Lorsque les Sénateurs d'Ottawa ont pris les devants 3-0 face aux Penguins de Pittsburgh, samedi, plusieurs amateurs de hockey se sont dit: Ottawa ne poussera quand même pas la série à la limite.

Les trois buts sans réplique des Penguins et celui de Pascal Dupuis en prolongation ont tranché la question.

Les Penguins ont gagné. Les Sénateurs sont en vacances. La logique est respectée.

Le Canadien pourra-t-il réussir là où les Sénateurs ont échoué et faire mentir la logique qui voudrait que les Capitals aient déjà éliminé le Tricolore?

Pourra-t-il profiter de ses partisans pour marquer le premier but, s'offrir une avance qu'il ne laissera pas filer et forcer la tenue d'un septième match au cours duquel aucune logique ne tient?

À Washington, on croit que oui.

Pas dans le vestiaire des Caps où une confiance certaine flottait après l'entraînement dominical malgré la défaite encaissée vendredi et le fait que le Canadien donne une bien meilleure opposition que celle qui était anticipée.

Mais les partisans croisés au cours de la fin de semaine sont inquiets. Ils craignent que leur équipe, aussi talentueuse soit-elle, se fasse jouer un vilain tour.

Les amateurs de hockey de Washington aiment leurs Caps. Ils se gavent du spectacle offensif qui leur est offert match après match au Verizon Center. Mais on les sent presque résignés devant le fait que cette équipe aussi belle à voir aller ne pourra se rendre à la coupe Stanley. Et que 35 ans d'insuccès finiront bien par encore venir les hanter.

Ont-ils raison? Ont-ils tort?

La réponse viendra bien assez vite.

Mais plus on passe du temps autour de cette équipe, plus on sent que la confiance affichée par les Capitals, ou l'excès de confiance puisque c'est de cela dont il est question ici semble être le pire ennemi des champions de la saison régulière.

Bruce Boudreau a beau dire qu'il respecte le Canadien, Jacques Martin et son système, le Centre Bell et tout ce qui touche au hockey à Montréal, on ne sent pas ce même respect de la part de ses joueurs.

Bien sûr, ils louangent le Canadien avec de bien belles paroles.

Mais derrière ces clichés, on sent que les Caps se disent que le talent prévaudra et qu'ils finiront bien par gagner.

Une attitude cultivée par le slogan «déchaînez la bête» que les Capitals ont adopté depuis qu'ils comptent sur leur redoutable bête offensive animée par les Ovechkin, Backstrom et autres Semin lorsqu'il décide de jouer au hockey.

Quand les Caps tirent dans l'arrière dans un match ou que l'adversaire offre plus de résistance que prévu, ce slogan sert de cri de ralliement en troisième période.

Associé à une bande vidéo criarde, «Unleash the Fury» est scandé par les amateurs qui se rangent alors derrière leur équipe.

Comme ils ont marqué plus de buts que quiconque en troisième période, comme ils ont récolté plus de points que les 29 autres clubs de la LNH cette saison, les joueurs des Caps ont su donner raison à ce slogan.

Mais on peut se demander si ce slogan fidèle à l'image des Capitals n'est pas en train de leur jouer un tour.

La série Montréal-Washington pourrait déjà être terminée. C'est vrai. Mais ce sont les Capitals qui seraient en vacances si le Canadien n'avait pas gaspillé ses cinq buts marqués lors du deuxième match. S'il n'avait pas commis des bévues impardonnables dont la bête a su profiter à Montréal la semaine dernière.

Les Capitals sont convaincus qu'une fois déchainée, la bête qui les anime les conduira au sommet.

On veut bien.

Mais si le Canadien prend les moyens pour garder la bête bien enchaînée, les Capitals pourraient finir par se dire: «On aurait dû gagner», au lieu de répéter comme ils le font depuis une semaine qu'ils vont bien finir par gagner...