Des fois, les propos de Gary Bettman ne sont pas très clairs. Mais pas cette fois-là. Dans une entrevue à la Presse Canadienne accordée en début de saison, notre commissaire favori a reconnu que le concept des joueurs de la LNH aux Jeux olympiques devait être repensé. «Je ne suis pas certain que ce type de rayonnement justifie ou permette d'outrepasser les difficultés que nous rencontrons (par rapport aux Jeux)», a dit le commissaire.

Je me demande bien ce que Gary Bettman pense de tout ça aujourd'hui.

S'il est comme moi, monsieur le commissaire participe probablement à des pools de hockey. Comme moi, la première chose qu'il doit faire chaque matin (ou peut-être la deuxième), c'est consulter la liste des blessés de la LNH. Et c'est là qu'il doit s'étouffer un peu dans son triple latté.

Hier, le nombre de blessés dans la LNH se chiffrait à 103. Oui, 103 des 690 patineurs du circuit sont blessés, soit dans le haut du corps, soit dans le bas du corps. Ça commence à faire pas mal de monde chez le docteur, ça. En tout, on parle de quelque chose comme 15% des joueurs de la ligue qui sont sur le carreau.

Les raisons? Il y en a plusieurs. Ken Holland, le DG des Red Wings de Detroit, a parlé d'une série de coïncidences malheureuses. D'autres ont parlé des gars qui sont juste devenus trop imposants. D'autres ont parlé de l'équipement, trop gros aussi.

Très bien. Sauf que pendant ce temps, on ignore un peu le problème le plus évident. Le vrai problème, c'est celui-ci: le calendrier resseré en raison des Jeux de Vancouver.

Vous savez comment sont les joueurs d'aujourd'hui. En général, ces gars-là s'offrent peut-être quatre semaines de vacances par année. Le reste du temps, c'est du gymnase. Des entraînements sur glace, qui commencent en août. Bref, le hockeyeur moderne se pousse presque toujours à fond. Si, en plus, on lui demande de jouer un maximum de matchs dans un minimum de jours, les résultats peuvent être désastreux.

Prenons le calendrier du CH en décembre. Trois matchs en quatre soirs la première semaine. Trois matchs en quatre soirs la dernière semaine. En tout, vos Canadiens vont disputer 17 rencontres le mois prochain. En guise de comparaison, précisons ici que les gars du CH ont joué à 13 reprises en décembre 2008...

Tout ça pour quoi, déjà? Ah oui, pour la vitrine offerte par les Jeux. En tout cas, c'était l'argument de départ en 1998, quand les pros se sont remis à la chose olympique. Avec les patineurs de la LNH aux Jeux, croyait-on, le hockey allait exploser aux États-Unis et prendre autant de place que la NFL ou la NBA. Du moins, c'était le but visé.

Manifestement, on était dans le champ. Parce que la fameuse vitrine n'a pas donné les résultats escomptés au pays d'Obama, là où le hockey doit se contenter d'un contrat de télé ridicule avec la chaîne Versus (nombre d'abonnés aux États-Unis: environ 122). Dans certains marchés américains, les courses de tracteurs et les quilles sur gazon sont plus populaires que le hockey.

C'est sans compter les risques inhérents à un tournoi exigeant comme le tournoi olympique. Comment réagirait la direction du Canadien si, par exemple, Andrei Markov aggravait sa blessure? Comment réagirait la direction des Capitals de Washington si Ovechkin le grand y subissait une blessure qui le mettait K.-O. pour le reste de la saison?

Il est grand temps d'en venir à la conclusion qui s'impose: les joueurs de la LNH aux Jeux, ce n'est plus une si bonne idée. Les risques y sont trop grands et les contraintes trop nombreuses. En plus, ce calendrier resseré n'est bon pour personne. Ni pour les joueurs, ni pour les proprios, et surtout pas pour les fans, qui voient beaucoup trop de joueurs de la Ligue américaine ces jours-ci.

Le hockey olympique ne va pas mourir si les pros ne reviennent plus. Au fait, le plus grand tournoi de hockey olympique de l'ère moderne demeure celui de Lake Placid, en 1980. Ça, c'était la fois du mémorable Miracle On Ice des Américains face aux puissants Soviétiques.

Et il y avait combien de joueurs de la LNH à ce tournoi? Zéro.