Bien que Ian Laperrière soit revenu au jeu samedi à la suite d'une contusion au cerveau qui aurait pu mettre fin à sa carrière, le match de lundi soir à Philadelphie allait revêtir un cachet bien spécial pour le Montréalais de 36 ans.

Car Laperrière n'a pas oublié l'ovation que lui ont accordé les partisans des Flyers, il y a deux semaines et demie, après qu'on eut montré une vidéo le mettant en vedette à l'écran géant du Wachovia Center. À ce moment-là, le vétéran vivait ses moments les plus sombres. Il n'avait aucune idée de ce que l'avenir lui réservait.

Il prévoyait donc savourer au maximum ce retour devant des partisans qui l'ont ainsi choyé.

«Tu ne joues pas pour recevoir des ovations, mais quand ça arrive, c'est pas mal «cool', a commenté Laperrière, lundi, après l'entraînement matinal des Flyers. C'est quelque chose dont je me souviendrai toute ma vie. Je me rappelle que notre responsable des relations médias m'avait dit à ce moment-là, «Ils vont te donner une ovation, ils t'adorent ici». Et je lui avais répondu, «Voyons donc, je suis ici depuis seulement sept mois...» Quand c'est arrivé, c'était une belle sensation.

«Et quand (les médecins) m'ont dit que j'avais des chances de revenir, je me suis dit qu'il serait plaisant de jouer devant nos partisans à ce temps-ci de l'année, avec la foule qui est encore plus motivée. J'ai vu comment elle est depuis la galerie de presse, je devenais fou à ne pouvoir rien faire, sans pouvoir aider mon équipe, a ajouté Laperrière. Quand la bonne nouvelle est finalement tombée, j'étais juste content d'avoir de nouveau la chance de jouer devant nos partisans.»

Au début du match de samedi au Centre Bell, Laperrière a eu droit à plusieurs coups au visage lors d'une escarmouche avec le défenseur du Canadien Roman Hamrlik. L'attaquant des Flyers avait déclaré après la rencontre que cet incident lui avait permis de le rassurer sur son état de santé.

Lundi, Laperrière a affirmé qu'il n'avait aucune crainte de recevoir à nouveau ce genre de coups lors du cinquième match, puis des suivants si nécessaire.

«Non. Croyez-moi, si je me retrouve dans une situation où je vais être forcé de recevoir des coups, je ne vais pas reculer, a-t-il souligné. Si j'ai peur de ça, aussi bien prendre ma retraite, parce que je ne serais pas efficace.

«C'est la même chose quand les gens me demandent pourquoi je suis revenu aussi vite, que je n'ai pas attendu à la saison prochaine... Eh bien, si je suis correct maintenant, pourquoi attendre à la saison prochaine? Si je ne peux pas revenir maintenant, aussi bien ne pas revenir du tout. C'est pourquoi je suis de retour.

«Si c'était arrivé à la mi-décembre, j'aurais peut-être pris mon temps un peu plus, mais vu que j'ai cette chance d'avancer (en finale)... Je ne me suis jamais rendu aussi loin dans les séries avec une équipe, ça m'a pris 15 ans avant de me rendre ici. Alors c'est une opportunité que je ne voulais pas manquer.»

Laperrière porte un protecteur complet en ce moment et il a indiqué que c'est maintenant décidé: il portera une visière partielle la saison prochaine. Que ce soit bien accepté ou non au sein de la confrérie des joueurs qui jouent avec une «mentalité de guerrier», il s'en fout maintenant.

«Une chose est certaine, cette blessure m'a fait oublier cette mentalité de guerrier. Après ma première blessure, quand j'ai reçu une rondelle au visage en novembre, Craig Berube, l'un des joueurs les plus durs à avoir joué au hockey, est venu me voir pour me dire que je devrais peut-être commencer à porter une visière. Je me souviens que je lui avais répondu que je ne pouvais pas, parce que j'avais une mentalité de guerrier. Je lui avais dit que je suis dur, je veux jouer comme un dur et avoir l'air d'un dur.

«Mais après la deuxième blessure, je n'ai pas hésité une seule seconde. C'est sûr et certain que je vais porter une visière (partielle) la saison prochaine.

«D'ailleurs, le marché conclu avec les médecins, c'est que je pouvais revenir cette saison, mais seulement si je portais le protecteur complet. C'est un marché qui a été plutôt facile à accepter.»