Les performances de la filière francophone des Flyers depuis le début des séries font parfois oublier qu'il y a un autre attaquant de premier plan à Philadelphie. Mike Richards occupe actuellement le premier rang des compteurs de son club avec 18 points - à égalité avec Daniel Brière -, et les Flyers font la même chose que ce que font généralement les équipes de l'attaquant originaire de Kenora : ils gagnent.

«(Richards) n'a pas un talent qui saute aux yeux, mais c'est le type de joueur qu'on veut avoir sur la patinoire dans les derniers instants d'un septième match, c'est un gagnant», a confié un dépisteur au Hockey News quelques mois avant le repêchage de 2003. Richards lui donne raison depuis.

Les succès du centre de 25 ans ont commencé dans les rangs juniors chez les Rangers de Kitchener, avec lesquels il a remporté la Coupe Memorial en 2003. Il a ensuite gagné deux médailles avec l'équipe canadienne au Championnat mondial junior, dont une d'or comme capitaine, en 2005.

Son bref séjour dans la Ligue américaine s'est limité à 14 matchs de séries en 2005, mais il a aidé les Phantoms de Philadelphie à remporter la Coupe Calder. Cet hiver, il a ajouté une médaille d'or olympique à sa collection, formant ce qui était probablement le meilleur trio du Canada en compagnie de Jonathan Toews et Rick Nash.

«Il est un excellent leader pour nous. Plus le match est important, plus l'enjeu est grand, meilleur il est», a estimé l'entraîneur-chef des Flyers, Peter Laviolette.

«Je pense qu'on ne risque pas de se tromper en disant qu'ainsi va Mike, ainsi va notre équipe», a résumé Chris Pronger.

Malgré sa feuille de route et les accolades qu'il reçoit, Richards est un joueur étonnamment timide. «Je ne saurais même pas vous expliquer pourquoi mes équipes ont obtenu autant de succès, nous a-t-il confié en entrevue cette semaine. Je sais que j'aime être sur la patinoire quand la pression est à son comble. Je m'en mets beaucoup sur les épaules. J'adore jouer en séries, l'ambiance, le bruit de la foule, la pression, c'est nettement la période de l'année que je préfère.»

Un joueur complet

Simon Gagné est l'ailier gauche de Richards depuis quelques saisons déjà et il ne tarit pas d'éloges à l'endroit de son compagnon de trio.

«C'est un gars qui est très discret. Il s'adresse aux joueurs aux bons moments, mais c'est un capitaine qui montre l'exemple sur la patinoire. Et c'est très facile de le suivre, car c'est contagieux de le voir aller. Les autres joueurs n'ont pas le choix d'élever la qualité de leur jeu», a expliqué Gagné, qui souligne la grande polyvalence de Richards.

«Il apporte tellement de choses à notre équipe. On peut l'utiliser dans toutes les situations, en avantage numérique, en désavantage numérique, contre les meilleurs attaquants de l'équipe adverse, contre leurs meilleurs joueurs défensifs...»

Richards a été finaliste au trophée Selke en 2009, mais les Flyers croient que son jeu défensif ne reçoit pas la publicité qu'il mérite.

«Il est l'un des responsables de notre succès en séries grâce à sa contribution offensive, mais je pense qu'on oublie parfois à quel point il est bon défensivement», a souligné Pronger.

Laviolette a abondé dans le même sens que son défenseur. «Il est l'un des centres les plus complets de la ligue. Il est très doué offensivement, mais on peut également l'opposer aux meilleurs joueurs adverses en toute tranquillité d'esprit.»

La réincarnation de Bobby Clarke

Richards est solide dans les deux sens de la patinoire, mais c'est une autre facette de son jeu qui fait jaser: sa robustesse, particulièrement ses percutantes mises en échec - qui sont parfois à la limite de la légalité.

Or, même si ses mises en échec - surtout celle à l'endroit de David Booth - ont convaincu certains observateurs de lui apposer l'étiquette de joueur salaud, Richards ne changera pas son style de jeu pour autant.

«Je comprends très bien qu'un coup d'épaule peut changer le cours d'un match ou d'une série (sa mise en échec contre David Krejci, des Bruins de Boston, lors de la ronde précédente en témoigne). On insiste toujours sur l'importance de terminer nos mises en échec au sein de notre équipe et si je ne le fais pas, je ne peux pas demander aux autres joueurs de le faire», s'est-il défendu.

En raison de son style de jeu - joueur complet, talentueux, combatif, au mieux de sa forme dans les grands moments -, Richards est souvent comparé à un autre ancien capitaine des Flyers, Bobby Clarke.

«Monsieur Clarke est tellement admiré et respecté à Philadelphie que les comparaisons ont facilité mon arrivée chez les Flyers. Les partisans m'ont accueilli à bras ouverts parce qu'on disait que je pratiquais un style de jeu qui ressemblait au sien.»

Aujourd'hui président de l'équipe, Clarke reste dans l'entourage de l'équipe. Et Richards apprécie la présence de «monsieur Flyers».

«C'est vraiment agréable de pouvoir discuter avec lui et de recevoir ses conseils, car il a à peu près tout vécu dans le monde du hockey. On a une bonne relation, il m'a aidé à améliorer plusieurs aspects de mon jeu.»

Comme Clarke, Richards est un joueur que l'adversaire déteste affronter, mais sur lequel bien des équipes aimeraient pouvoir compter. Car l'objectif du jeu est de gagner et, décidément, Richards sait comment y arriver. Même si la recette ne fait pas toujours l'unanimité.