Contusion au cerveau. Le diagnostic fait peur. Et le centre des Flyers de Philadelphie, Ian Laperrière, a en effet eu peur. Très peur.

Laperrière se remet tranquillement de cette rondelle reçue de plein fouet au-dessus de l'oeil à la suite d'un lancer frappé du défenseur Paul Martin lors du cinquième match de la série contre les Devils du New Jersey.

Le fougueux attaquant de 36 ans ne reviendra pas au jeu cette saison et espère être rétabli pour le prochain camp d'entraînement. «J'ai souvent joué malgré les blessures, mais ce serait risqué, car le tissu de mon cerveau n'est pas aussi fort en ce moment. J'ai comme un bleu sur le cerveau. Si je reçois un coup à la tête et que ça se met à saigner, je peux mourir sur la glace. Il n'y a pas de chance à prendre», expliquait-il hier à La Presse depuis son domicile à Philadelphie.

Laperrière entend prendre le temps nécessaire pour guérir, même si son absence se prolonge ou même signifie la retraite. «Je ne jouerai pas tant que ça ne sera pas complètement guéri. Même si ça persiste l'an prochain. Il faut que je pense à ma santé. C'est mon cerveau et j'ai une famille. Je pense que je vais guérir complètement et les neurologues me le disent aussi. Il est donc trop tôt pour penser à la retraite, mais je dois l'envisager si je ne guéris pas. J'ai 36 ans. Si ma tête ne revient pas, je vais faire autre chose de ma vie.»

Mais l'exemple de son ancien coéquipier Tony Granato lui permet de garder espoir. «Son cas était pire que le mien. Tony n'avait pas eu d'imagerie par résonance magnétique comme moi à l'époque à Los Angeles, il est retourné jouer et ça s'est mis à saigner. Il a été opéré et il a quand même pu jouer trois ans plus tard. Au moins, les médecins me disent que c'est l'endroit du cerveau qui n'est pas le plus vital.

«Tous les médecins m'ont dit que j'ai été très chanceux, de poursuivre Laperrière. Non seulement à cause de l'endroit où j'ai été touché, mais parce que j'aurais facilement pu perdre mon oeil. Sur le coup, je n'ai rien vu pendant 10 minutes. J'ai joué pour Jean Hamel et ça a toujours été une crainte pour moi de perdre un oeil. Le jeu est tellement rapide, on n'a pas toujours le temps à réagir.»

Laperrière a suivi les deux premières défaites des Flyers à Boston depuis sa résidence. «La direction voulait que je suive l'équipe en voyage mais j'ai préféré demeurer chez moi. Je vais aller aux matchs à domicile, mais en voyage, ça ne serait pas très bon pour mon moral et ma tête. Lundi, j'ai eu de la difficulté à m'endormir après la défaite. J'étais stressé. Mon coeur bat plus vite pendant les matchs. C'est dur de ne pas pouvoir aider les gars. Au moins, je prends du mieux. J'ai eu mal à la tête les premiers jours, c'est normal après avoir reçu une rondelle en plein front, mais je n'ai pas les symptômes d'une commotion cérébrale. Ça va vraiment mieux depuis deux jours. Ma fatigue est plutôt liée à mon moral, à ma déception de ne pas pouvoir jouer.»

La visière

Le Québécois assure qu'il portera la visière à son retour au jeu. «C'est plate que ça me prenne un incident malheureux pour me faire comprendre de porter une visière. Jean Hamel me disait qu'il avait retiré sa visière par orgueil parce qu'un adversaire lui avait fait un commentaire et il a reçu une rondelle en plein visage au camp d'entraînement et il a perdu un oeil. Ça revenait souvent dans mes pensées. Mais je n'aurais jamais été le joueur que j'ai été avec une visière à cause de mon style de jeu. Je me bats, je suis un joueur robuste, je ne jouerais pas encore à 36 ans si je n'avais pas été le joueur que j'ai été. Aucun club n'aurait voulu d'un gars de 36 ans qui fait juste pousser la rondelle dans le coin de la patinoire. Je n'aurai qu'à enlever mon casque pour me battre. Je suis à un stade de ma carrière où je n'ai plus à prouver mon courage.»

Laperrière trouve le temps de suivre les exploits du Canadien. «Les gens capotent, c'est ça qui est le fun à Montréal. Ça doit être spécial pour les joueurs. Halak joue de façon incroyable, je dois lui donner ça, mais les joueurs font tout un travail pour bloquer les rondelles et empêcher l'autre équipe d'avoir des tirs de l'enclave. Hal Gill a été critiqué toute l'année mais il fait toute une job. Un travail de séries éliminatoires. Bob Gainey n'a pas l'air si fou finalement...»