«Un jour, je serai propriétaire d'une équipe de la Ligue nationale!»

Graeme Roustan était peut-être motivé par sa fierté de voir ce jour-là une autre de «ses» patinoires être inaugurées par le Canadien dans le quartier de Montréal-Nord.

L'homme d'affaires d'origine montréalaise et propriétaire de Bauer s'est mordu les lèvres. Mais son enthousiasme ne mentait pas.

Roustan a tenté sans succès d'acheter le Tricolore l'an dernier. Et s'il rêve d'avoir un jour sa propre équipe, son attachement envers le CH ne fait aucun doute.

«L'achat du Canadien était un truc hautement émotif pour moi. Cela dit, c'était important de garder un bon équilibre entre l'émotion et le bon sens économique. J'ai été un finaliste dans le processus de vente. Mais j'ai atteint un point où financièrement, je ne pouvais aller plus loin.»

L'offre de Roustan pour le Tricolore est désormais entre les mains de la LNH et de ses conseillers de la firme Ernst&Young.

Car Roustan s'est soumis à l'examen préliminaire auquel la ligue soumet tous ses acheteurs potentiels.

Cela le place dans une position privilégiée dans l'éventualité où une autre équipe serait mise en vente.

Rumeurs démenties

D'entendre Roustan confirmer qu'il était à la ligne d'arrivée au moment où George Gillett a vendu l'équipe aux Molson vient contredire ce qui était ressorti au moment de la transaction.

Il appert par ailleurs qu'un autre prétendant - le groupe Levin, dont l'identité est restée voilée de mystère - n'était plus en lice à la fermeture des enchères.

Roustan a également balayé d'un revers de main une rumeur selon laquelle le président du Canadien, Pierre Boivin, avait été associé à son offre de vente.

«Il y a peut-être une confusion née du fait que Boivin a déjà été le président et chef de direction de Bauer autour de 1995. Nous sommes amis depuis de nombreuses années, mais il n'a jamais fait partie de mon groupe.»

Les gestionnaires et la marque

Outre le lien émotif qu'il a envers le Tricolore, d'autres aspects l'ont poussé à soumettre une offre d'achat l'an dernier.

«Tout d'abord, je regarde l'équipe de gestion. Il n'y a aucune entreprise qui ne réussisse sans une bonne équipe de gestion. C'est la première chose à regarder au moment d'acheter une entreprise. Et chez le Canadien, l'équipe de gestion que dirige Pierre Boivin est incroyable.

«Si j'avais remporté la mise, la dernière chose que j'aurais faite aurait été de changer l'équipe de direction.»

L'autre facteur intéressant, a-t-il ajouté, c'est que les possibilités d'expansion de la marque du Canadien continuent d'être prometteuses.

«La marque du Canadien, c'est la plus grosse qui soit. Un propriétaire pourrait avoir une autre marque pendant 10 ou 15 ans avant de la refiler à quelqu'un d'autre, affirme-t-il. Mais la marque du Canadien, elle, est là depuis 100 ans et le sera encore 100 autres.»

Un lien avec le Canadien

Roustan n'a pu mettre la main sur le Tricolore, mais il a quand même trouvé le moyen de tisser un lien avec lui par le truchement des patinoires communautaires. «J'ai grandi à NDG, ma famille tirait le diable par la queue, et d'être aujourd'hui associé au Tricolore d'une façon ou d'une autre est incroyable», raconte l'entrepreneur de 49 ans, dont la compagnie Roustan United est un leader dans la conception de patinoires et d'arénas.

Ces patinoires extérieures sont réfrigérées par des microprocesseurs qui ne cessent de s'améliorer d'année en année. De sorte qu'entre la patinoire ouverte dans Saint-Michel l'an dernier et celle qui sera mise en chantier à Verdun, il y a un monde de différence.

Non seulement au plan informatique, mais aussi en efficacité énergétique. «Tout ce que je peux faire avec Pierre (Boivin) ou Geoff (Molson) est de l'ordre du rêve devenu réalité», affirme Graeme Roustan.

En attendant d'être lui-même propriétaire, bien sûr...