Les partisans du Canadien seraient avisés de se trouver une nouvelle cible s'ils ont en tête de prendre à partie Daniel Brière, jeudi, à l'occasion du troisième match de la finale de l'Est contre les Flyers de Philadelphie.

«Passer le message qu'ils (les partisans) peuvent continuer de huer Daniel», a lancé à la blague Simon Gagné aux journalistes québécois, mercredi, peu de temps après l'arrivée de l'équipe dans la Métropole.

C'est que Brière dit puiser une bonne dose de motivation additionnelle dans la réaction négative des amateurs à son endroit.

«J'accepte ça comme un compliment, a déclaré le Gatinois. Quand on vous hue à l'étranger, ça veut dire que vous faites quelque chose de bien. C'est un honneur. C'est flatteur.»

Les partisans du Tricolore n'ont pas pardonné à Brière d'avoir préféré l'offre contractuelle des Flyers à celle de leur équipe, à l'été 2007. Ils lui font sentir à chacune de ses présences sur la glace du Centre Bell.

Ça n'a pas empêché Brière et les Flyers de vaincre le Canadien en demi-finale d'association en 2008. Cette saison, Brière a réussi un tour du chapeau au dernier match de l'équipe à Montréal en février.

Gagné et lui font flèche de tout bois en séries, ayant été des rouages importants dans la remontée historique de l'équipe face aux Bruins de Boston.

Les Flyers ont gagné leurs six derniers matchs et ils ont marqué 13 buts d'affilée depuis qu'ils ont accusé un retard de 3-0 au score dans la septième rencontre de la série contre les Bruins.

Malgré cela, l'entraîneur Peter Laviolette affichait un air de joueur de poker insatisfait des cartes qu'il a dans les mains quand il a pris place devant la presse au Centre Bell, en début de soirée.

«Nous devrons connaître un meilleur début de match qu'on a connu dans les deux premiers, a-t-il souligné. Notre première période mardi a été notre pire des six jouées dans la série jusqu'à maintenant.»

Gagné et Brière vont s'assurer que leurs coéquipiers «évitent le piège» de verser dans un excès de confiance.

«C'est facile pour nous de garder les pieds solidement sur terre, a affirmé Gagné Nous ne sommes pas satisfaits de notre performance de mardi, surtout à cinq contre cinq. Notre jeu de puissance a fait la différence et nous devons une fière chandelle à notre gardien (Michael Leighton).»

Brière est allé jusqu'à dire que les Flyers n'ont pas été l'ombre d'eux-mêmes face au Canadien, en comparaison avec le rendement qu'ils ont affiché contre les Devils du New Jersey et les Bruins.

«Nous avons connu une baisse de régime normale sur le plan émotif après notre victoire contre les Bruins. Le Canadien a sans doute expérimenté la même chose après avoir éliminé les Capitals et les Penguins.»

Gagné a dit avoir très hâte de vivre une première expérience en séries à Montréal contre le Canadien, à l'âge de 30 ans. Il était absent, il y a deux ans, en raison d'une commotion cérébrale.

«J'ai grandi à deux heures de route d'ici, à Québec, et je me rappelle de la rivalité Canadien-Nordiques, a-t-il commenté, en disant qu'il était un fervent partisan des Nordiques. Pour moi, c'est comme venir jouer chez moi. J'aurais voulu affronter les Nordiques à Québec. Disons que le Canadien les remplace.»

Brière a savouré sa première expérience en séries face au CH, en 2008, d'autant plus que les Flyers avaient raflé les honneurs en signant quatre victoires de suite. Si on ajoute les deux gains de cette année, les Flyers vont tenter, jeudi, de savourer un septième succès d'affilée.

«On s'attend à ce que le Canadien sorte très fort devant ses partisans, surtout au cours des cinq ou 10 premières minutes de jeu, a mentionné Brière. Nous devrons être efficaces à cinq contre cinq et éviter les pénalités.

«Nous sommes heureux d'être en avant 2-0, mais nous devrons afficher un plus grand sentiment d'urgence à Montréal, a soulevé Brière, en faisant écho au message qu'a lancé Laviolette. Ce ne sera pas suffisant si nous jouons comme on l'a fait à Philadelphie.»

Gagné a souligné qu'on devra mieux protéger le gardien Leighton, qui est en état de grâce en n'ayant pas concédé de but en 165 minutes 50 secondes d'action.

Le Canadien sera dans le pétrin si Leighton, comme le bon vin, s'améliore en viellissant, parce que le gardien a célébré son 29e anniversaire de naissance, mercredi.

«Un peu de repos», a-t-il répondu quand on lui a demandé ce qu'il souhaitait comme cadeau.

Sérieusement, Leighton a admis qu'il doit se pincer parfois afin de réaliser ce qu'il accomplit. Il a raconté qu'au lendemain du match numéro sept contre les Bruins, son épouse l'a ramené à la réalité en voyant qu'il avait la tête ailleurs.

«J'essaie de rester dans le moment présent et d'aborder les journées une à la fois, a-t-il expliqué. Ce match numéro sept à Boston a été le plus important de ma carrière. Le troisième match contre le Canadien, jeudi, ne vient pas loin derrière. Il y a une énorme différence entre prendre les devants 3-0 dans la série ou voir le Canadien faire 2-1.»