Pendant ce temps, sur Twitter, le groupe québécois J'ai ma place affirme que plus de 2500 sièges ont déjà été réservés pour le nouveau Colisée.

Cela ne vient toutefois pas masquer l'inexorable: c'est Gary Bettman qui a vendu aux gouverneurs de la LNH l'idée d'une ligue forte et prospère en sol américain, même dans le Sud. Le transfert d'une de ces équipes à Québec serait donc pour lui un constat d'échec. Un constat d'échec qu'il n'est pas prêt à faire, visiblement.