Jean-Sébastien Giguère a souligné de façon spectaculaire son arrivée à Toronto par une victoire de 3-0 aux dépens des Devils du New Jersey, mardi soir. Mais Giguère, 32 ans, n'avait pas besoin de ce blanchissage pour convaincre son guide spirituel François Allaire qu'il a beaucoup à apporter aux Maple Leafs.

«Jean-Sébastien avait besoin d'un changement de décor, comme Patrick Roy avec l'Avalanche, a dit hier, au téléphone, l'entraîneur des gardiens des Maple Leafs. Rares sont les athlètes qui demeurent avec la même équipe. La presque totalité des joueurs ont besoin de remettre le compteur à zéro pour retrouver le plaisir de jouer. Jean-Sébastien n'était pas obligé de venir ici. Il avait une clause de non-échange. Mais l'occasion était belle. Il est enthousiaste. On veut de l'émotion, on veut des gars de bonne humeur et depuis deux jours, il y a beaucoup de sourires dans le vestiaire.»

Allaire voit encore la flamme dans les yeux de Giguère, qu'il a côtoyé pendant de nombreuses années à Anaheim avant de se joindre aux Leafs l'été dernier. Les deux sont de nouveau réunis depuis que Brian Burke a échangé dimanche le gardien vétéran Vesa Toskala et l'attaquant Jason Blake aux Ducks d'Anaheim en retour de Giguère.

«Le manque de passion ou de détermination est le premier indice du déclin d'un gardien, a estimé Allaire. Jean-Sébastien a encore le désir de vaincre et une excellente éthique de travail. Il est prêt à se sacrifier à l'entraînement et à se battre pour gagner des matchs. Toskala n'avait plus le goût de se battre, plus envie de travailler.»

Giguère était-il encore apprécié à Anaheim? François Allaire dresse un parallèle avec Patrick Roy à ses dernières saisons à Montréal.

«Jean-Sébastien a joué à un niveau exceptionnel par moments, un peu comme Patrick. Ils ont établi des standards presque inatteignables. En 2003, on s'est rendus en finale avec un club qui n'était peut-être même pas supposé être des séries éliminatoires. Jiggy a maintenu un taux d'arrêts de 96,0%. Puis, il y a eu la Coupe Stanley en 2007. Les gens croient qu'un athlète peut maintenir un tel niveau. Mais ce sont des périodes de grâce. Et tout ce qui vient par la suite n'est pas assez bon pour tout le monde.»

François Allaire a évidemment été consulté par le directeur général Brian Burke dans ce dossier. «On nous pose des questions mais après, on peut être sans nouvelle pendant un mois avant que l'échange se produise. Ç'a été un peu le cas ici. C'est dur de faire des échanges, surtout deux échanges de cette ampleur dans la même journée. Il y a eu beaucoup de travail dans les semaines qui ont précédé. On voulait faire un changement devant le filet et plusieurs possibilités ont été envisagées parce que ça prend toujours deux clubs pour danser. Finalement, ça a fonctionné. Il fallait ramener des gars qui savent quoi faire pour gagner. On a des jeunes gardiens ici et il faut des vétérans pour donner l'exemple. Mais on n'avait pas de modèle à leur proposer, personne n'était intéressé à tenir ce rôle. Toskala et Giguère, on parle de deux gars complètement différents au plan de l'expérience, des réalisations, de la dimension qu'ils peuvent apporter... mais presque pour le même salaire. C'est un autre mystère de la vie.»

L'ancien entraîneur des gardiens du Canadien à la belle époque de Patrick Roy ne tarit pas d'éloges à l'égard du jeune Jonas Gustavsson, acquis à titre de joueur autonome l'été dernier.

«Il va devenir très bon. Par contre, il n'a pas eu de camp d'entraînement. Et on a été obligés de l'envoyer dans la mêlée après seulement deux entraînements à son retour parce que l'autre ne faisait pas le boulot. Résultat: il s'est blessé à l'aine. Puis après un autre retour, et un trop grand nombre de matchs consécutifs, il a eu un deuxième problème cardiaque. En 25 ans, je n'ai jamais vécu pareille situation; je devais former un jeune frappé comme ça par la maladie et les blessures. Et en plus, de ne recevoir aucun soutien du numéro un de façon à faire progresser le jeune tranquillement au cours des entraînements.

«Normalement, un gardien qui commence dans la LNH, comme (Jonas) Hiller, (Ilya) Bryzgalov ou (Martin) Gerber à Anaheim, on lui donnait entre 20 et 25 matchs par année à ses débuts. Gustavsson est rendu à 25 ans et il a manqué plusieurs semaines. C'est trop de boulot. Mais le potentiel est là et il est très sérieux à l'entraînement et en gymnase. C'est un super athlète.»