Même à six matchs de la retraite, Kerry Fraser n'en démord pas: le but d'Alain Côté n'était pas bon.

C'est ce qu'a déclaré le vétéran arbitre de la LNH, mercredi soir, avant le match entre le Canadien et les Hurricanes de la Caroline au Centre Bell, le 1899e de sa carrière et son dernier à Montréal.

«Quand je fais une gaffe, je suis le premier à le reconnaître et à l'admettre à un joueur. Comme dans le cas de Wayne Gretzky. Celle-là, j'aurais aimé la ravoir», dit-il d'une série entre les Kings de Los Angeles et les Maple Leafs de Toronto disputée en 1993, alors qu'il a omis d'imposer une punition pour bâton élevé à Gretzky, et que celui-ci a marqué le but vainqueur en prolongation quelques secondes plus tard.

«Dans le cas du but refusé à Alain Côté, c'était la bonne décision, a affirmé Fraser lors d'un point de presse impromptu avant le match de mercredi. D'ailleurs, Serge Savard m'avait envoyé une lettre par la suite pour me dire qu'il avait fait magnifier la séquence sur vidéo et qu'il était clair que le gardien Brian Hayward s'était fait enlacer et tirer la jambière. Serge Savard avait souligné le fait que j'avais eu le courage de prendre la bonne décision.

«Je ne suis pas du genre à faire semblant de ne pas voir quelque chose quand il se passe quelque chose. Je ne pourrais pas me regarder dans le miroir.»

Michel Bergeron est venu serrer la main de Fraser avant le match. Les deux anciens ennemis jurés ont échangé quelques blagues, notamment sur le sujet que l'on sait. «Admet-le après toutes ces années, j'avais raison!», a lancé Fraser à l'ancien entraîneur des Nordiques en évoquant le but refusé à Côté. Ca n'a pas empêché Bergeron de féliciter Fraser chaleureusement pour sa longue carrière, qui s'arrêtera à l'âge de 58 ans.

Fraser a par ailleurs dit avoir plusieurs beaux souvenirs de la ville de Montréal, où il a évidemment officié de nombreuses fois.

«Mon tout premier match a d'ailleurs été à Montréal. Je me rappelle que j'avais patiné avec mon père durant l'échauffement matinal, a-t-il relaté. Je me souviens aussi du match où Peter Stastny avait fait gagner les Nordiques dans leur série contre le Canadien, en 1985. J'étais arrivé en ville la veille du match et il y avait vraiment une atmosphère fébrile. J'étais vraiment nerveux et je m'étais terré dans ma chambre d'hôtel jusqu'au match.»

Quand sa carrière se terminera dans une dizaine de jours, Fraser aura officié plus de 1900 matchs en saison régulière et 261 en séries. L'homme à la chevelure parfaite a reconnu qu'il a bien hâte de remiser son casque, qu'il déteste.

«Je vais mettre de la terre dedans et y faire pousser des fleurs, je pense», a-t-il lancé.

«Je quitte avec le sentiment que je peux encore faire le travail, a-t-il ajouté plus sérieusement. Mais je m'étais dit que je ne m'accrocherais pas. Je suis heureux que la ligue ait répondu à ma requête et m'ait permis d'officier des matchs des six équipes d'origine pour finir ma carrière.»

Photo: François Roy, La Presse

Michel Bergeron et Kerry Fraser se sont rencontrés au Centre Bell avant le match de mercredi.