Jacques Martin et la haute direction du Canadien n'ont pas encore arrêté leur choix sur le successeur de Saku Koivu à titre de capitaine.

Brian Gionta et Andrei Markov sont les prétendants logiques.

Et d'ici à ce que Pierre Gervais ne couse un «C» sur la poitrine du chandail numéro 21 ou 79, ils assument le rôle de leader à défaut d'assumer celui de capitaine.

À Ottawa, les Sénateurs n'ont pas ce problème.

Remarquez qu'ils en ont plein d'autres: les blessures, les difficultés de Pascal Leclaire à s'imposer devant le filet, l'attaque à cinq anémique qui croupit au dernier rang de la LNH, le manque à gagner offensif de la part d'Alex Kovalev et une brigade défensive plus perméable que par les années passées.

Mais en fait de capitaine, les Sénateurs sont bien servis.

Daniel Alfredsson en a donné une autre preuve samedi alors qu'il a mené son équipe à une victoire, ô combien nécessaire, mais loin d'être prévisible, de 4-2 aux dépens du Canadien.

De retour au jeu après une absence de 11 matchs attribuable à une grave blessure à l'épaule subie le 23 décembre, Alfredsson s'est imposé avec un but et deux passes.

Capitaine depuis 10 ans - le plus long règne parmi les capitaines actifs dans la LNH - Alfredsson est une force tranquille pour son équipe. Mais quelle force tranquille! Surtout contre Montréal.

Le Suédois croisait le Canadien pour la 73e fois de sa carrière samedi. Il en a profité pour marquer son 29e but. Ses deux mentions d'aide, ajoutées aux 66 qu'il avait déjà en banque, lui permettent d'afficher 97 points. En 73 rencontres.

Il faut le faire...

«J'adore jouer contre le Canadien et surtout évoluer ici. C'est l'amphithéâtre dans lequel je me sens le mieux, à l'exception du nôtre, à Ottawa. Les gens sont impliqués, ils sont bruyants. Quand j'arrive, les partisans me reconnaissent. Ils me saluent. Je me sens dans le match. C'est motivant», m'assurait le capitaine souriant croisé dans le vestiaire de son équipe après la victoire de samedi.

Si la performance d'Alfredsson aux dépens du Canadien n'avait rien d'exceptionnelle, son retour aussi rapide avait de quoi surprendre.

Lorsqu'il a retraité au vestiaire sous les gradins de l'igloo qui sert de domicile aux Penguins, Alfredsson quittait son équipe pour une période de quatre à six semaines.

On a même cru que sa présence aux Jeux olympiques serait compromise.

«J'ai eu peur. J'avais l'épaule défaite. La clavicule sortait jusqu'ici (il pointe presque son oreille) et j'ai cru un moment que mes chances de défendre les couleurs de la Suède s'envolaient.»

Les Sénateurs ont d'abord su, avec quatre victoires en cinq matchs, faire fi de l'absence de leur leader.

Ils ont ensuite perdu cinq matchs. Cinq défaites qui ont accéléré le processus de guérison de leur capitaine, sans qui les Sénateurs ne forment pas la même équipe.

Le retour d'Alfredsson, samedi, en a fait la preuve par 11. En un match, le capitaine a réussi à prouver ce qu'Alex Kovalev n'a pas réussi à prouver encore cette saison: qu'il est un leader. Un vrai.

Pendant l'absence d'Alfredsson, Kovalev a marqué quatre buts. L'ennui, c'est que ces buts se sont succédé lors d'un même match.

De fait, à ses 35 dernières parties, Kovalev a marqué sept buts... en deux rencontres.

Ça veut dire 33 matchs sans allumer la lumière rouge.

Et ce n'est pas comme s'il s'était fait complice d'une tonne de buts. Que non! Kovalev, lors de cette séquence de 35 matchs, a récolté 14 passes.

À 5 millions par saison, c'est peu. Ce n'est surtout pas assez... Les 31 points qu'il affiche après 49 matchs représentent d'ailleurs sont plus petit total des cinq dernières saisons.

Trente et un points qui donnent raison au Canadien de lui avoir tourné le dos l'été dernier.

Trente et un points qui donnent aussi raison à ceux qui prétendent qu'on ne peut jamais se fier sur Kovalev, qu'on ne sait jamais ce qu'il nous réservera comme surprise: bonne ou mauvaise.

Trente et un points qui prouvent que Kovalev n'a rien d'un leader.

Rien, absolument rien d'un Daniel Alfredsson.