Pascal Vincent savait que son équipe n'avait pas les outils pour atteindre la Coupe Memorial cette année.

L'entraîneur du Junior de Montréal comptait sur un club jeune, bâti en prévision de la prochaine saison. Mais la défaite de mardi, en deuxième période de prolongation du septième match de la première ronde des séries éliminatoires de la LHJMQ contre les Olympiques de Gatineau, a fait mal. D'autant plus que le Junior menait cette série 3-1.

«Gérer le succès, c'est difficile, surtout pour un jeune club, dit-il. Tout le monde dans l'entourage de l'équipe parlait déjà de la prochaine série, mais on répétait qu'il fallait gagner d'abord gagner le quatrième match. Affronter St. John's en deuxième ronde, ça aurait été une belle expérience pour nos jeunes joueurs.»

Vincent est rentré au bureau hier matin après avoir passé une nuit blanche à revoir dans sa tête le match de mardi et les six précédents. «Je repensais aux chances ratées, j'essayais de voir si on n'aurait pas pu changer quelque chose. S'améliorer, c'est un processus qui dure une vie. On menait 3-1 mais c'était tellement serré que ça aurait pu être 3-1 pour eux.»

Avant la série, Pascal Vincent, par l'entremise de son bras droit Joël Bouchard, avait invité Jacques Demers à s'adresser à ses joueurs.

«Il leur a rappelé la Coupe de 1993. Personne ne voyait le Canadien la gagner. Mais ils y ont rêvé et leur rêve s'est transformé en réalité. Quand il a quitté le vestiaire, nos gars voulaient manger les bandes. Je peux comprendre aujourd'hui pourquoi les joueurs voulaient à ce point aller à la guerre pour lui. C'était un discours intense, très émotif. Il m'a impressionné.»

Une meilleure équipe la saison prochaine

Pascal Vincent, qui est aussi directeur général du Junior, entrevoit de belles choses pour son équipe la saison prochaine.

«Au fond de nous-mêmes, on avait un espoir à la veille des séries, mais dans la réalité, on a pris des décisions aux Fêtes pour donner plus de place à nos jeunes. En échangeant notre gardien Jake Allen (aux Voltigeurs de Drummondville), on voulait donner le poste de gardien numéro un à Jean-François Bérubé. On savait qu'il était bon, mais quand on est deuxième, on n'a pas la pression de traîner l'équipe. Il a très bien réagi. Lui et tous nos jeunes joueurs de talent vont avoir une année de plus d'expérience l'hiver prochain.»

Il y a aussi un certain Alexander Avtsin, choix de quatrième ronde du Canadien en 2009, qui fait saliver Vincent. Le DG et entraîneur du Junior s'est même rendu en Russie récemment pour rencontrer l'entourage d'Avtsin.

«L'un des objectifs de mon voyage était de démontrer notre intérêt à la famille. Je n'ai pu le rencontrer, mais j'ai passé beaucoup de temps avec son agent. Alexander se prépare pour le camp du Canadien. C'est correct de penser comme ça. Mais à moins qu'il ne connaisse un camp extraordinaire, ça va être difficile. Il pourrait rentrer en Russie ou aller à Hamilton, mais je pense que les gens du Canadien vont nous aider à le garder à Montréal parce qu'ils souhaitent le voir dominer à un niveau inférieur. Et aucun doute qu'il a les qualités pour être un joueur dominant dans notre ligue.»

Pascal Vincent espère voir de nouveaux partisans se greffer au noyau de fans de l'équipe l'an prochain. «Il y a eu un effet de curiosité la première année avec une moyenne de près de 3000 spectateurs. Ça a été moins bon cette année, mais beaucoup mieux en séries éliminatoires. M. Miller (le propriétaire) et Martin Routhier (le président) ont de beaux plans pour attirer les gens à Verdun. Mais on a encore une jeune organisation, on doit créer des liens avec nos partisans. La meilleure façon de faire, c'est de gagner.»

Ses prédictions pour la suite des séries éliminatoires dans la LHJMQ? «Les Wildcats de Moncton sont puissants. Ils n'ont pas beaucoup de faiblesse, surtout en défense. Il y a aussi Drummondville. Le directeur général Dominic Ricard a fait un travail extraordinaire avec les Voltigeurs. Il a acquis des joueurs importants l'an dernier que Guy (Boucher) a fait fonctionner. Mais ils ont encore un club redoutable cette année. Le coeur de cette équipe demeure Gabriel Dumont (choix de cinquième ronde du Canadien en 2009), un joueur que j'ai tenté d'obtenir à toutes les périodes d'échange. Je suis convaincu qu'il réussira à percer dans la LNH. Il a marqué 50 buts cette année, il peut bloquer des tirs, jeter les gants, il mène par l'exemple. J'ai vu jouer Max Talbot dans les rangs juniors. Il était dominant avec beaucoup de caractère. C'est la meilleure comparaison. Même que Dumont a un meilleur coup de patin que Max. C'est un joueur extraordinaire que j'affectionne énormément.»