Deux ans après avoir pris la LNH par surprise avec ses épaules larges, ses poings d'acier et un talent indéniable, Milan Lucic devait passer à un autre niveau cette année.

Il devait s'établir à titre d'attaquant de puissance reconnu aux quatre coins de la LNH.

Après une saison de 17 buts et 42 points l'an dernier, plusieurs observateurs lui prédisaient une saison de 25, voire 30 buts, et plus de 60 points.

Certains le voyaient même aux Jeux olympiques en raison du fait que le tournoi sera disputé sur une surface nord-américaine. Une surface sur laquelle Lucic impose déjà sa loi.

«Les Jeux olympiques, je ne sais pas. Remarquez que j'aurais vraiment été comblé de représenter mon pays dans la ville où je suis né, où j'ai grandi et où j'ai appris à jouer au hockey», a lancé avec un large sourire l'ailier gauche qui a aussi défendu les couleurs des Giants de Vancouver dans la Ligue de l'Ouest.

Le visage de Lucic s'assombrit lorsqu'on lui demande s'il est plus déçu par la présence des Bruins si loin au classement après leur saison de rêve l'an dernier ou par le fait qu'il a raté 32 matchs en raison de blessures.

«Les deux situations me désolent au plus haut point. Mais ce qui me désole le plus, c'est d'avoir l'impression de reculer cette année au lieu d'avancer. Après deux ans, je me disais que cette saison serait la bonne, la vraie, celle qui me permettrait de m'établir dans ce vestiaire comme un leader et à l'échelle de la LNH. Je n'y suis pas arrivé. Pas encore. Mais il reste encore du temps et assez de matchs pour permettre d'abord à l'équipe de retrouver le chemin de la victoire et une place en séries. Ce sera alors à moi de prendre les bouchées doubles pour être un des facteurs qui nous retourneront en séries.»

Limité à trois passes à ses six premiers matchs cette saison, Lucic a raté 14 rencontres en raison d'une fracture à un doigt.

Revenu au jeu le 19 novembre, Lucic a marqué deux buts, dont un gagnant, en quatre matchs avant de subir une blessure sérieuse à une cheville.

Il a raté 18 matchs.

«La première fois, je pouvais au moins patiner. Mais la deuxième fois, je ne pouvais rien faire. C'était une situation insoutenable. Je passais du gars qui voulait tout casser à sa troisième année, à un gars qui ne peut pas contribuer. C'était vraiment désolant.»

Entre son retour au jeu le 7 janvier et le match de jeudi, Lucic s'est contenté d'un but et de deux passes.

Doit-on conclure qu'il a déjà remis à l'an prochain la conquête qu'on lui prédisait cette année?

«Pas du tout. Je n'atteindrai sans doute pas les objectifs personnels que je m'étais fixés. Mais ma production actuelle est nettement insuffisante. Comme le reste de l'équipe, je suis complètement paralysé par le fait que nous semblons incapables de marquer. On sait que ça va revenir, qu'on va se remettre à marquer. Mais pour y arriver, il faudrait trouver le moyen de baisser la pression un peu. De retrouver du plaisir à jouer. Nous formons une belle équipe. Un club uni. Les gars se tiennent. Nous devons toutefois retrouver le même plaisir que nous avions l'an dernier et le succès viendra.»

Troisième choix des Bruins de Boston en 2006 (50e sélection), Milan Lucic a fait le saut des rangs juniors à la LNH en 2007.

Après une saison de 30 buts et 68 points avec les Giants de Vancouver, Lucic a impressionné par son physique et son talent et il s'est taillé une place avec le grand club. Il a marqué huit buts et a totalisé 27 points en 77 rencontres. Il a aussi accumulé 89 minutes de pénalités.

Ses statistiques ont gonflé à tous les points de vue - 17 buts, 42 points et 136 minutes de pénalité - l'an dernier laissant poindre l'envol prévu cette année.

À 6'3'' et 230 livres, Lucic en impose sur la patinoire où il n'a pas froid aux yeux. On se souviendra qu'il a blessé sérieusement Mike Komisarek, l'an dernier, lors d'un violent combat qui avait marqué un duel Canadien-Bruins.