Le gouvernement de l'Alberta a lancé une enquête afin de déterminer comment des membres de l'organisation des Flames de Calgary et de leurs familles ont reçu des doses du vaccin contre la grippe A (H1N1) dans une clinique spéciale pendant que des milliers de concitoyens faisaient la queue ou étaient invités à rentrer chez eux.

Le ministre de la Santé de l'Alberta, Ron Liepert, veut savoir si ces doses ont été «détournées de façon inappropriée» vers les joueurs de l'équipe pendant que de nombreux albertains devaient faire la file pendant plusieurs heures.

«Nous sommes le seul fournisseur dans la province, a-t-il déclaré. Ils (les vaccins) peuvent être détournés à condition que le médecin hygiéniste en chef accorde son consentement.»

Le docteur André Corriveau, médecin hygiéniste en chef de l'Alberta, dit avoir appris la nouvelle via les médias, mardi, et a refusé de commenter en raison du déclenchement de l'enquête.

Le président des Flames, Ken King, a confirmé que les joueurs et les membres de leurs familles ont reçu le vaccin vendredi dernier, dans un lieu privé. Il a ajouté que l'organisation avait communiqué avec les dirigeants de Alberta Health Services et demandé d'utiliser la clinique en question, à partir de recommandations acheminées par les médecins de l'équipe et la LNH, et en concordance avec les directives provinciales qui avaient été mises en place à ce moment.

«Nous pensions respecter une ligne de conduite qui était appropriée aux yeux des responsables de Alberta Health Services», a-t-il également noté.

Les joueurs de hockey sont fortement exposés au virus et sont susceptibles de le transmettre «parce qu'ils ont de fréquents contacts physiques, effectuent d'exigeants voyages à l'intérieur du pays et transfrontaliers, sont souvent très épuisés et, honnêtement, sont en contact très étroit avec les autres équipes», a fait remarquer le président des Flames.

Cette nouvelle représente un autre coup dur envers le gouvernement de l'Alberta, fortement critiqué pour sa gestion du programme de vaccination.

Les députés de l'opposition n'ont d'ailleurs pas manqué d'affirmer que les joueurs de hockey avaient bénéficié d'un traitement spécial en raison de leur statut de vedette.

«Le fait de fournir les vaccins, bon gré, mal gré, à des gens bien nantis financièrement, pendant que des patients atteints du cancer ou de maladies chroniques pulmonaires, des femmes enceintes et leurs enfants ne peuvent l'obtenir, dénote un flagrant manque de leadership», a lancé le chef libéral David Swann.

«C'est d'aller à l'encontre des principes élémentaires de la santé publique.»

Le chef du Nouveau Parti démocratique de l'Alberta, Brian Mason, a accusé le gouvernement de se soucier davantage de ses goussets que des Albertains menacés de mourir avant de recevoir le vaccin.

«Les propriétaires des Flames de Calgary ont un investissement à protéger et ensemble, ils ont versé plus de 44 000 $ au Parti progressiste conservateur depuis 2004», a-t-il déclaré.

«Comment le premier ministre a-t-il pu permettre à des millionnaires, amis de ce gouvernement conservateur, de bénéficier d'un traitement préférentiel au détriment d'Albertains à risque comme les femmes enceintes et les enfants âgés de moins de cinq ans?», a également questionné M. Mason.

Selon Ken King, de nombreux Albertains sans risque majeur de contracter le virus se faisaient vacciner lorsque la direction des Flames a fait appel à la clinique.

Le premier ministre Ed Stelmach a fait savoir que Alberta Health Services produira un rapport complet, «très prochainement».

De son côté, la Ligue nationale de hockey avait annoncé la semaine dernière que trois joueurs, l'attaquant Quintin Laing des Capitals de Washington, le défenseur Ladislav Smid des Oilers d'Edmonton et le gardien Peter Budaj de l'Avalanche du Colorado, avaient contracté le virus A (H1N1).

Les dirigeants de la LNH ont précisé n'avoir imposé aucun plan de circonstance pour l'instant, mais se sont dits prêts à le faire si la situation devait l'exiger.