Il deviendra de plus en plus difficile pour une équipe de la LNH de se maintenir au sommet pendant plusieurs années.

Moins de trois ans après avoir remporté la Coupe Stanley, et un an après avoir poussé les Red Wings de Detroit à la limite de sept matchs en deuxième ronde des séries éliminatoires le printemps dernier, les Ducks d'Anaheim sont presque déjà éliminés.

Pire, ils pourraient terminer au 13e rang de l'Association de l'Ouest, devançant seulement les Blue Jackets de Columbus et les Oilers d'Edmonton.

Le directeur général Bob Murray a mis les récents insuccès de l'équipe sur le compte des Jeux olympiques cette semaine. Il prétend que les huit joueurs de son club qui y ont participé sont revenus diminués physiquement et psychologiquement de cette expérience.

Les problèmes des Ducks sont pourtant plus profonds et illustrent bien la nouvelle réalité de la LNH en cette ère de plafond salarial.

Depuis leur Coupe de 2007, Brian Burke, puis son successeur Bob Murray, ont eu à se départir successivement d'Andy McDonald, Chris Kunitz, Dustin Penner, Chris Pronger, François Beauchemin, Samuel Pahlsson, Travis Moen, Sean O'Donnell, Rob Niedermayer, Shane O'Brien, Ilya Bryzgalov puis Jean-Sébastien Giguère. Dans une majorité de cas, il a fallu se débarrasser de ces joueurs pour libérer de l'espace au sein de la masse salariale.

Cette équipe, qui montrait un brillant avenir il n'y a pas si longtemps avec les Ryan Getzlaf, Corey Perry et Bobby Ryan. a mis quelques saisons à couler.

Un risque de glissade

Les Sénateurs d'Ottawa ont vécu pareil phénomène ces dernières années. L'été dernier, les Red Wings de Detroit ont eu à faire leur deuil des ailiers Marian Hossa, Jiri Hudler, Mikael Samuelsson et, les blessures n'aidant pas, ils luttent pour se faire une place en séries éliminatoires cet hiver.

Le directeur du développement des joueurs chez les Ducks, le Québécois Alain Chainey, avec qui je discutais plus tôt cette semaine, estime qu'il y avait risque de glissade.

«Notre problème, il ne faut pas se le cacher, c'est notre brigade défensive, confie-t-il. On ne peut pas perdre Chris Pronger et François Beauchemin sans en souffrir. On en a arraché cet hiver en défense. Mais c'est la loi du plafond salarial et les directeurs généraux doivent composer avec cette réalité. On ne pouvait pas garder Pronger et Scott Niedermayer ensemble à sept millions de salaire chacun.»

À Anaheim, Bob Murray doit non seulement composer avec le plafond, mais aussi les exigences de ses patrons.

«Ce que les gens ne réalisent pas toujours, explique Chainey, c'est que même si le plafond est fixé à 56 millions, les équipes ont des budgets internes. Le nôtre est de 50 millions. Parfois, les gens ne comprennent pas certains échanges, le DG a toujours sa calculatrice à la main et il doit respecter le budget du propriétaire. Bob (Murray) fait des pieds et des mains pour libérer de l'argent pour aller chercher quelques agents libres cet été pour solidifier notre défensive. Ce qui explique l'échange de Jean-Sébastien Giguère.»

Le virage jeunesse

Chainey ose employer le mot reconstruction, mais du bout des lèvres. «C'est certain que Pronger, qu'on a échangé l'été dernier, va aider les Flyers. Mais nous, il faut penser au virage jeunesse, amener plus de jeunes dans l'organisation. Nous sommes dans un genre de demi-reconstruction. On commence à se rebâtir en fait.»

Même si les Ducks en souffrent à court terme, Pronger leur a rapporté deux choix de première ronde, un jeune attaquant potable et un solide espoir en défensive.

«C'est un très bon échange, dit Chainey. Personne ne critique ça chez nous. Au bout du compte, on a récupéré ce qu'on avait donné aux Oilers d'Edmonton il y a quelques années (Joffrey Lupul, Ladislav Smid, choix de première et deuxième rondes) pour l'obtenir. On a récupéré Lupul (qui entre-temps était passé aux Flyers) dans l'échange avec Philadelphie, Sbisa, c'est un peu l'équivalent de Smid, on a donné deux choix de première ronde qu'on a récupérés (en fait, ils obtiennent un deuxième choix de première alors qu'ils avaient cédé un choix de deuxième), c'est tout un travail que Bob Murray a réalisé en récupérant tout ça.»

Rien n'assure cependant que les Ducks redeviendront un club de premier plan l'an prochain, surtout si Scott Niedermayer prend sa retraite.