Songez à la transaction qui a envoyé Guillaume Latendresse au Minnesota en retour de Benoît Pouliot.

L'Avalanche du Colorado et les Coyotes de Phoenix ont en quelque sorte imité le Canadien et le Wild la semaine dernière en s'échangeant deux espoirs plutôt improductifs, Wojtek Wolski et Peter Mueller, dans l'une des rares transactions intéressantes de la journée limite des échanges.

Les deux équipes espèrent sans doute connaître autant de succès que le CH et le Wild. Pouliot avait 18 points, dont 13 buts, en 24 matchs depuis qu'il s'est joint au Tricolore avant les affrontements d'hier. Latendresse a 30 points, dont 21 buts, en 39 matchs.

L'échange est encore frais, mais il semble avoir fouetté Mueller et Wolski.

Mueller, premier choix des Coyotes, huitième au total, en 2006, a obtenu quatre points à ses trois premiers matchs au Colorado. Il avait amassé 17 points en 54 matchs à Phoenix. Wolski, premier choix de l'Avalanche, 21e au total, en 2004, a trois points, dont deux buts, en deux matchs. Il avait trois points à ses 13 derniers matchs au Colorado au moment de son transfert. On verra dans une dizaine de matchs s'ils maintiennent le rythme comme Pouliot et Latendresse l'ont fait.

Mueller est un cas qui suscite la curiosité. Il a connu une première saison très prometteuse à Phoenix il y a deux ans en obtenant 54 points en 81 matchs, à seulement 19 ans. Il est vite devenu un pilier pour l'équipe de Wayne Gretzky, qui l'urtilisait au sein de son premier trio et à la pointe en supérirorité numérique. Puis l'an dernier, son rendement a chuté à 36 points. On aurait pu évoquer la guigne de la deuxième année, mais ça ne semblait pas s'améliorer cet hiver. Il jouait rarement plus de 13 minutes par match sous l'autorité du nouvel entraîneur Dave Tippett, qui a mis un frein à la vague jeunesse engagée peut-être un peu trop tôt par Wayne Gretzky l'année précédente.

Des rumeurs ont circulé sur le compte de Mueller. Il n'avait plus le coeur au hockey, il songeait même à abandonner sa carrière pour devenir prêtre.

Joint au téléphone hier, Mueller n'avait pas eu vent de ces cancans. «C'est assez amusant, répond-il sur un ton qui n'est cependant pas amusé. J'espère que ceux qui ont lancé ces rumeurs sont fiers d'eux. Ils ne me connaissent pas, ni moi ni mon éducation. Je n'ai jamais songé à abandonner le hockey. Pas une seule seconde, et encore moins à devenir prêtre. D'ailleurs, je viens de me fiancer. Ce serait assez difficile de devenir prêtre alors que je m'apprête à me marier. J'ai fait mon possible pour être aussi bon qu'à ma première année, mais ce n'était pas suffisant. J'ai la chance d'avoir un nouveau départ au Colorado, l'organisation m'a accueilli à bras ouverts, c'est un honneur pour moi de jouer pour cette équipe. Je vais tenter de faire ravaler les paroles à ceux qui m'ont dénigré.»

Le mur

Son agent, Paul Capizzano, parle du cas typique d'un jeune homme qui a frappé un mur. «Quand on est habitué à être le joueur sur lequel l'équipe compte depuis le tout jeune âge et qu'on vit de l'adversité pour la première fois, ça peut devenir plus difficile, confie-t-il. Il n'a jamais parlé d'abandonner. Mais c'était devenu pénible pour lui de se rendre à l'aréna en sachant qu'il n'allait pas jouer beaucoup. Le changement d'air était à souhaiter. Il se joint à un club jeune et il a déjà développé une belle chimie avec Matt Duchene.»

L'agent de Mueller ne sait pas d'où a pu émaner la rumeur selon laquelle le jeune homme délaisserait le hockey pour devenir prêtre. «Peter croit en Dieu. Il a la foi. Mais il ne se promène pas avec sa bible et il n'incite pas ses coéquipiers à se joindre à des groupes de prière. Il a un tatouage avec un ange et un passage de la bible, mais vous et moi savez que des motards en ont et ils ne savent pas où se trouve l'église!»

Mueller veut surtout qu'on le laisse jouer au hockey pour qu'il redevienne le brillant espoir qu'il était il y a deux ans, et qui terminait au quatrième rang des compteurs chez les recrues derrière Nicklas Backstrom, Jonathan Toews et Patrick Kane. Il s'inspirera entre autres de Latendresse et de Pouliot.

«Cet échange est un bel exemple, dit-il. Ce sont deux bons jeunes qui ont un avenir incroyable devant eux. Regardez Latendresse et son succès depuis son arrivée au Minnesota. C'est remarquable. Benoît, c'est la même chose. Il faut que je saisisse cette chance avec une nouvelle équipe.»