Les conditions n'étaient pas idéales pour le premier choix du Canadien en 2009, Louis Leblanc, au camp de sélection de l'équipe canadienne junior, estime l'entraîneur-adjoint de la formation du Canada, André Tourigny. Leblanc a été retranché, hier.

«Il a été discret cette semaine comparativement au camp d'orientation qui a eu lieu au cours de l'été, a dit Tourigny, hier après-midi. Il était moins agressif en échec-avant, il ne provoquait pas autant de revirements. Peut-être à cause de sa blessure à un poignet, peut-être parce qu'il n'a pas joué beaucoup de matchs à l'automne, peut-être parce qu'il avait trois examens scolaires cette semaine. Ce n'est pas à moi de juger ça, mais quand on participe au camp de l'équipe nationale, un événement peut-être unique dans une vie, avoir trois examens dans la même semaine à Harvard, ce n'est pas idéal.

« C'est un choix que Louis a fait et il faut le respecter. Mais il n'a pas eu la meilleure collaboration de tout le monde là-dedans (lire Harvard). Ce n'est pas à moi de juger, mais c'est la première fois que je vois une situation pareille.»

La décision de retrancher Leblanc n'est pas sans relancer le débat sur l'efficacité des programmes de hockey universitaires américains comparativement à ceux des circuits juniors canadiens, d'autant plus que Hockey Canada n'a sélectionné aucun joueur de la NCAÀ cette année.

Les pro-juniors affirment que les joueurs de la NCAA, comme Leblanc, ne disputent pas assez de matchs pour se présenter au camp de l'équipe aussi prêts que leurs camarades du junior. Les défenseurs des programmes collégiaux américains rétorquent que les dirigeants de l'équipe nationale junior sélectionnent très peu de joueurs de la NCAA pour protéger leurs intérêts puisqu'ils oeuvrent tous dans des circuits juniors canadiens. Et ils ajouteront que la presque totalité des membres de l'équipe junior américaine proviennent de la NCAA.

Le conseiller de Louis Leblanc, Philippe Lecavalier, qui est aussi l'agent de Jordan Caron, heureux élu au sein de l'équipe junior canadienne, est très sensible à la question. Il rugit quand il entend certains observateurs remettre en question la décision de Leblanc de fréquenter Harvard. «S'il avait joué dans les rangs juniors, aurait-il obtenu une place dans l'équipe? On ne le sait pas.

« Louis aurait aimé jouer pour l'équipe canadienne junior cette année, mais s'il avait été retranché parce qu'il joue dans la NCAA, il ferait le même choix. Pour lui, Harvard était plus important que la semaine au Championnat mondial. Il a choisi Harvard pour le hockey et pour l'éducation dont il va bénéficier toute sa vie. Est-ce que Harvard aurait dû collaborer cette semaine? Oui. Mais est-ce dans leur politique de le faire? Non. Sauf que ce n'est pas le programme de hockey qui n'a pas voulu collaborer.»

Philippe Lecavalier ne comprend pas qu'on puisse supposer que Leblanc sacrifie son développement comme hockeyeur en fréquentant Harvard. «Qui dit qu'il ne se concentre pas sur le hockey parce qu'il est là-bas? Combien de gens ont vu des matchs de la NCAA et des campus universitaires américains pour savoir comment fonctionne l'entraînement physique là-bas? Je l'ai vécu comme joueur à Clarkson et je le vois régulièrement lors de mes tournées à chaque mois. Il n'y a rien qui suggère que les universités américaines sont moins bonnes que le junior pour développer un joueur de hockey, à part ce que disent les gens du Junior majeur. C'est sûr qu'on dispute moins de matchs dans l'Ivy League, mais de nombreux joueurs de cette division ont néanmoins atteint la LNH. Est-ce qu'on va dire à Ken Dryden qu'il aurait dû se concentrer sur son hockey? À Joe Nieuwendyk qu'il aurait dû se concentrer sur son hockey? Je pourrais en nommer cinquante. Est-ce qu'ils ont mis moins l'accent sur le hockey? Non. Louis avait besoin de mettre l'accent sur son développement physique et ce n'est pas dans le junior qu'il aurait pu faire ça avec 80 matchs par année. Il n'aurait pas eu le temps de s'entraîner, il aurait toujours été en voyage ou en train de jouer au hockey.»

André Tourigny n'en démord pas, les joueurs de la NCAA sont désavantagés par le calendrier peu chargé. «On va dire les vraies affaires, ces gars-là ont huit ou neuf matchs de joués. Par contre, un gars comme Wiercioch, qui est blessé au genou, aurait pu rester. Dylan Olsen a bataillé pour un poste jusqu'à la fin. C'est clair que les joueurs de la Ligue canadienne junior sont mieux préparés à ce niveau de compétition-là. Ils sont beaucoup mieux préparés à jouer dans un calibre de jeu avec le stress, la foule, etc. que les joueurs qui ont moins d'expérience.»