N'allons pas éliminer les Red Wings de Detroit trop rapidement.

Mais force est d'admettre qu'il leur faudra presque un miracle pour surmonter un déficit de 3-0 dans leur série contre les Sharks de San Jose, d'autant plus que Joe Thornton semble enfin sorti de sa torpeur.

Si le miracle ne se produit pas, ils seront plusieurs à prédire la fin du cycle de domination des Red Wings.

Le défenseur Nicklas Lidstrom vient d'avoir 40 ans. Brian Rafalski a 35 ans. Ils constituent la première paire de défenseurs du club. Lidstrom est vague lorsqu'on aborde avec lui la question de la retraite. Son départ laisserait un vide énorme, il va sans dire.

Le noyau à l'attaque est encore intéressant. Henrik Zetterberg a 28 ans, Pavel Datsyuk, 31 ans. Valtteri Filppula a 25 ans et il montre une belle progression. Jiri Hudler sera de retour l'an prochain. Johan Franzen a 29 ans. Si Lidstrom connaît une baisse de régime l'an prochain, ou s'il quitte carrément l'équipe, il faudra voir si Niklas Kronwall est prêt à assumer un rôle plus important. Kronwall est bourré de talent, mais souvent blessé. Le jeune Jonathan Ericsson a connu une saison plus difficile cette année.

Devant le filet, la recrue Jimmy Howard a connu une brillante saison. Il a accordé un affreux but en fin de match, mardi, qui a coulé son équipe, mais c'est le métier qui rentre.

Ce n'est pas la première fois qu'on prédit la chute des Red Wings. On parlait déjà de la fin d'une ère de puissance des Wings lorsque Steve Yzerman et Brendan Shanahan ont quitté simultanément l'équipe en 2006. On affirmait que Detroit venait de perdre son âme. Mais Datsyuk et Zetterberg tiraient déjà l'équipe et Lidstrom dominait outrageusement. Des jeunes comme Kronwall, Jiri Fischer, Kyle Quincey, Filppula et Hudler poussaient.

Mathieu Dandenault, qui a grandi dans l'organisation des Red Wings pendant neuf ans avant de se joindre au Canadien, n'est pas inquiet pour eux. «C'est sûr que de perdre le meilleur défenseur de la Ligue après 20 ans (Lidstrom) ferait mal, mais le noyau est encore solide avec Zetterberg et Datsyuk, et quand le noyau est solide, on attire de bons joueurs, confiait-il, hier, au bout du fil. Qui ne voudrait pas venir jouer avec Zetterberg ou Datsyuk? Dans le temps, Brett Hull et Luc Robitaille avaient été attirés parce qu'ils voulaient gagner au sein d'une grande organisation comme celle de Detroit. Ken Holland est l'un des meilleurs directeurs généraux de la Ligue, il peut faire de bons échanges et je suis convaincu qu'il pourra trouver un gros défenseur si Lidstrom part. Il a quand même réussi à avoir Rafalski. Detroit a survécu au départ d'Yzerman, Fedorov et les autres.»

Il faudra cependant voir si la relève est aussi solide qu'auparavant. Depuis 10 ans, les coups de circuit ont été plus rares. Il y a eu Kronwall en première ronde en 2000. Personne de la cuvée 2001 n'a atteint la LNH (Igor Grigorenko était un bel espoir, mais un accident de la circulation lui a causé de graves blessures). Le repêchage de 2002 a été meilleur avec Filppula, Hudler et Tomas Fleischmann (échangé en 2004 aux Capitals de Washington pour obtenir Robert Lang).

Johan Franzen, repêché à 26 ans en 2004, leur donne encore un fier coup de main. Jimmy Howard, choix de deuxième ronde en 2003, a finalement atteint la LNH. On ne sait pas encore si Darren Helm et Justin Abdelkader, deux choix en 2005, resteront des joueurs de soutien ou deviendront des joueurs offensifs.

L'espoir le plus intéressant du côté de Detroit est probablement Brendan Smith, un défenseur repêché au 27e rang de la première ronde en 2007. Smith vient d'amasser 52 points en seulement 42 matchs avec les Badgers de l'Université du Wisconsin, l'équipe de Ryan McDonagh.

Le bénéfice du doute

Les Red Wings ont de bons hommes de hockey. Le DG Ken Holland, son bras droit Jim Nill, le recruteur européen Hakan Andersson. Ils ont su s'ajuster après le lock-out alors qu'on prédisait leur écroulement avec la perte d'Yzerman et l'imposition du plafond salarial.

Je ne dis pas qu'ils n'auront pas une baisse de régime ces prochaines années. Mais je suis prêt à leur laisser le bénéfice du doute compte tenu de leurs succès passés. Detroit, après tout, vient de se qualifier pour les séries éliminatoires pour une 19e saison consécutive.

Quant à Mathieu Dandenault, il pourrait bien avoir disputé son dernier match dans les rangs professionnels, à 32 ans. «Ça allait bien cet hiver pour le club-école des Rangers de New York, qui comptaient me rappeler dans la Ligue nationale, mais j'ai subi une double déchirure à l'aine et je suis rentré à Québec en mars. Ce n'est pas encore officiel, mais je pourrais prendre ma retraite. Je ne suis pas complètement guéri et j'aurais à recommencer à une plus basse échelle encore l'an prochain. Je ne suis pas sûr que ça m'intéresse. Je vais me donner l'été pour y penser.»