Sidney Crosby n'a récolté que deux mentions d'aide en trois matchs face au Canadien, mais il trouve d'autres façons de faire parler de lui.

Ses réactions et son comportement à l'égard des officiels ne font pas l'unanimité. D'aucuns pensent qu'il profite de son statut de vedette pour réclamer des punitions et éviter d'en écoper lui-même.

Mardi soir, la super-vedette des Penguins de Pittsburgh a réussi à provoquer une infraction à Hal Gill même si, de l'aveu de ce dernier, Crosby avait retenu son bâton.

«Ça fait partie du jeu d'entrer dans la tête des arbitres», a mentionné Gill, l'ancien coéquipier de Crosby à Pittsburgh.

«Il parle beaucoup aux arbitres. C'est le capitaine de son équipe, alors j'imagine qu'il a le droit...»

Quelques secondes plus tard, alors que la deuxième période venait de se terminer, le numéro 87 s'est retrouvé au centre d'une mêlée qui a débouché sur une punition à Josh Gorges.

Du coup, Gill et Gorges se retrouvaient au cachot, impuissants à regarder leurs coéquipiers en infériorité numérique.

Comment cette foire d'empoigne a-t-elle démarré? Lorsque Crosby s'est plaint (injustement) que Gorges l'avait atteint d'un coup de bâton à la tête.

«Il a fait la même chose à sa toute première présence de la soirée», a observé Tomas Plekanec, sans vouloir s'avancer davantage.

Selon Hal Gill, c'est le jeu de contact de Crosby qui rend ses adversaires vulnérables aux infractions.

«Il s'appuie sur toi, a expliqué le grand défenseur. Parfois, quand tu le frappes, il roule sur toi et il génère beaucoup de punitions de cette façon.

«C'est difficile de jouer contre lui car tu dois poser un geste, mais t'ôter de là immédiatement après.»

Traitement de faveur?

À ses premières saisons dans la LNH, Crosby avait la réputation d'être pleurnicheur. Force est de constater qu'elle n'est jamais complètement disparue.

Son intensité lui permet de faire gagner son équipe même lorsqu'il ne marque pas. Mais cette intensité s'appuie-t-elle sur un traitement de faveur de la part des arbitres?

«Ce n'est pas à moi de juger, c'est la ligue qui s'occupe de ce genre de chose», a répondu à ce sujet Jacques Martin qui, la veille, avait déploré que l'instigateur du grabuge (Crosby) n'avait pas été puni.

«Est-ce que Crosby et les autres super-vedettes ont un traitement préférentiel? Vous (les journalistes) regardez beaucoup de matchs, vous avez votre propre opinion et c'est ce qui importe», a ajouté Martin.

Sa façon de ne pas se compromettre en disait long.

Souvenirs de Claude Lemieux


Scott Gomez était aux premières loges de cette mêlée. Lorsque les choses se sont envenimées, il ne s'est pas gêné pour passer un gant au visage de Sid the Kid.

Gomez, lui, ne s'offusque aucunement des manières de Crosby.

«Si vous cherchez un beau match propre au deuxième tour des séries, oubliez ça, ça n'arrivera pas», dit-il.

«J'ai déjà joué sur le trio de Claude Lemieux et, après avoir vu le maître en action, je ne suis plus surpris de ce que je vois en séries.

«Des gens ont pu dire qu'il était détestable, mais quand l'issue du match était en jeu, c'est peut-être le premier ailier que j'aurais voulu à mes côtés. Les séries, c'était son temps de l'année.»

Comme des enfants

Les mêlées vont souvent de pair avec le niveau d'intensité et font même partie du plaisir, estime Gomez.

«La ligue auraient de meilleures cotes d'écoute si l'on pouvait entendre tout ce qui se dit dans ces escarmouches, affirme le centre du Canadien. Les gens mourraient de rire.

«Tu as des gars qui gueulent à gauche, des gars qui négocient à droite, et ça fait partie du jeu. Les deux équipes font tout ce qu'elles peuvent pour gagner et, avouons-le, les fans aiment ce genre de chose.

«Ce sont les émotions qui parlent, et ce n'est pas très différent des enfants qui crient à la récréation.»

Et de la même manière que les enfants se voient donner des balises par leurs parents, les joueurs doivent mesurer la latitude que leur laissent les officiels.

«Après le coup de sifflet, tu peux jauger assez bien jusqu'où ils seront tolérants, explique Gomez.

«C'est pour cela que la pire chose dans ce temps-là, c'est d'être puni pour en avoir trop mis. Le chemin est long vers le banc des punitions!

«Mais dans l'ensemble, les officiels vont du bon travail, ajoute Gomez. C'est très rare les matchs où le nombre de punitions ne finira pas par s'égaler.»

Certains trouveront étonnant que Gomez se satisfasse de cet équilibrage des punitions. Mais en autant que les coups les plus répréhensibles sont punis, les joueurs seront heureux de voir que les arbitres ne déterminent pas de l'issue d'un match.

«S'ils pénalisaient absolument tout, lance Gomez, on passerait des périodes entières au banc des punitions!»

Y compris Sidney Crosby...