Le Canadien a-t-il trop payé pour acquérir Scott Gomez? La question a été soulevée lors de son acquisition l'été dernier et méritait d'être posée puisque les Rangers de New York cherchaient d'abord à se débarrasser de son encombrant contrat.
L'un des joueurs offerts aux Blue Shirts, Chris Higgins, connaissait des problèmes sur la glace et à l'extérieur et il a un départ modeste à New York avec seulement cinq points, dont deux buts, en 20 matchs. La clef de cette transaction pourrait bien être le premier choix du Canadien en 2007 (12e au total), Ryan McDonagh. S'il se développe bien, les Rangers auront fait d'une pierre deux coups. Sinon, le Tricolore aura tenté de solutionner un problème à court terme, à fort prix, certes, mais sans trop gaspiller de talent.
À l'heure actuelle, les Rangers peuvent se réjouir du début de saison de McDonagh, dont le rendement semble nettement supérieur à celui de l'an dernier. Il a déjà amassé sept points en 10 matchs, et une fiche de +10, la meilleure de son équipe.
«Il a vieilli d'un an et ça paraît, a confié hier au cours d'un entretien téléphonique l'entraîneur des Badgers de l'Université du Wisconsin, Mike Eaves. Il est plus mature psychologiquement et au plan émotif. Il est plus stable, plus constant en défense. Sa compréhension du jeu est meilleure. C'est un jeune homme intelligent qui a su corriger ses défauts. Il est l'un de nos piliers cette année.»
Eaves a été étonné de voir le Canadien échanger McDonagh. «Surpris à cause du potentiel de Ryan, a-t-il mentionné. Il a déjà un gabarit de la LNH. Il est mobile, fort et puissant. Je ne sais pas ce qui a motivé leur décision de s'en départir. Je sais qu'ils avaient des besoins à court terme. On peut spéculer tant qu'on veut, mais dans notre position, ça ne vaut pas grand-chose parce que nous ne connaissons pas la nature des discussions à l'interne.»
L'entraîneur des Badgers, qui ont une fiche de 6-3-1 cette saison, a déjà comparé le style de jeu de McDonagh à celui de Mike Komisarek, même si celui-ci, contrairement à McDonagh, tire de la droite. Il persiste et signe. «Ryan excelle dans un rôle défensif en raison de son gabarit, de sa mobilité et de sa grande compétitivité. Il ne sera jamais aussi costaud que Komisarek, mais il pèse déjà 215 livres à seulement 21 ans. Il jouera probablement à 225 ou 230 livres lorsqu'il aura atteint sa pleine maturité. Grâce à sa mobilité, il sera aussi efficace que lui pour contrer les meilleurs éléments adverses. Ses aptitudes offensives demeurent moyennes, mais il possède un bon tir. Mais il ne peut transporter la rondelle d'un bout à l'autre de la patinoire, il l'a d'ailleurs appris ici!»
Un choc pour McDonagh
McDonagh dit avoir encaissé difficilement la nouvelle au départ. «J'étais à Madison où je m'entraînais avec l'équipe (Wisconsin). Après l'entraînement, j'avais un message de M. Gainey qui me demandait de le rappeler. Il m'a ensuite annoncé que je changeais d'organisation, mais qu'ils allaient continuer de suivre mes progrès. C'était une bonne conversation. J'étais en état de choc. Je ne m'attendais pas à me réveiller ce jour-là et recevoir un appel de M. Gainey pour m'annoncer que je changeais d'équipe. La seule bonne chose dans tout ça, c'est que ça m'a appris très tôt dans ma carrière que le hockey était une question d'affaires et pas seulement un jeu. Mais je ne leur en veux pas. Ils tentent d'améliorer leur équipe. Je les suis encore. J'étais content de voir Ryan White obtenir un point l'autre jour; c'est un gars que j'ai appris à connaître au sein de l'organisation.»
Le nouvel espoir des Rangers ne sait pas encore s'il fera le saut chez les professionnels à la fin de la saison. «Je n'ai pas encore pris ma décision. Je me concentre sur cette année. Nous avons l'équipe pour accomplir quelque chose de spécial. Je joue avec confiance. Notre défense est solide et on travaille bien ensemble. Notre compréhension du système est supérieure et ça se reflète sur mon jeu. Je joue avec confiance.»
Mike Eaves, père de Patrick, qui joue avec les Red Wings de Detroit, était heureux de revoir McDonagh cette saison. «Il a été question qu'il passe chez les professionnels, mais il a pris la bonne décision. Cette année au Wisconsin lui sera très bénéfique. Certains de nos jeunes sont partis trop tôt et en ont souffert. Comme Kyle Turris (troisième choix au total par les Coyotes de Phoenix en 2007 qui a été renvoyé dans la Ligue américaine cette année). Kyle n'était pas prêt physiquement. C'est une question de temps dans son cas parce que le talent est là.»