Le Canadien, comme toutes les autres équipes de la LNH, ne peut gagner tous les soirs.

Mais quand une équipe est impliquée dans une course à l'issue aussi incertaine que l'actuelle course aux séries éliminatoires, elle n'a pas le droit de gaspiller les occasions qui défilent. Surtout quand elle amorce le sprint final, comme c'est le cas actuellement.

Des occasions, le Canadien en a gaspillées, la semaine dernière. Trop. Beaucoup trop.

Il a gaspillé un point crucial en s'écrasant en fin de match et en prolongation à Buffalo. Il en a gaspillé au moins un autre, peut-être même deux, samedi contre le New Jersey.

Bon! Les chances de victoires contre les Sabres et les Devils étaient faibles. Raison de plus pour reprocher pareils gaspillages. Tout a été dit sur la catastrophe de Buffalo.

Samedi? Samedi, le Canadien s'est battu lui même.

C'est dans le territoire des Devils que le match s'est amorcé. Les tirs favorisaient d'ailleurs le Canadien 7-2 quand Roman Hamrlik a été chassé pour un accrochage aux dépens d'Ilya Kovalchuk.

La pénalité était douteuse. C'est vrai.

Mais ce n'est pas cette pénalité qui a coulé le Canadien, même si Jamie Langenbrunner en a profité pour marquer.

Ce qui a fait chuter le Canadien une première fois, c'est l'occasion en or ratée par Josh Gorges sur une descente à deux contre un avec Tomas Plekanec. La passe était parfaite. Brodeur était battu. La rondelle a raté la cible. Les Devils ont marqué aussitôt après.

Mais voilà!

Le Canadien a eu la chance de se reprendre. Il y est d'ailleurs presque parvenu en marquant deux fois à forces égales. Contre Martin Brodeur et une équipe aussi efficace que les Devils, ces deux buts étaient presque inespérés. Mais en ratant ses quatre attaques massives, le Canadien n'a pas su en profiter.

C'est quand même ironique: le Canadien a passé l'hiver à attendre des buts en attaque massive pour pallier ses lacunes à forces égales. Samedi, c'est le but en attaque à cinq qui s'est fait attendre. On l'attend encore...

Si Gorges avait touché la cible tôt dans le match, et que l'attaque à cinq n'avait donné qu'un but, c'est avec un point - peut-être deux - de plus au classement que le Canadien aurait profité d'un congé, hier.

Et vous savez quoi? Jacques Martin aurait prolongé ce congé d'une journée si ses joueurs avaient gagné.

Metropolit blessé

Les grands débats sur l'utilisation des joueurs du quatrième trio se sont calmés avec la sortie de Glen Metropolit en première période.

Si les examens confirment le diagnostic initial d'une dislocation de l'épaule, «Metro» ratera sans doute le reste de la saison régulière. Ça calmera les plaidoiries condamnant Jacques Martin pour avoir osé chasser deux Québécois (Maxim Lapierre et Mathieu Darche) de la formation, samedi.

Juste comme ça, en passant, qu'ont en commun Lapierre, Darche et tous les joueurs des troisième et quatrième trios depuis cinq matchs? Ils n'ont pas récolté le moindre point.

Dans les faits, Tom Pyatt est rendu à 12 matchs sans point. Travis Moen, Dominic Moore et Glen Metropolit sont rendus à cinq. Maxim Lapierre et Mathieu Darche, à six.

Globalement, ces joueurs de soutien avaient donné 23 points en huit matchs avant de passer au neutre. Dans ces circonstances, Jacques Martin avait pleinement raison de profiter de son privilège de créer des luttes internes pour soutirer le meilleur des joueurs de soutien.

Même si cela touchait des Québécois. Un privilège qui n'aura duré que deux matchs.

En accordant une attention démesurée aux «injustices» réservées aux joueurs de soutien, on perd de vue les ennuis réels du Canadien. Le Tricolore a besoin d'un gardien en grande forme, d'une attaque à cinq redoutable et de ses deux premiers trios au sommet de leur forme pour éviter de gaspiller des occasions comme la semaine dernière.

Si les choses tournent moins rondement, le Canadien accédera sans doute quand même aux séries. Mais combien de temps y restera-t-il?