Lorsque le Canadien a embauché Mathieu Darche, l'été dernier, l'état-major avait une idée bien précise en tête : mettre la maturité reliée à ses 33 ans et à sa formation universitaire au service des jeunes évoluant à Hamilton.

Avant même de coudre son nom entre les deux épaules de son chandail des Bulldogs et le chiffre 21 au milieu du dos, le préposé à l'équipement avait cousu le C sur sa poitrine.

Darche a mille et une choses à apprendre aux jeunes Bulldogs.

On veut bien.

Mais pourquoi diable ne pourrait-il pas les enseigner aux jeunes du Canadien?

À voir Maxim Lapierre patiner avec énergie samedi, à la voir se défoncer comme il l'a fait pour annuler le dégagement que le juge de lignes Pierre Champoux s'apprêtait à refuser et marquer quelques secondes plus tard le but qui a scié les jambes des Rangers avec l'aide de Darche, on se dit qu'une belle complicité pourrait s'établir entre ces deux joueurs.

Une complicité dont le Canadien serait bien bête de se passer.

«Si le Canadien veut me donner ce rôle, je l'assumerai avec plaisir», a lancé Darche qui a ajouté une passe, samedi, au but et à la mention d'aide obtenus la veille au New Jersey.

Pourquoi offrir un parrain à Lapierre?

Parce qu'il en a besoin.

Et parce que, pour s'assurer de prendre part aux séries, le Canadien aura grand besoin de ses gardiens, de son attaque à cinq et de ses deux premiers trios.

Mais il aura aussi besoin de la contribution des trios de soutien.

Contribution qui faisait cruellement défaut avant l'arrivée de Darche.

Scott Gomez ne faisait pas grand-chose en début de saison. Il ne faisait plus rien, ou presque, pendant l'absence de Brian Gionta dont le pied fracturé a fait patiner Gomez à cloche-pied.

Mais depuis que Gomez compte sur le retour en forme de Gionta et de la qualité des mains de Benoit Pouliot, on entend beaucoup moins de doléances sur la qualité de son jeu et le fait qu'il est trop cher payé à 8 millions $ par saison.

Bon! Ça reste énormément d'argent, mais comme Gomez revendique deux buts et 10 passes depuis qu'il s'est retrouvé au centre de ses deux ailiers, à Ottawa, le 28 décembre. Le trio qu'il pivote a donné 17 buts et 35 points en 13 matchs au Canadien.

On ne parle plus de gaspillage.

Loin d'être mauvais, Tomas Plekanec et Michael Cammalleri noircissent moins la feuille de pointage depuis que le frère André est à l'écart du jeu.

Ce qui est vrai pour les meilleurs l'est aussi pour les moyens.

Non! Mathieu Darche ne fera pas de Maxim Lapierre un marqueur de 30 buts. Il n'enfilait que son troisième de la saison samedi, son premier en 29 matchs.

Mais la présence du vétéran et l'ascendant qu'il pourrait avoir sur Lapierre assurait le Canadien de meilleures performances match après match.

Et les résultats finiraient par se pointer.

«On parle beaucoup de John Tortorella à cause de son caractère et de ses prises de bec avec les journalistes. Il est détesté par plusieurs et c'est vrai qu'il est dur. Mais moi, je l'aime beaucoup. Et je lui dois beaucoup. Il m'a vraiment aidé à Tampa Bay. Il m'a souvent dit de ne pas lâcher, de travailler, que cela me permettrait de percer un jour», racontait Darche après la rencontre de samedi.

Des choses que Darche pourrait faire comprendre à Lapierre, mais aussi à Sergei Kostitsyn - son cochambreur sur la route à Hamilton et encore avec le Canadien - à Matt D'Agostini ou à Max Pacioretty lorsque le jeune et le vieux se croiseront à nouveau.

Sans en avoir eu le mandat officiel, le diplômé en économie de l'université McGill a déjà amorcé le travail.

«Maxim m'a beaucoup parlé depuis que je suis arrivé. Il était visiblement déçu par sa production. Je me suis servi de ce que Guy Boucher répète tous les jours à Hamilton. Je lui ai dit de se concentrer bien plus sur la façon dont il joue que sur les résultats qui ne viennent pas.»

La leçon a rapporté.