L'ancien patron de Guy Boucher chez les Voltigeurs de Drummondville, le DG Dominic Ricard, avoue être étonné par la progression fulgurante du jeune entraîneur de 38 ans.

«J'ai toujours cru qu'il avait les aptitudes pour diriger un jour un club de la Ligue nationale, mais son ascension est plus rapide que prévu, a-t-il dit hier après-midi. À ce temps-ci de l'année, il y a deux ans à peine, on espérait repêcher le défenseur Dimitry Kulikov parce qu'on voulait redevenir compétitifs après avoir connu une saison de 33 points, au dernier rang du classement de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Deux ans plus tard, Guy devient entraîneur à Tampa Bay et Kulikov est un défenseur établi avec les Panthers de la Floride...»

Le Lightning n'a pas encore confirmé l'embauche de Boucher mais tout indique que ça sera fait dans les prochains jours, si ce n'est aujourd'hui.

Ricard, qui a travaillé étroitement avec Boucher pendant trois ans à Drummondville, n'est pas étonné que celui-ci ait préféré le Lightning de Tampa Bay aux Blue Jackets de Columbus.

«Steve Yzerman a été une idole pour Guy. Il l'a toujours beaucoup respecté. Sans oublier son lien avec Mike Babcock et les Red Wings de Detroit, l'ancienne organisation d'Yzerman. Les partenaires de travail sont importants pour Guy et ça va lui apporter beaucoup de confiance et de sécurité en partant d'être en territoire plus connu. Il va bien s'entendre avec Steve Yzerman. Tampa et Columbus ont beaucoup de jeunes joueurs de talent, mais il y a en plus à Tampa des joueurs dans l'organisation qui ont gagné la Coupe Stanley, ce que Columbus n'a pas. Et parmi eux, il y a des Québécois.»

À Columbus, on se demandait, au moment où l'on croyait l'embauche de Guy Boucher possible, si son système de jeu unique allait fonctionner dans la LNH. La question fait sourire Ricard.

«C'est vrai que son système de jeu en zone défensive est différent. Il n'y a pratiquement pas de défenseur devant le filet, ils sont plutôt constamment dans les coins de patinoire à pourchasser le porteur de la rondelle. Mais pour le reste, collectivement, il n'y a pas de choses extrêmement différentes des autres. Par contre, tous les joueurs qu'il dirige appliquent son système. C'est sa grande force. Guy travaille beaucoup au chapitre individuel. Il va s'assurer que chacun est en confiance dans son rôle et le comprend bien. C'est surtout dans son approche avec les joueurs qu'il est différent.

«Le fameux 1-3-1 (un joueur en échec-avant, trois en zone centrale et un à l'arrière) dont les médias de Columbus parlaient, c'est un échec-avant en zone neutre comme plusieurs équipes le pratiquent, a poursuivi Ricard. Ça s'utilise en Europe et dans la Ligue nationale depuis qu'il n'y a plus de ligne rouge. C'est comme quand on parle de la trappe de Jacques Lemaire. La trappe, c'est du 1-2-2. De nombreuses équipes jouent le 1-2-2, c'est juste que Jacques Lemaire a le tour de corriger le petit détail et de convaincre les joueurs d'exécuter ce système.»

Guy Boucher aura-t-il du succès avec les vétérans du Lightning, lui qui a surtout travaillé avec des jeunes? «Guy travaille beaucoup sur la motivation intrinsèque et les objectifs personnels, a répondu Ricard. Qu'on soit un joueur plus jeune ou plus vieux, ce qu'on veut d'un entraîneur, c'est qu'il s'occupe de nous et fasse de nous un meilleur joueur. Aucun joueur ne va refuser de l'aide. Et Guy s'occupe de tout le monde dans l'organisation de façon à ce que tous s'épanouissent. C'est un entraîneur très ouvert, il est au service de l'athlète. Lui fermer la porte serait stupide.»

Dominic Ricard se souvient encore très bien de l'interview qu'il a réalisée avec Boucher avant de l'embaucher. «J'étais avec Denis Fugère, notre dépisteur en chef qui est aujourd'hui dépisteur avec les Kings de Los Angeles, et Louis Brousseau, notre gouverneur. L'entrevue avait été extraordinaire. Guy était très rafraîchissant. On sentait que ça pouvait donner un nouveau souffle à notre organisation. Aussitôt qu'on lui donne la chance de s'exprimer sur sa philosophie et sa façon de travailler, c'est sûr qu'il nous accroche. Ce n'est pas un ancien joueur de la LNH, ce n'est pas un ancien pro, mais il a percé à 38 ans dans la Ligue nationale parce qu'il est différent. On laisse les gens indifférents quand on répète ce que les autres disent. Mais quand on est différent et qu'on a des convictions comme lui en a, on ne laisse personne indifférent.»