Imaginez si un gardien de la LNH se présentait sur la patinoire pour amorcer un match sans masque. Ce serait impensable aujourd'hui. Mais jusqu'au 1er novembre 1959, tous les gardiens jouaient à visage découvert, s'exposant à des tirs puissants qui les laissaient parfois en sang et inconscients devant le filet.

Il y a 50 ans au Madison Square Garden à New York, Jacques Plante, le légendaire gardien du Canadien de Montréal, a transformé le monde du hockey.

Après avoir subi une profonde coupure au nez à cause d'un tir du joueur vedette des Rangers Andy Bathgate, Plante a persuadé son entraîneur Toe Blake, réticent, à le laisser revenir dans le match avec le masque rudimentaire qu'il utilisait déjà à l'entraînement.

Dans les faits, Plante a insisté pour dire qu'il ne reviendrait pas dans le match à moins de porter le masque. Le match a alors été interrompu pendant 21 minutes.

Il a pu le porter dans les rencontres suivantes pour donner le temps à sa blessure de guérir, puis Blake lui a laissé le porter tout le temps puisqu'il continuait de remporter des matchs.

Malgré les critiques formulées par plusieurs - certains estimaient que porter un masque dénotait un manque de courage, d'autres que ça nuisait à la vision, et d'autres encore que c'était tout simplement laid -, Plante l'a gardé pour le reste de sa carrière, sauf plus tard au cours de la même saison à Detroit, quand Blake a insisté pour qu'il s'en passe le temps d'un match.

Rien que pour porter le masque dans ce premier match, il a fallu une série de circonstances spéciales et un individu remarquable qui jouait dans une équipe exceptionnelle, relate l'auteur Todd Denault dans un livre sur Jacques Plante publié aux Éditions de l'Homme, qui sera en librairie ce mardi. Le bouquin est intitulé Jacques Plante: L'homme qui a changé la face du hockey.

Au moment où Plante a pris sa retraite à l'âge de 46 ans en 1975, à titre de membre des Oilers d'Edmonton - qui jouaient alors dans la défunte Association mondiale -, tous les gardiens portaient un masque et n'osaient plus s'en priver.

Le moment historique initié par Plante, qui est décédé d'un cancer de l'estomac en 1986, sera souligné avant le match de samedi soir entre le Canadien et les Maple Leafs de Toronto au Centre Bell.

L'art sur masque

Depuis que Plante a recouvert son visage de cette surface blanche osseuse, les masques sont devenus des pièces d'équipement complexes, sur lesquels on peint des couleurs, des scènes et des symboles de toutes sortes - au point où c'est devenu un art en soi.

Selon la LNH, faire peindre un masque par un artiste, de nos jours, coûte de 800 $ à 2000 $ US.

L'art sur masque est né, en quelque sorte, au courant de la saison 1968-69 de la LNH. Le gardien des Bruins de Boston Gerry Cheevers a alors plaidé sa cause auprès de l'entraîneur Harry Sinden en demandant au soigneur de peindre des cicatrices noires sur son masque aux endroits où il aurait eu une coupure s'il ne l'avait pas porté. En fin de carrière, il y avait d'innombrables cicatrices sur son masque, qui est devenu un classique du genre.

En 1972, Doug Favell des Flyers de Philadelphie a été le premier à utiliser des couleurs vives sur son masque et quatre ans plus tard, Chico Resch des Islanders de New York a été le premier à embaucher un artiste pour peindre son masque.