Éric Bélanger a perdu sept dents après que Marc-André Bergeron l'eut atteint au visage avec son bâton lors d'une collision au centre de la patinoire vendredi. Il s'est aussi fait défoncer le palais et a eu besoin d'une trentaine de points de sutures pour refermer les plaies.

«Si les arbitres avaient sévi sur le geste au lieu de fermer les yeux et qu'on avait pu en profiter pour marquer un ou deux buts -Bergeron méritait à tout le moins quatre minutes de pénalité- et gagner le match ça aurait fait mal pour quelque chose», a indiqué Bélanger dont la bouche bougeait à peine lorsqu'il parlait avec les journalistes.

À son retour au banc après l'impact, Bélanger a fait le bonheur des diffuseurs qui avaient leurs caméras braquées sur lui lorsqu'il a joué au dentiste en arrachant à mains nues une dent qui menaçait de tomber.

Il s'est ensuite rendu au vestiaire d'où il est revenu pour compléter la rencontre effectuant cinq présences en troisième.

Boudreau admiratif

«Il a démontré un courage immense en revenant après s'être fait coudre la bouche et avoir subi un traitement de canal d'urgence à la clinique. C'est à l'image de l'abnégation nécessaire pour gagner en séries éliminatoires. Éric aura bien besoin des deux jours de congé avant notre match de lundi. Mais s'il a été en mesure de revenir nous aider en troisième période, je me dis qu'il sera sûrement en mesure de jouer lors du prochain match. Du moins, c'est ce que je souhaite», a indiqué un Bruce Boudreau admiratif.

L'entraîneur-chef des Capitals l'était moins à l'égard des arbitres Denis LaRue et Chris Rooney qui ont fermé les yeux sur l'infraction.

«Ils ont prétendu que le bâton de Bergeron complétait sa trajectoire après une passe complétée. La reprise démontre clairement le contraire. Le bâton de Bergeron était sur la patinoire. Il l'a soulevé en guise de protection avant l'impact et a atteint Éric au visage. C'était clairement un bâton élevé», a plaidé Boudreau.

Le courage de Laperrière, le sourire d'Ovechkin

Bélanger s'apprêtait à se rendre chez le dentiste pour un long et difficile samedi après-midi lorsqu'il a rencontré les journalistes présents à l'entraînement des Capitals.

«Ça va être «tough» cet après-midi, mais ce le sera plus encore lundi au Centre Bell», a indiqué le joueur de centre québécois qui s'est inspiré de son copain Ian Laperrière des Flyers de Philadelphie pour traverser l'épreuve de vendredi.

«Je suis moins brave que Lappy. Lui, il se met le visage devant les rondelles pour aider son équipe. Moi, c'est un coup de bâton qui m'a atteint. C'est drôle, car j'avais envoyé un message texte à Lappy pas plus tard qu'hier pour lui dire à quel point j'étais impressionné de ce qu'il avait fait dans la série contre les Devils. Le soir même: bang! Ça m'arrive.»

C'était au tour de Bélanger de recevoir appels, textos et courriels. L'un de ces appels a été placé par Marc-André Begeron: un ancien coéquipier de Bélanger avec le Wild du Minnesota et un ami.

«C'était accidentel et Bergie m'a appelé pour prendre des nouvelles. Mais même si c'était un accident ça méritait une punition quand même», a indiqué Bélanger qui devra réinvestir une petite fortune en soins dentaires pour retrouver un semblant de sourire.

«Je me suis fait refaire la bouche au complet lorsque j'étais au Minnesota. Bergie était d'ailleurs mon coéquipier à ce moment-là et il riait de mon sourire à 25 000 $. Il n'y a pas de quoi sourire ce matin. Je ne suis vraiment pas beau à voir. Je ressemble même à Alexander Ovechkin. C'est vous dire à quel point ça va mal.»