Le Canadien s'est occupé de l'équipe qui a terminé au premier rang de la ligue. Il doit maintenant négocier avec les champions de la Coupe Stanley.

Pas de répit pour les vedettes!

Le calendrier ne facilite rien: les Penguins de Pittsburgh ont disputé leur dernier match samedi dernier tandis que le Tricolore n'a bénéficié que d'une petite journée de congé.

Malgré leurs traits tirés, les joueurs du Canadien remettront leur uniforme d'équipe négligée dès vendredi soir.

«Ce n'est pas une route facile, mais il faut être capable de battre les meilleures formations, a indiqué Hal Gill.

«On a eu une victoire très émotive mercredi et nous avons profité de la journée d'aujourd'hui pour récupérer. Espérons qu'eux (les Penguins) seront un peu rouillés...»

Nous n'en sommes plus à une surprise près.

Non seulement le Tricolore a-t-il bafoué tous les pronostics en éliminant les Capitals de Washington, mais voilà que le grand Hal Gill - que les fans de Montréal avaient pris en grippe en début de saison - est devenu un personnage central dans le scénario de ces séries éliminatoires.

Gill revient sur les lieux du crime pour affronter l'équipe avec laquelle il a soulevé la Coupe Stanley, il y a un peu moins d'un an.

«C'est une ville de cols bleus, une ville formidable, et les gens d'ici ont toujours apprécié ce que j'avais à offrir», a indiqué le grand défenseur à propos de l'accueil qui pourrait lui être réservé par la foule de Pittsburgh.

Un leader qui a mûri

Sa collection de tirs bloqués - 31 en sept matchs éliminatoires - est bien documentée. Mais Hal Gill, c'est plu que ça.

Si ses détracteurs le traitent parfois de cône, ses coéquipiers, eux, le voient comme un pilier.

«Hal est bâti pour les séries... ou les séries sont faites pour Hal, décrit son partenaire Josh Gorges.

«Le hockey qu'on joue actuellement est le sien. C'est intense, c'est physique, c'est du corps à corps. Pas surprenant qu'il soit à son mieux.»

À l'instar de Brian Gionta, qui a laissé ses aptitudes de meneur en jachère pendant que des Devils plus aguerris géraient la circulation au New Jersey, Gill a lui aussi mûri en tant que leader.

Si bien que, tant par son attitude dans le vestiaire que son rendement sur la glace, il vit présentement son apogée.

«C'est déjà stressant de jouer à Montréal avec la pression quotidienne, et ce l'est encore plus en séries, souligne Gorges. Or, Hal sait calmer le jeu lorsque c'est nécessaire, mais aussi haranguer les joueurs dans le vestiaire lorsqu'il nous manque l'étincelle nécessaire avant de sauter sur la patinoire.

«Sa valeur au sein de l'équipe dépasse de beaucoup ce dont vous êtes témoins. Il est l'un de nos piliers depuis le début des séries.»

Ils restent les mêmes

Jacques Martin souligne souvent l'apport au sein de son équipe des vétérans qui ont déjà gagné la Coupe Stanley - les Gill, Gionta, Gomez et Moen.

De quelle manière exactement ces joueurs mettent-ils cette expérience à profit?

Est-ce qu'ils déclenchent quelque chose à l'intérieur d'eux-mêmes lorsque les séries commencent?

«Ce qu'il y a de bien avec eux, c'est justement qu'ils ne changent pas, explique Gorges. D'autres joueurs pourraient se sentir nerveux ou crispés avant un septième match. Or, ils agissaient comme si c'était le premier match de la saison.

«Ce genre d'attitude déteint sur tout le monde.»

Dominic Moore note lui aussi que c'est le comportement à l'extérieur de la patinoire qui témoigne le plus de cette expérience.

«C'est une question de préparation et d'attitude, a soutenu Moore. On veut tous gagner, mais c'est souvent l'état d'esprit qui dicte comment on va ensuite se comporter sur la glace.

«Et à ce titre, Michael Cammalleri est un peu comme eux lui aussi.»

Appel à tous

Ceux qui se promènent avec une bague de la Coupe Stanley transportent aussi la connaissance tacite de ce que ça prend pour aller jusqu'au bout.

«Pour gagner, on a toujours besoin de nouveaux gars pour prendre les choses en main, a entre autres confié Gill. Quand je jouais à Pittsburgh, un gars comme Maxime Talbot avait connu de gros matchs en séries. C'était toujours quelqu'un de différent.

«C'est ce que l'on développe en ce moment avec notre équipe. Les Penguins, eux, ont amorcé les séries en sachant ce que chaque gars pouvait apporter. Mais de notre côté, nous le découvrons encore.

«Nous avons eu un match énorme de la part de Travis Moen l'autre jour. Ensuite ça a été le tour de Maxim Lapierre...

«On ne va pas loin sans l'apport de tout le monde.»

Oui, ça prendra tout le monde. Le Canadien n'aura pas le luxe de traîner des passagers s'il veut causer une autre surprise. Car les Penguins vont non seulement hypnotiser avec leurs feintes, ils vont aussi frapper sans relâche.

Une bonne nuit de sommeil n'allait pas être de trop pour le Tricolore.

Même pour Hal Gill.