Une semaine après s'être écroulé sur la patinoire à la suite d'une mise en échec sournoise à la tête assénée par Matt Cooke, des Penguins de Pittsburgh, Marc Savard n'a pas encore retrouvé ses esprits.

Ses coéquipiers des Bruins non plus.

«La Ligue nationale a manqué complètement le bateau en ne sévissant pas à l'endroit de Cooke. C'est insensé. Cela donne une image terrible à la LNH et au hockey. C'est un véritable oeil au beurre noir», a lancé le vétéran de 21 saisons dans la LNH Mark Recchi.

Malgré ses 42 ans et le fait qu'il ait vu bien des gestes disgracieux dans la LNH, Recchi a parlé avec émotion et rage de l'assaut dont son coéquipier Marc Savard a été victime dimanche dernier.

«On ne peut pas accepter pareille décision. C'est terrible à dire, mais je suis convaincu que la position de la Ligue aurait été différente si c'est Sidney Crosby qui avait été blessé sur ce jeu», a ajouté Recchi qui avait les yeux rougis lors de sa sortie devant les journalistes rencontrés dans le vestiaire des Bruins.

Comment va Marc Savard?

«Il va mal», a enchainé Recchi.

«Marc ne va pas bien du tout», a ajouté Claude Julien.

«Il est bien possible qu'il soit perdu pour la saison. Mais les considérations de santé dépassent les conséquences sur sa saison et celle de l'équipe. C'est son état de santé en tant que personne qui nous inquiète. Je le connais bien. C'est un bon joueur de hockey, mais c'est aussi un père de famille. Une commotion aussi sévère peut entrainer des conséquences que nous pouvons difficilement mesurer. C'est plate de perdre un joueur comme lui, mais nous sommes encore plus désappointés par la décision de la Ligue de ne pas sévir à l'endroit de celui qui l'a assailli. On s'attendait vraiment à une suspension», a convenu l'entraîneur-chef Claude Julien.

Victime d'une commotion plus sévère encore en octobre 2007 - Randy Jones des Flyers de Philadelphie l'a frappé par derrière pour l'envoyer tête première dans la bande - Patrice Bergeron a admis que le fait de voir son coéquipier et ami étendu sur la patinoire avant d'être placé sur une civière ont ravivé des souvenirs dont il se serait volontiers passé.

«Les émotions ont pris le dessus. J'espérais que Marc ne soit pas trop blessé, mais les nouvelles ne sont pas bonnes. Ma première réaction est d'être fâché après celui qui a fait ça et après les joueurs en général. J'ai pris la parole il y a deux ans pour dénoncer ces coups dangereux et demander aux joueurs d'afficher plus de respect entre eux. Ça n'a rien changé», a indiqué Bergeron.

Parce qu'il a plongé dans le trou noir et profond d'une commotion sévère, Patrice Bergeron sait exactement ce que Marc Savard vit en ce moment. Et il s'est assuré de lui offrir quelques conseils.

«Il ne pourrait pas se tenir dans le vestiaire en ce moment. Il y a trop de bruit, trop de lumière. Il serait complètement étourdi. Je lui ai dit de prendre son temps. De ne rien brusquer, même lorsqu'il aura l'impression d'aller mieux. Car c'est à ce moment-là que tu replonges. Marc va avoir besoin de temps. De beaucoup de temps. Et ce moment, il a surtout besoin de calme. Je ne veux pas lui envoyer de texto pour ne pas l'embêter. D'ailleurs, si j'étais à sa place, je fermerais le cellulaire. Tu dois éviter toutes les sources de pression extérieure. Mais le pire, c'est qu'on ne sait jamais comment une personne réagira. C'est une maladie sournoise qui ne frappe pas tout le monde de la même façon», a expliqué Bergeron qui a raté 84 matchs de saison régulière et en séries éliminatoires avant de reprendre son poste la saison suivante.

Malgré la perte de leur meilleur joueur, les Bruins ont battu les Flyers de Philadelphie 5-1 jeudi.

Contre le Canadien, samedi soir, les Bruins tenteront de rejoindre le Tricolore dans la course aux séries dans l'Est. Une tâche pas facile considérant qu'ils ont perdu quatre des cinq matchs face au Canadien cette saison.

«On s'est regroupé il y a deux ans lorsqu'on a perdu Patrice. Les gars comprennent que ce ne sera pas facile, mais je m'attends à une réaction semblable de leur part cette année. Quant à nos insuccès face au Canadien, ça ne compte plus. Seul le match de demain compte», a conclu Claude Julien.