Les quelques recruteurs d'équipes de la LNH sondés hier à propos de l'échange de Jaroslav Halak sont plutôt unanimes: ils sont surpris que le Canadien n'ait pas obtenu davantage en retour d'un gardien numéro un, surpris qu'on ait échangé Halak plutôt que Price, mais ils conviennent tous que le jeune Lars Eller deviendra un joueur de qualité dans la Ligue nationale.

Quant à l'autre jeune joueur obtenu dans la transaction, Ian Schultz, les commentaires sont nettement moins favorables et on dit qu'il n'était plus dans les plans des Blues de St.Louis.

Les trois recruteurs, deux qui oeuvrent au niveau amateur dans l'Ouest et l'autre au niveau professionnel dans l'Est, ont accepté de nous parler uniquement sous le sceau de la confidentialité parce que leurs patrons leur interdisent de commenter publiquement sur les joueurs des autres clubs.

«La situation contractuelle a sûrement pesé dans la balance parce que Halak a montré qu'il était un numéro un dans la Ligue, mentionne le premier. Je trouve que les Blues n'ont pas donné beaucoup pour obtenir un gardien numéro un. Je suis d'ailleurs surpris du marché pour les gardiens en général, pas juste pour Halak. C'est vrai qu'ils auraient pu avoir seulement un choix de deuxième ronde pour lui au début de la saison et que maintenant ils obtiennent un choix de première et un choix de troisième, mais est-ce suffisant? On verra dans quelques années.

«Ce ne sont pas des joueurs établis comme David Backes, T.J. Oshie ou David Perron. Ce n'est pas Erik Johnson.»

Un bon espoir

Le second recruteur abonde dans le même sens. «Il me semble qu'on devrait donner davantage pour un gardien numéro un, mais nous n'en cherchons pas, donc je ne connais pas exactement le marché. J'imagine que ça ne se fait plus d'échanger un joueur établi ou l'un des meilleurs espoirs de la LNH pour un bon gardien. Eller est cependant un bon espoir. Ce n'est pas Anze Kopitar mais il deviendra un très bon joueur dans la Ligue nationale, qui pourra jouer au sein des deux premiers trios. Il a été l'un des bons joueurs au Championnat mondial junior. Je ne sais pas s'il sera aussi bon que Saku Koivu a pu l'être, par exemple. Disons que je le situe une coche en-dessous de lui ou de Tomas Plekanec. Un gars capable d'amasser entre 50 à 70 points, peut-être un peu plus. Il devrait faire le club l'an prochain et avoir un certain impact.»

Le premier dépisteur dit ne pas avoir vu Eller à l'oeuvre lors des deux dernières saisons, bien qu'il ait reçu des rapports à son sujet. «Je peux cependant parler de son année d'éligibilité en 2007, alors qu'il a été repêché au 13e rang de la première ronde par les Blues. C'est principalement un fabriquant de jeu, talentueux, avec de bonnes mains et une vision du jeu, un bon athlète, pas très robuste à ce moment-là mais on m'a dit que ça s'était amélioré depuis. En 2007, on l'avait un peu plus bas que 13e, mais il était dans nos 20 premiers.

«Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un joueur qui me fait saliver, poursuit-il, mais c'est un joueur de talent, aucun doute là-dessus. Ses 57 points en 70 matchs dans la Ligue américaine, c'est impressionnant pour une recrue. En termes d'habiletés offensives, le plafond est assez haut dans son cas. Centre numéro un? Il a certainement un potentiel de centre numéro deux. Peut-être numéro un s'il a développé son caractère.»

Pourquoi Halak?

Ce même recruteur est surpris que le CH ait choisi de se départir de Halak plutôt que de Price. «Ça n'a pas dû être une décision facile. Carey Price a du talent, mais il n'a pas connu une grosse saison. L'un a une fiche de 13-23, l'autre a mené l'équipe jusqu'en finale d'Association.

«On dit à ses coéquipiers que ça ne dérange pas ce que l'un a accompli, qu'on croit encore en l'autre. Mais je ne connais pas les dynamiques à l'interne. La seule chose que je peux dire, c'est que Halak est clairement un numéro un dans la Ligue.

«J'ai des doutes sur Carey Price après ses deux dernières saisons mais si on m'avait posé la question il y a deux ans, j'aurais répondu sans l'ombre d'un doute Price. Peut-être a-t-il retrouvé le droit chemin? Les entrevues de fin de saison semblaient démontrer que ses coéquipiers s'étaient rangés derrière lui dans les deux derniers mois de la saison. C'est de bon augure. Et il est trois ans plus jeune.»

«Habituellement, on va avec le gars qui gagne, dit le second dépisteur. Les dirigeants ont peut-être pensé que les succès de Halak étaient dus à la chance et qu'avec son gabarit, il ne pourrait pas être un numéro un sur une longue période.»

Le troisième et dernier recruteur, qui croit lui aussi que les Blues auraient pu donner davantage, n'a pas une grande estime d'Ian Schultz. «On voulait à un certain moment l'acquérir pour remplir éventuellement un rôle de dur à cuire mais un de nos hommes de hockey qui le connaissait bien nous l'a fortement déconseillé. Il n'était plus dans les plans des Blues. Il manquait à St.Louis un gardien comme Halak. Ils doivent être très heureux de leur échange. Nous, ça ne nous plaît pas de le voir arriver dans notre Association...»